La moitié des français seraient satisfaits du Président Macron, à en croire un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche. 12 % s'y disent même « très satisfaits » du nouveau chef d'Etat. Ça n’est « pas (l)’état de grâce… mais presque », résume Le JDD, dont l’enquête fait également apparaître un taux de satisfaction total de 55 % pour le nouveau Premier ministre.
Dans un entretien avec ce même hebdomadaire, Edouard Philippe confirme d'ailleurs le prochain lancement de la réforme du code du travail, qui donnera lieu à une « discussion » avec les partenaires sociaux et le Parlement. Mais ensuite, il faudra « aller vite » pour la mettre en œuvre, dit Edouard Philippe, qui confirme également dans Le JDD que l'audit des finances publiques sera lancé « dans les prochains jours ». Quant aux centristes de l’UDI, alliés du parti de droite Les Républicains pour les élections législatives à venir, ils pourront « travailler avec Emmanuel Macron », dit au Parisien Dimanche leur chef Jean-Christophe Lagarde.
Macron : le président-star
Emmanuel Macron qui, cette semaine encore, monopolise les couvertures des magazines français. Sur celle de L’Obs, Emmanuel Macron grimpe au pas de course vers de supposés sommets, « il ose tout », souligne la couverture de cet hebdomadaire. Il « chamboule tout », rehausse celle de L’Express. A la Une de Paris-Match, il fait ses premiers pas à l’Elysée en tant que président, main dans la main avec son épouse Brigitte. Vrai numéro collector que celui de Match cette semaine, avec vingt-six pages spéciales, plus quatre pour le Premier ministre Edouard Philippe, le tout illustré de photos exclusives tout en couleurs sur le premier jour du couple présidentiel en son palais. Portfolio léché, traditionnelles images bienveillantes de ce magazine à chaque alternance.
Une bienveillance qui, pourtant, en irrite plus d’un cette fois-ci. Le journal Le Monde, raille ainsi « la République en Match », et les sept Une consacrées « en un peu plus d’un an » au nouveau président. « Un record qui sera difficile à battre. […] L’hebdomadaire a trouvé ses Monaco, ses Kennedy made in France […] les Macron », énonce irrespectueusement le quotidien du soir, dont l’hebdomadaire M décrypte ce qu’il appelle « la superproduction Emmanuel Macron ».
Cette dernière est, d'après M, pilotée par une « petite bande » - baptisée « les mormons » par « les journalistes politiques » - une « équipe clanique, impénétrable », au sein de laquelle l'hebdomadaire du Monde distingue tout particulièrement Ismaël Emelien, « stratège » avec qui le chef de l’Etat forme un « tandem fusionnel » pour « maîtriser la com’ », « apprivoiser les médias » et les tenir « à bonne distance ». Cet hebdomadaire fait également la part belle à Michèle Marchand, « dite Mimi », une « petite femme » de « 70 ans », directrice de l’agence photo Bestimage qui emploie « les meilleurs paparazzis de Paris, les plus retors, les plus rapides, les plus canailles aussi ». Avec son agence, « Mimi » réserve au « couple Macron » un traitement « habituellement réservé aux stars du show-biz ».
Marianne considère également que les grands médias « se prosternent devant le nouvel élu avec une indécence qui suscite malaise. Les réseaux sociaux, eux, pullulent de ces saillies ricanantes et de ce mauvais esprit adolescent qui y règne trop souvent. Ni béni-oui-oui, ni scrogneugneu, ni génuflexion, ni lapidation, pour comprendre cette nouvelle époque, il est plus que jamais indispensable de résister au pavlovisme ambiant ». Pourtant, s'amuse l'hebdomadaire « demain, le président Macron ne guérira pas davantage les écrouelles qu’il ne mangera des ouvriers au petit-déjeuner ».
Macron : le président disruptif
En attendant, le paysage politique français est profondément bouleversé, et c’est un chambardement comme rarement vu dans ce landernau qu’il nous est donné de voir. Le choix du Premier ministre déstabilise la droite, le PS se cherche un dernier rôle, une nouvelle génération prend le pouvoir, c’est « le mariage pour tous ou presque », formule Marianne.
L’hebdomadaire Le Point relève le mot qui circule pour résumer ce chamboule-tout : la « disruption ». Si « Nicolas Sarkozy était « bling-bling », François Hollande avait son "normal" collé comme le sparadrap du capitaine Haddock… s’il fallait élire un mot pour définir le début de mandat de leur successeur, "disruptif" figurerait en pole-position », énonce en guise d'explication Le Point. Et dans « disruption », on devine une forme plus radicale du mot rupture. Autrement dit, après la « fracture sociale » de Jacques Chirac, place à la « fracture » tout court d’Emmanuel Macron. Alors, finalement, « disruptif ou pas disruptif, Emmanuel Macron ? Si on considère En marche! comme une entreprise, alors oui », analyse Le Point. Sinon, c’est plus compliqué. Mais à plus long terme, cet hebdomadaire fait un pari : « à la fin du mandat Macron, la disruption se sera depuis belle lurette fait disrupter » !
FN - LR : l’alliance introuvable
Ce chamboule-tout est aussi un vrai casse-tête pour les partis politiques traditionnels, et notamment ceux de droite. La droite, en effet, se fissure, avec d'un côté un Premier ministre, Édouard Philippe, qui se revendique de droite, et qui espère attirer vers lui les fidèles d’Alain Juppé et de l'autre ceux qui entendent résister à tout prix. Résisteront-t-ils aux appels du pied du Front national ?
Après avoir annoncé son retrait de la vie publique, Marion Maréchal-Le Pen, petite fille du fondateur du Front national, rédige dans Valeurs Actuelles ce que cet hebdomadaire très à droite appelle son « testament politique », et dans lequel la pourtant plus jeune députée de la Ve République – vingt-sept ans seulement - lance un appel à peine voilé à Laurent Wauquiez. Ses déclarations « laissent penser qu'on aurait des choses à se dire et à faire ensemble », y dit Marion Maréchal-Le Pen.
Que faire, se demande donc la droite ? « Faut-il oser s’allier au FN pour sortir l’électorat populaire de son enfermement » ?, interroge Le Figaro-Magazine. « Mitterrand le fit en s’arrimant au Parti communiste. (…) Wauquiez, Baroin s’y refusent farouchement. Ils ont fait du piège que leur a tendu Mitterrand y a trente ans une loi morale ! », constate Le Fig-Mag, « la droite républicaine ne vaut pas en démordre : elle se redressera seule ». La solitude, c’est bien connu, finit toujours par gagner : tu es né seul, tu mourras seul…