Des montagnes de sucre sont attendues en 2017-2018 sur la planète, la concurrence sera très rude pour le sucre européen, qui compte pourtant se refaire une belle place sur le marché mondial, à partir d’octobre prochain. À cette date, il n’y aura plus de quotas européens de production ni d’exportation. Dans cette optique, les betteraviers européens, et en premier lieu français, ont déjà augmenté les surfaces emblavées d’environ 20 %.
L’Europe contribue donc largement au boom attendu de l’offre sucrière mondiale. Mais on prévoit également une production de sucre plus importante en Inde, au Brésil - aux dépens de la production d’éthanol ; en Thaïlande, elle devrait être record ; en Afrique du Sud, elle devrait revenir à la normale après l’épisode d'El Niño... Au total, 186 à 190 millions de tonnes de sucre selon les prévisions, soit 2 à 5 millions de tonnes de plus que la consommation mondiale.
Un contexte plus difficile que prévu
Les cours mondiaux devraient donc subir les conséquences de ce retour aux excédents, après deux années de déficit, ils ont déjà perdu 25 % en trois mois depuis qu’on sait que l’Inde, finalement, n’achètera pas de sucre à l’étranger cette année.
Un contexte plus difficile que prévu, donc, pour le retour du sucre européen sur le marché mondial, après dix ans d’absence. Malgré tout, les producteurs et les sucreries françaises, allemandes et belges ont gagné en compétitivité en étendant la durée de la récolte et donc le fonctionnement des usines ; la logistique a été optimisée jusqu’aux ports, ce qui n’est toujours pas le cas du sucre brésilien, renchérit dans le même temps l’augmentation du coût du travail au Brésil.
C’est pourquoi le sucre européen, qui avait été détrôné par le sucre brésilien en Afrique de l’Ouest depuis dix ans, a des chances de retrouver ce débouché, d’autant que le coût de fret maritime sera inférieur depuis l’Europe. L’avalanche de sucre européen pourrait aussi perturber les raffineries du pourtour méditerranéen ou d’Afrique, qui importaient beaucoup de sucre roux du Brésil.