Disparition de l'ancien chancelier allemand Kohl: un bilan économique contesté

Helmut Kohl est décédé vendredi à l’âge de 87 ans. Chancelier de l’unification de l'Allemagne, il a joué un rôle central dans l’approfondissement de l’Union européenne mais laisse un bilan contesté en politique intérieure.

de notre correspondante à Berlin,

Lorsqu’il quitte le pouvoir, en 1998, face à la victoire de Gerhard Schröder, l’Allemagne semble plongée sous une chape de plomb. Partout, une interprétation conservatrice de la morale catholique semble dominer la société allemande : interdiction du travail du dimanche, fermeture des magasins le samedi dès 14 h, des cafés et boîtes de nuit à minuit, non reconnaissance de la paternité hors mariage, quasi inexistence des modes de garde pour les enfants et du travail des femmes, négation de l’homosexualité… Un vent de jeunesse semble souffler sur le pays lorsque le SPD et les Verts arrivent au pouvoir.

Sur le plan économique, la réunification prend des allures de catastrophe économique

L’industrie de l’ex-RDA s’effondre, le chômage s’envole à quelque 5 millions de demandeurs d’emploi, le déficit public dérape, la natalité est-allemande s’effondre et des millions de jeunes quittent les territoires de l’est pour l’ouest du pays… Contre l’avis de ses conseillers et du président de la Bundesbank, Helmut Kohl impose une décision politique : l’instauration d’un taux de change irréaliste ( 1 öst-Mark vaut soudain 1 DM ) coûtera cher au pays pendant de longues années.

L’Allemagne devient l’Homme malade de l’Europe. Au total, la facture de la réunification s’élèvera à 100 milliards d’euros pour le contribuable allemand, selon une étude réalisée en 2009 par l’Université libre de Berlin. Les Allemands de l’Est à qui « Helmut, Helmut ! » avait promis des « paysages florissants » se sentent trahis. La République fédérale mettra des décennies à se relever. En ex-RDA, le niveau de vie, de patrimoine et de revenus des habitants reste loin derrière celui des Allemands de l’Ouest.

Les réactions politiques, même en ex-RDA, sont pourtant aujourd’hui unanimes

C’est effectivement le bilan de la réunification pacifique au sein de l’Europe, elle aussi réunifiée, qui est mis en avant. Surprenant est le fait que l’unité allemande soit mise unanimement au compte d’Helmut Kohl, alors qu’il a plutôt su profiter pleinement de circonstances qu’il n’a pas créées. Aujourd’hui, même les Verts, qui se sont pourtant constitués au début des années 80 contre le conservatisme d’Helmut Kohl rappellent ses mérites. Et même le ministre président Bodo Ramelow du Land de Thuringe, en ex-RDA, un homme de die Linke, le parti néo-communiste héritier du parti unique de la RDA, fait aujourd’hui l’éloge de l’ancien chancelier. Helmut Kohl, qui avait disparu de la scène politique depuis de longues années, était déjà entré depuis longtemps au Panthéon germanique.

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