A la Une: le début du commencement d’une solution en Libye

Les deux hommes forts de la Libye, Fayez al-Sarraj et le général Khalifa Haftar, réunis près de Paris, ont adopté hier mardi, pour la première fois, une déclaration commune de sortie de crise appelant à un cessez-le-feu et à l’organisation d’élections le plus rapidement possible. Un processus électoral annoncé 'au printemps 2018', par le président français Emmanuel Macron, à l’initiative de leur rencontre.

« Libye : les deux hommes forts font un pas vers la réconciliation », s’exclame le site d’information algérien TSA. Attention, toutefois, poursuit-il, « cette avancée diplomatique va maintenant devoir se frotter à la réalité du terrain. (…) L’accord d’hier est loin d’être une victoire. Les difficultés déjà énoncées par les observateurs de la région demeurent. Le scénario d’une réunification de l’Ouest (la Tripolitaine) et de l’Est (la Cyrénaïque) implique nécessairement le renoncement d’un des deux camps, et un accès moindre aux seules ressources du pays, c’est à dire le pétrole. La difficulté tient aussi au caractère très segmentaire de la Libye, relève encore TSA, qui permet de mieux de comprendre la scission territoriale actuelle entre l’Est et l’Ouest. Le pays compte une diversité de groupes (milices et tribus) intégrés ou non à ces deux camps, compliquant ainsi la possibilité de trouver une solution politique. Les milices de Misrata sont, par exemple, formellement opposées à Haftar. »

Qui des deux ?

En effet, renchérit Aujourd’hui au Burkina, « c’est bien un accord a minima qu’est parvenu à arracher le président français Emmanuel Macron, entre les deux frères ennemis, Fayez-Al Sarraj et le Maréchal Khalifa Haftar. » Mais « qui des deux s’effacera pour sa viabilité ? », s’interroge le quotidien ouagalais. « Qui donc de Haftar ou de Sarraj daignera mettre sous l’éteignoir son égo surdimensionné afin de donner des chances à cet accord ? Car pour que tienne la route d’un gouvernement civil que la communauté internationale veut forcément baser à Tripoli, lequel pouvoir chapeautera une armée libyenne unique, il faut bien un chef qui agglomère tout le monde. Et il faudra que les armées, ou ce qui en tient lieu, réapprennent à serrer les fesses derrière un chef (…). C’est dire que l’aggiornamento de La Celle-Saint Cloud, pour qu’il soit viable, requerra une bonne dose d’humilité, de tolérance, de vision, un zeste de patience de part et d’autre, afin que les lignes bougent réellement sur le terrain. »

« D’où la nécessité, donc, pour le président Macron, de veiller au grain » : c’est ce que pointe Le Pays, toujours au Burkina. « Le président Macron qui, dans cette crise libyenne, semble avoir réussi là où les autres ont échoué. Parviendra-t-il à éteindre le feu que son prédécesseur Nicolas Sarkozy a allumé en Libye ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite, dans l’intérêt supérieur des Libyens, mais aussi des Occidentaux qui, depuis peu, font face à des flux migratoires incessants, et cela en dépit de l’adversité dont fait preuve la Méditerranée. De toute évidence, le président Macron a joué sa partition, conclut Le Pays. Aux autres acteurs de jouer la leur, pour que la Libye sorte des braises incandescentes qui la consument. »

Deux bonnes raisons…

Si Emmanuel Macron veut jouer les pompiers en Libye, il y a deux grandes raisons à cela, relève Ledjely.com () en Guinée. Tout d’abord, « cette médiation s’inscrit dans la continuité de la quête de solution au péril terroriste dans la région. Dans la mesure où un retour au calme et à la normalité en Libye aiderait à mieux contrôler la circulation aussi bien des armes que des groupes armés. Mais c’est surtout par rapport au défi de l’immigration clandestine que les autorités françaises offrent leurs bons offices pour la résolution de la crise libyenne, pointe Ledjely. C’est notamment par rapport à ce défi que les observateurs ont fini par réaliser l’important rôle de filtre que jouait l’ancien guide libyen. Ce dernier n’étant plus et son régime remplacé par un chaos indescriptible, le pays est une passoire pour les migrants désireux de passer de l’autre côté de la rive méditerranéenne. Comme on le voit donc, conclut le site guinéen, l’option diplomatique de la France vis-à-vis de la Libye n’est pas sans quelques objectifs sous-jacents. Mais il n’y a rien qui justifie un moindre reproche. Parce qu’au-delà de ces objectifs, la quiétude et le retour à l’ordre en Libye n’ont pas de prix. »

Partager :