De notre correspondant à Copenhague,
Plus d’un tiers des entreprises dans l’industrie ont du mal à recruter. C’est le cas de Clio Online par exemple. Cette entreprise danoise vend des logiciels éducatifs. Quand je suis allé dans ses locaux, j’ai vu une dizaine de sièges vides devant des ordinateurs éteints.
Son patron, Thomas Hansen, m’a expliqué qu’il ne trouvait pas d’ingénieurs informatiques. Il se sent d’autant plus frustré que sa société est pionnière dans le secteur des logiciels éducatifs.
Elle a commencé il y a 10 ans avec seulement trois employés. Aujourd’hui, elle en compte plus de 200. Elle s’est même implantée en Suède pour conquérir de nouveaux marchés. Mais elle refuse des commandes et a perdu plusieurs millions d’euros ces dernières années.
Pourquoi y a-t-il une pénurie de main-d’œuvre ?
C’est le plein emploi au Danemark. Seulement 4,2 % de la population est au chômage. Selon Marie-Louise Lindelov, consultante à la fédération des industries danoises, il y a aussi un problème de formation pour les métiers hautement qualifiés.
C’est le cas des ingénieurs : 19 000 spécialisés dans les techniques de l’information et la communication vont manquer d’ici 2030. Les entreprises font pression auprès du gouvernement pour que les jeunes soient davantage formés aux hautes technologiques au sein des universités.
Certains employeurs se sont également penchés sur les réfugiés, mais peu d’entre eux ont les compétences requises dans le travail hautement qualifié et la politique migratoire s’est durcie dans le pays sous la pression du Parti du peuple danois, formation d’extrême droite, arrivée deuxième aux dernières élections législatives.
Les secteurs de la construction et des services sont aussi touchés par le manque de main-d’œuvre. Dans ces domaines, l’économiste Steen Bociann estime que les travailleurs étrangers seraient une solution pour réduire la pression sur le marché du travail.
Il pense qu’il faudrait augmenter le niveau d’éducation des sans emplois et s’assurer que les immigrants aient toutes les cartes en main pour obtenir un travail car ils sont sous-représentés dans le pays d’après lui.
Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour contrer la pénurie de main-d’œuvre ?
Il y a une dizaine d’années, le chômage a chuté à 3 % et demi. Cela a engendré une hausse importante des salaires et des prix. Aujourd’hui, le gouvernement veut éviter une nouvelle inflation et souhaite que le taux de croissance augmente, car il avoisine seulement 1 %.
Pour préserver son système de protection sociale, l’un des plus généreux au monde, le Danemark va mettre en œuvre une série de réformes d’ici 2025. Parmi les mesures phares, le report de l’âge légal de départ à la retraite qui va passer de 65 à 67 ans et qui continuera à reculer en fonction de l’allongement de l’espérance de vie.