La semaine dernière, Goldman Sachs pensait racheter discrètement à la banque centrale vénézuélienne, via des intermédiaires basés en Europe, de la dette émise par la vache à lait du régime, l’entreprise pétrolière PDVSA. Mais l’opération a été éventée par le Wall Street Journal. Quand cette dette arrivera à échéance en 2022, la banque américaine encaissera un maxi profit pour un mini investissement. Puisqu’elle a déboursé 865 millions de dollars pour des titres qui en valent trois fois plus.
Si l’État vénézuélien brade ses actifs, c’est parce qu’il est aux abois. Il n’y a plus que 10 milliards de dollars dans les caisses de la Banque centrale, les deux tiers seraient en lingots d’or, c’est-à-dire pas assez liquide pour faire face aux dépenses urgentes du régime.
Le président du parlement Julio Borges dénonce cette transaction qu’il juge consternante
Car cet argent frais ne sert pas à importer de la nourriture ou les biens de première nécessité, dont les Vénézuéliens manquent tant, mais il est soit détourné à des fins de corruption soit employé pour payer les intérêts de la dette. Acheter de la dette d’un tel régime est parfaitement immoral, estime l’opposition, mais c’est absolument légal et d’ailleurs très recherché par les investisseurs.
De nombreux fonds américains détiennent des obligations vénézuéliennes, baptisées « les obligations de la faim ». D’abord parce qu’elles rapportent jusqu’à 30 % et ensuite parce que le Venezuela rembourse toujours ses créanciers rubis sur l’ongle.
Le Venezuela de Nicolas Maduro peut-il faire faillite ?
Selon les analystes financiers, il y a une chance sur deux pour que ce scénario se réalise dans les douze prochains mois. Mais ce risque est à relativiser. Cela fait deux ans qu’on prédit le défaut de paiement imminent du Venezuela, fait remarquer Juan Carlos Diaz Mendoza de la Société Générale. Depuis en gros que le pays s’enfonce dans la crise pétrolière. Le cours du baril a été divisé par deux, tout comme la production d’or noir qui souffre au Venezuela du manque d’investissement.
N’importe où ailleurs une telle crise économique aurait eu raison d’un État déjà très endetté, et de son gouvernement contesté quotidiennement dans la rue, poursuit Juan Carlos Diaz Mendoza, mais contre toute attente Nicolas Maduro tient bon. Grâce à une ingénierie financière de plus en plus obscure et sophistiquée. Ainsi la société pétrolière russe Rosneft prête de l’argent au Venezuela en échange d’une participation accrue dans la société Citgo basée aux États-Unis en cas de défaut de paiement. Citgo raffine le brut vénézuélien et le distribue sur le sol américain.
Combien de temps cette cavalerie financière peut-elle durer ?
Selon le FMI, le montant des actifs détenus à l’étranger par des personnalités vénézuéliennes physiques ou morales serait de 200 milliards de dollars. C’est énorme : c’est bien plus que la dette publique du pays qui est de 155 milliards de dollars ! Cet argent est en partie dans les mains des caciques du régime.
Cela veut dire que le successeur d’Hugo Chaves sait qu’il a encore un trésor de guerre pour garantir ses nouvelles dettes et continuer sa fuite en avant. Au moins jusqu’aux prochaines élections prévues en 2018.