Dans un décret signé le 25 juillet 2017, le Premier ministre Viktor Orban demande à son administration de préparer d’ici la fin de l’année un rapport sur l’enseignement du patriotisme dans le cadre des cours d’éducation physique.
On ne sait pas en quoi ces cours consisteraient, le décret ne donne aucune précision. Les ministres de l’Education et de la Défense n’ont pas souhaité parler aux journalistes. Selon un sous-secrétaire d’Etat, il ne s’agit pas d’introduire une nouvelle matière, mais de faire en sorte que les enseignants donnent aux enfants le « sens de la patrie ».
De possibles stands de tir
Il y a quelques semaines, le Klik, un organisme qui centralise tout le système éducatif, a écrit aux établissements scolaires pour leur demander si, dans leurs locaux, il serait éventuellement possible d’installer des stands de tir. C’est donc un indice que le gouvernement songe à introduire l’éducation militaire à l’école. Ce qu’on ne sait pas, c’est si ce serait facultatif ou obligatoire et à partir de quel âge les enfants seraient concernés.
Tous les enseignants sont indignés et protestent. Selon la présidente d’une association des professeurs, Julia Szekszardi, les cours d’histoire et de littérature hongroise offrent suffisamment d’occasions de parler des valeurs nationales et du patriotisme, sans compter toutes les fêtes nationales. Ce n’est pas la peine d’en rajouter. Quant à Laszlo Mendrey, qui dirige le principal syndicat enseignant, il s’insurge contre ce projet qui lui rappelle la Hongrie de l’entre-deux-guerres. Dans les années 1930, les jeunes adolescents recevaient une formation militaire.
Plus de fourniture ni même de papier toilette
Si une majorité des parents d’élèves est assez passive et ne réalise pas ce qui se passe, un nombre croissant de parents s’alarment. Il n’y a plus de fourniture, de papier ou même de papier toilette dans les écoles, et ce n’est pas seulement un problème d’argent, c’est dû à cette énorme bureaucratie inefficace créée par Viktor Orban. Si avant il y avait une large palette de livres scolaires et les professeurs choisissaient ceux qu’ils voulaient, désormais le choix doit se faire entre deux manuels par matière, des livres rédigés par l’Etat et bourrés d’erreurs.
Aussi certaines familles commencent à retirer leurs enfants du public pour les mettre dans des établissements gérés par des associations de parents, où il y a un peu plus de liberté.
On ne sait pas si cette formation militaire va vraiment être mise en place, mais les parents sont de plus en plus inquiets sur l’avenir de l’école publique.