Sans surprise, comme il l’avait promis pendant sa campagne électorale, le président américain a fait cette annonce depuis les jardins de la Maison-Blanche.
Et « tant pis pour le climat », soupire « en Une » le quotidien La Croix. Pourtant, en décembre 2015 à Paris, la COP21 avait « permis d’engager un processus sur lequel il n’(était) guère possible de revenir, sauf à prétendre aller contre le sens de l’histoire », déplore le journal catholique français.
Le sens de l’histoire ? On soulignera ici que le quotidien communiste L’Humanité n’écrit pas autre chose, en estimant que les Etats-Unis vont « à contre-courant de l’histoire ».
On le voit, les grands mots sont à « la Une » ce matin, avec cette décision de Donald Trump. Cette « folle » décision même, lance Le Parisien. Ce journal, à son tour, convoque l’histoire car, selon lui, il s’agit ni plus ni moins d’une « faute historique et criminelle contre la planète ».
Dans ce quotidien, Ségolène Royal va même plus loin en dénonçant ce qu’elle estime être un « délit contre l’humanité ». L’ex-ministre de l’Ecologie y voit une « forme d'obscurantisme, un aveuglement très dangereux pour l'équilibre du monde car les conséquences du réchauffement climatique provoquent notamment des déplacements massifs de population. C'est aussi très dangereux pour les Etats-Unis eux-mêmes car ils sont déjà victimes aujourd'hui de catastrophes naturelles liées au dérèglement du climat », souligne Ségolène Royal dans Le Parisien.
Pour autant, cette décision américaine ne signifie pas forcément le retour des grands pollueurs. Comme le remarque le quotidien économique Les Echos, « les grands criminels du climat n’agissent plus en bande organisée. Avec son climato-négationnisme de pacotille, Donald Trump se retrouve bien isolé ».
D’autant, complète Les Echos, que l'Accord de Paris, « ce n'est pas moins d'emplois, mais plus d'emplois. C'était aussi le message délivré par l'OCDE à la veille du dernier G7 de Taormine. Alors, quand Donald Trump promet de faire d'une Amérique plus sale une Amérique plus grande, il ment », bucheronne le quotidien économique français
Climat : l’Amérique s’isole
L’isolationnisme américain, justement. Comme le remarque le site Internet du journal Le Monde, « la plupart des médias américains jugent que ce retrait " isole " le pays. » Le quotidien du soir nota ainsi que le New York Times évoque un « revers majeur » pour la lutte contre le réchauffement climatique et que pour ce journal américain, elle s’inscrit comme un « rejet remarquable des chefs d’Etat, des dirigeants d’entreprises et des militants écologistes ». Le LA Times, écrit qu’avec cette sortie, un « président grincheux » mène le pays sur le chemin de « la catastrophe irréversible ». Dans son éditorial, le quotidien analyse cette décision comme « un préjudice pour la réputation des Etats-Unis », relève Le Monde en ligne.
Et donc, les isolationnistes américains approuvent, observe encore Le Monde, à la lecture du site Politico, selon lequel le discours de Donald Trump « fait écho à l’influence grandissante des nationalistes à la Maison Blanche, dont le stratège Steve Bannon ». Politico considère que cette décision est une « victoire » pour ce dernier et Scott Pruitt, le patron de l’Agence de l’environnement américaine, qui a dénoncé le « mauvais » accord de Paris sur le climat à de nombreuses reprises.
Climat : Macron dénonce la « faute » de Trump
En France, Emmanuel Macron a vivement réagi à l’annonce du retrait américain. Le président français a dit que Donald Trump avait commis une « faute » pour l’avenir de notre planète. Et les versions en ligne de plusieurs journaux français, comme par exemple celle du Parisien, ont relayé cette réaction du chef de l’Etat, qui a conclu en anglais son intervention par cette exhorte : « make our planet great again », paraphrasant « pour le détourner » le slogan électoral du président américain Trump « Make America great again » (« Rendons sa grandeur à l'Amérique »), traduit Le Parisien en ligne.
C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein que résume ce matin Libération. « Les pessimistes diront que cela va entraîner un nivellement par le bas des promesses de réductions de gaz à effet de serre […]. Les optimistes y verront, au contraire, une chance unique de clarification.
Passé la stupeur de constater que la Maison Blanche est bien l’antre des climatosceptiques au service du lobby le plus borné de l’industrie fossile, […] l’état d’urgence climatique impose de ne pas se résigner. Ni accepter ce couvre-feu idéologique dicté par l’obscurantisme […] ce coup de poignard ne peut être qu’un coup de canif. S’il permet un déclic de plus dans la prise de conscience. Et l’action », veut croire Libé, selon lequel, si le Brexit « remobilise et réinnerve l’Europe, cet " Amérixit " pourrait pousser le reste du monde à rehausser son niveau d’ambition ».
Moralisation : quand l’affaire Ferrand parasite la loi Bayrou
En France, le garde des Sceaux François Bayrou a présenté son projet de loi de moralisation de la vie politique. Moralisation, certes, mais pas de morale collective. Voilà pourquoi le projet Bayrou s’intitule « pour la confiance dans la vie démocratique ». Une future loi que Libération juge « très roborative », même si ce quotidien admet qu’il s’agit d’une « réforme d’envergure ». Mais une présentation qui a été « parasitée » par l’ouverture d’une enquête préliminaire visant le ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand.
Une ouverture d’enquête préliminaire qui « donne corps à l’exaspération des Français » dont parlait mardi soir le Premier ministre Edouard Philippe au sujet de l’affaire Ferrand, estime le journal L’Opinion.
Pour Le Figaro, ce « brusque revirement » de la justice se télescope avec le débat « voulu » par le président Macron pendant la campagne électorale sur les « nouveaux usages dans la vie publique » exigés désormais par l'opinion publique.
Résultat : « l’affaire Ferrand brouille la loi de moralisation », lance Le Figaro, qui résume sa pensée d’une formule « de Une » : « exemplarité entachée ».
Pour Libération, en tout cas, « la logique vertueuse voudrait que le ministre se retire - temporairement s’il est innocenté - et attende que l’affaire soit tirée au clair, quitte à revenir ensuite ». Car, toujours selon Libé, « les membres de l’équipe macronienne sont comme la femme de César : ils ne doivent pas pouvoir être soupçonnés ».
Comme s’interrogeait Baudelaire, « Faut-il partir ? Rester ? »