En un an le sort du régime des retraites a viré du vert au rouge. Car dans ses prévisions de 2016, le COR annonçait un retour à l’équilibre dès 2020, c’est-à-dire demain. Mais, entretemps, l’Insee a fourni une nouvelle photographie de la population française qui a bouleversé ce scénario euphorique. Les Français vivent de plus en plus vieux, le temps passé à la retraite s’allonge, en conséquence les dépenses vont s’alourdir. Par ailleurs le solde migratoire va en s’amenuisant et il y aura donc de moins en moins de cotisations de la population active d’origine étrangère. A cette dynamique démographique, le COR a appliqué des coefficients de croissance revus en baisse. D’où des prévisions alarmistes : le déficit sera de 9 milliards d’euros dès 2021, soit trois plus qu’en 2017.
L'évolution de la fonction publique aurait aussi un impact négatif sur le régime des retraites.
Pour enrayer les déficits publics, les gouvernements précédents se sont tous appliqués à maîtriser l’accroissement du nombre des fonctionnaires et leur traitement, leur masse salariale, et donc leurs cotisations, tendent à progresser moins vite que prévu. Toutes ces explications avancées par le COR démontrent à quel point le système est complexe et très réactif à une multitude de facteurs très mouvants et de décisions politiques dont on ne mesure pas toujours la portée. Emmanuel Macron avait annoncé une refonte complète du système des retraites sans toucher au niveau des pensions, à la durée des cotisations ou à l’âge de la retraite. A l’aune de ce rapport du COR cette promesse parait difficile à tenir.
Emmanuel Macron veut instaurer un régime unique de retraite
Il veut en finir avec le maquis des 37 régimes actuels. Les prestations varient en fonction des annuités ou des points retraite, des âges et des niveaux de cotisations. Et surtout certains de ces régimes très spéciaux comme celui de la SNCF ne survivent que parce que l’Etat renfloue les déficits. Le président souhaite à l’avenir un système où chacun recevrait un même droit pour une même cotisation. Cela ne veut pas dire que les retraites seront égales, leur niveau dépendra de celui des cotisations, décidé au niveau des branches ou des secteurs. Le système est néanmoins plus équitable et plus lisible.
Les actifs continueront à financer la pension de leurs aînés
Effectivement on reste dans un système de répartition. De solidarité entre les générations. Mais le niveau réel des pensions demeure flou puisqu’il sera calculé au moment du départ en fonction du capital de points accumulés pendant la vie active. On ne sait pas non plus si les régimes complémentaires seront intégrés et comment. L’économiste Jean Pisani-Ferry est pressenti pour diriger ce chantier complexe. Pendant la campagne il avait abandonné ses fonctions de conseiller du Premier ministre pour épauler Emmanuel Macron. Il a coordonné les propositions économiques du candidat En marche !.