A la Une: Daech, voyage au bout de l’enfer

C’est le quotidien Le Figaro qui publie ces « récits effroyables des esclaves de l’Etat islamique ». Point commun entre eux, ils sont yézidis.

Les yézidis forment « ce peuple croyant en un Dieu unique et pratiquant des rites millénaires revisités par les religions du Livre », explique le journal, mais pour Daech, ce sont « des adorateurs du diable (…) Marginaux parmi les marginaux, les yazidis subissent des massacres depuis des siècles. Pour les Arabes sunnites de Daech et leurs recrues accourues des quatre coins du monde afin de combattre à leurs côtés en Irak et en Syrie, ils sont la lie de l'humanité. Ces mécréants doivent être convertis de force ou détruits (…) Les hommes sont abattus, les femmes et les enfants kidnappés ». Et le journal rappelle qu’environ « 10.000 hommes, femmes et enfants yazidis sont morts, ont été enlevés ou sont portés disparus dans la campagne de nettoyage ethnico-religieuse perpétrée par Daech »

Daech : le chœur des esclaves

Le Figaro relate l’odyssée vers l’enfer qu’ont vécu plusieurs d’entre eux que ce journal a rencontré dans un camp près de la frontière turque et syrienne. Juste un exemple - mais il est caractéristique - celui d’une jeune femme nommée Parwin. « Vendue et revendue, passant d'un émir à l'autre, elle a connu onze maîtres (…) La jeune femme (…) raconte patiemment son voyage au bout de la nuit djihadiste. (…) Elle a supporté l'abjection et l'avilissement ».

Voyage au bout de la nuit ? Après avoir lu ce que Le Figaro présente comme un « récit pour l’Histoire » (avec un grand « H »), « personne ne pourra dire qu'il ne savait pas, prévient-il, (…) Personne, même pas ceux si vite enclins à (…) voir dans l'aventure djihadiste une rébellion presque normale contre un Occident coupable. C'est une insulte aux esclaves yazidies, une injure aux martyrs chrétiens, une faute morale face aux femmes violées et aux enfants profanés », s’indigne Le Figaro.

Vaccins : l’aubaine pour les labos

En France, la ministre de la Santé envisage de rendre onze vaccins obligatoires. Etant rappelé que seuls trois vaccins sont aujourd’hui obligatoires en France (diphtérie, tétanos et poliomyélite), Agnès Buzyn le dit au journal Le Parisien : « Nous réfléchissons à rendre obligatoire, pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans » les onze vaccins destinés aux enfants. Parmi les huit autres vaccins, il y a ceux contre la coqueluche, l'hépatite B ou la rougeole, qui sont seulement recommandés, rappelle la ministre.

Seulement voilà ! « Dès que l'on parle d'obligation vaccinale cela déclenche des polémiques », regrette dans les colonnes du Parisien le professeur Alain Fischer. « Malheureusement il n'y a pas d'autres solutions pour lutter contre la recrudescence des maladies infantiles. C'est un mal transitoire pour un bien sur le long terme », complète le président de la concertation citoyenne sur les vaccinations.

« Ce serait une hérésie », rétorque dans ce même journal Jacques Bessin. Selon lui, « les vaccins ont des effets secondaires neurologiques, musculaires mal mesurés et parfois irréversibles ». Et ce président de l'Union nationale des associations citoyennes de santé de prévenir : « On ne laissera pas faire ».

Affaire Gregory : en quête de secrets engloutis

Dans « l’affaire Gregory », le procureur de Dijon a tenu conférence de presse hier, et la presse retient son souffle : va-t-on enfin savoir qui a assassiné cet enfant de 4 ans en 1984 dans les Vosges, est de la France. « La Vologne est peut-être en train de livrer ses secrets », veut croire Le Parisien, qui attend la vérité « avec tout ce qu’elle pourrait charrier de remugle ».

Il faut dire qu’à ce jour, « l’affaire Gregory » demeure une énigme policière et un fiasco judiciaire retentissant (nous vous en parlions longuement dans la revue de presse, hier).

En attendant les résultats des gardes à vue en cours, cette affaire, ce matin, prend un pli éditorial littéraire puisqu’elle inspire à Libération le titre suivant : « vol au-dessus d’un nid de corbeaux », qui fait bien sûr référence au roman américain de Ken Kesey « Vol au-dessus d’un nid de coucous », et dont le cinéaste Milos Forman a fait un vrai film-culte.

Littéraire, donc, parce que Libé ne se borne pas à tourner « sa Une » en couverture romanesque, mais parce que ce quotidien estime que cette histoire est « fascinante, forcément fascinante ».

Affaire Gregory : sublime, forcément sublime Duras

Pour bien comprendre cette autre référence, il convient de rappeler le titre d’un texte de Marguerite Duras qui fit scandale en 1985 et que Libération, justement, avait publié après que ce journal ait demandé à cet écrivaine de se rendre sur les lieux de la tragédie, où le petit Gregory avait été noyé, pieds et poings liés, dans une rivière.

En 1985, donc, le titre de ce papier de Duras dans Libération était, justement, « sublime, forcément sublime Christine V. », en référence à Christine Villemin, la mère du petit Gregory, qui avait, selon Marguerite Duras, assassiné son propre fils, rien de moins !

Etant rappelé que la justice mettra Christine Villemin hors de cause d’abord, que ce texte signé d’un des plus grands écrivains français allait avoir un fort impact sur l’opinion publique dans une France horrifiée par cet infanticide ensuite, Libération, ce matin, donc, justifie « sa Une » par l’ombre tutélaire de Marguerite Duras.

Et ce quotidien le fait sans se renier. En racontant les circonstances de cette contribution de Duras-reporter. Remontant le temps, ce journal raconte. « Serge July, patron de Libération, a demandé à Marguerite Duras d’aller sur les traces du meurtre pour tenter de donner du sens à 'un crime impensable'. A l’époque, Marguerite Duras venait de publier 'l’Amant' qui allait se vendre à plus d’un million d’exemplaires », explique tout d’abord le journal, qui relate encore le « voyage hors du temps et de la réalité », de Marguerite Duras et son ami Yann Andréa sur les bords de la Vologne, « frappant aux portes des différents protagonistes. »

Et Marguerite Duras écrivit un papier magnifique « Sublime, forcément sublime » publié en juillet 1985, à une époque où la culpabilité de Christine Villemin n’est plus évidente. D’où les réactions très violentes de certains contre l’écrivaine, pointant le fait « qu’au lieu de défendre des accusés, elle accable une innocente », énonce ce quotidien, qui se garde bien de rappeler qui furent ces « certains » ayant à l’époque été scandalisés par le papier de Duras, et qui trouve donc encore aujourd’hui « magnifique » un texte tout, sauf de fiction, et dans lequel une mère était – à tort – accusée d’avoir noyé son propre enfant…

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