C’était il y a pile un an en Turquie. La Sublime Porte était heurtée par les coups de boutoir d’un sanglier, ou plutôt d’un marcassin, qui la fit, certes, trembler sur ses gonds, mais sans parvenir à l’enfoncer. Mystérieuse (et vaine) tentative de coup d’Etat militaire, dont le premier anniversaire est commémoré aujourd’hui, jour férié, décrété « Journée de la démocratie et de l’union nationale du 15 juillet ».
Mais putsch dont l’échec, inévitablement, allait entraîner une vague répressive sans précédent. Un an après, ce pays-clé entre mer Noire et Méditerranée a « changé de visage », constate Le Figaro, dont la manchette, d’une formule, dresse l’état des lieux : « La main de fer d’Erdogan se referme sur la Turquie ».
Erdogan, c’est ici le président. Recep Tayyip, à ne pas confondre avec d’autres Erdogan tout aussi célèbres que lui, voire davantage, comme par exemple l’écrivaine Asli Erdogan, sur laquelle il s’acharne. Islamo-conservateur, ce président, donc, « s’est arrogé les pleins pouvoirs. Il ne cesse de durcir le régime et a plongé son pays dans l’isolement », résume en Une Le Figaro.
Comme le remarque ce quotidien, « "les putschs ratés" le sont rarement pour tout le monde. Le cas turc illustre jusqu'à la caricature les rudes reprises en main qui suivent souvent les heures frondeuses. Pour Recep Tayyip Erdogan, le coup d'État manqué du 15 juillet 2016 a été un formidable accélérateur de l'histoire. Celui qui était déjà résolument en marche vers le pouvoir absolu a pu refermer sa poigne sur le pays. Au point, aujourd'hui, de l'étouffer. »
Alors, qu'en est-il de la démocratie en Turquie ? Rappelant la formule d’Erdogan selon lequel la démocratie, « c'est comme un tramway, quand on est arrivé au terminus, on en descend », il semble au Figaro que le président turc « soit arrivé à destination ».
Turquie : les trente deniers du Figaro
Ce qui n’empêche pas ce journal de profiter de la manne turque. Loin de nous l’envie de donner la moindre leçon à nos confrères, mais à signaler que ce même Figaro publie ce matin une pleine page de publicité de soutien au régime turc, pour célébrer cette « Journée de la démocratie et de l’unité nationale de la Turquie ».
Tout et son contraire dans le même journal ? A chacun d’en décider. Mais le moins que l’on puisse dire, c'est que cette pleine page en rouge et blanc, aux couleurs de la Turquie, passe d’autant moins inaperçue que, sauf erreur ou omission de notre part, Le Figaro est le seul quotidien national français à placarder ce « publireportage » (comme il l’appelle). Durs, durs, les temps dans la presse… Faut bien vivre…
Turquie : Gülen tête de Turc
Un an après ce putsch manqué, en tout cas, bien des questions demeurent sans réponse. Justement, le site d’informations Mediapart se penche sur les « zones d’ombre » de ce pronunciamiento avorté. Ainsi, le pouvoir du président Erdogan peut-il bien accuser des mutins proches de son pire ennemi, le prédicateur islamiste Fethullah Gülen, « le box des accusés ne contient pas que des gülenistes, supposés ou réels », souligne ce journal en ligne.
Entre autres remarques troublantes, Mediapart note par exemple qu’Adil Öksüz, un théologien considéré comme l’un des principaux « imams » secrets de Gülen, « a été libéré dans des circonstances mystérieuses peu après son arrestation (le lendemain du putsch manqué), et n’a pas reparu depuis ». Des zones d’ombre trop nombreuses pour être toutes évoquées ici, mais qui ne devraient pas manquer d’alimenter les thèses complotistes sur ce qui s’est passé le 15 juillet 2016 en Turquie.
Israël : les lieux ceints
Le choc à Jérusalem : deux policiers israéliens ont été tués et un blessé dans la vieille ville par trois assaillants Arabes israéliens. C’est ce que Libération appelle un attentat « singulier » dans la mesure où il s’est déroulé sur un des lieux saints de l’islam, mais aussi parce que les assassins des deux policiers étaient en effet des Arabes israéliens. Et pour la première fois depuis l’an 2000, l’esplanade des Mosquées a été fermée et le restera jusqu’à dimanche.
« L’attentat de la porte des Lions cause d’autant plus d’émoi en Israël que les deux policiers tués étaient druzes, souligne Libération (…). Le malaise est accentué par le fait que les assaillants étaient des membres de la minorité arabe de l’Etat hébreu. Un coup de massue pour les services de sécurité israéliens et pour Benyamin Netanyahu », estime ce quotidien.
Netanyahou : Bibi fricoteur
Justement, le Premier ministre israélien est attendu demain à Paris. Visite écourtée car, dans son pays, il est cerné par les affaires. A tel point que Benyamin Netanyahu a même décidé d’écourter de 24 heures sa visite à Paris. « Officiellement », il sera pourtant le « premier » chef d'un gouvernement israélien à participer aux commémorations de la rafle du Vél' d’Hiv', souligne Le Figaro. Seulement voilà, en Israël, le Premier ministre Netanyahu est en effet « traqué par les affaires », lance Le Figaro, évoquant ce que ce journal appelle une « rafale de scandales impliquant certains de ses proches ».
Quelles affaires ? Des « pots-de-vin » présumés lors de la commande de trois sous-marins et de quatre corvettes au groupe allemand ThyssenKrupp, des « cadeaux offerts par de riches hommes d'affaires étrangers à la famille Nétanyahu », détaille ce journal. Qui se demande si Benyamin Netanyahu, une fois encore, va pouvoir s’en sortir, comme le veut sa réputation dite de « téflon », cette matière sur laquelle « rien n’attache », se demande Le Figaro.