Les réactions sont encore nombreuses ce matin dans les médias du continent après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française.
Pour Le Potentiel à Kinshasa cette élection est « un bel exemple de démocratie que les Africains, en général, et les Congolais, en particulier, aimeraient voir se reproduire dans leurs pays respectifs. Il faut dire, poursuit le quotidien kinois, que le continent noir a encore un grand chemin à parcourir pour arriver à ce niveau-là de démocratie. (…) Où les dirigeants ont conscience des valeurs républicaines à préserver après chaque élection, présidentielle soit-elle. (…) Les dirigeants congolais ont tout à gagner en imitant l’exemple français. La démocratie c’est l’alternance. D’ailleurs, conclut Le Potentiel, aucun pouvoir temporel ne saurait être éternel. »
Cas-Info, toujours en RDC, pointe l’amitié partagée entre Emmanuel Macron et l’opposant Félix Tshisekedi : « le président du Rassemblement est un ami du… président français. Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi se sont rencontrés à plusieurs reprises, nous apprend Cas-Info, notamment pendant la récente campagne électorale en France. Mais il a suffi seulement d’une soirée électorale. Celle de la victoire éclatante du jeune chef de l’État pour faire exploser les réseaux sociaux à Kinshasa et partout ailleurs dans la diaspora congolaise. »
Un bien long chemin…
Wakat Séra au Burkina Faso est sur la même ligne : « les leçons de démocratie servies une fois de plus par la France devraient servir à faire pousser la graine d’une véritable démocratie en Afrique. En effet, l’image émouvante de Hollande et Macron bras dessus-dessous, doit faire école. Malheureusement, déplore le site burkinabé, pour le moment, elle est presque irréaliste sur le continent où il n’existe pas d’adversaires, mais des ennemis politiques. Qui plus est, jusqu’à une période récente, les successions au pouvoir avaient pour mode opératoire des coups d’Etat souvent sanglants. (…) Et même quand la succession se décide par les urnes, à quelques exceptions près, comme au Ghana, l’animosité entre les politiciens est telle que le président sortant brille toujours par son absence au moment de passer le témoin. »
Le Pays, toujours à Ouaga, s’interroge : « quand est-ce que l’Afrique connaîtra véritablement le bonheur de l’alternance dans la transparence et la non-violence ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. Mais avec la prise de conscience de plus en plus grandissante de la jeunesse et la montée en puissance des organisations de la société civile qui sont de plus en plus regardantes et critiques sur l’action des gouvernants, on peut dire que l’espoir est permis. En tout état de cause, conclut Le Pays, à la lumière de l’élection d’Emmanuel Macron, l’Afrique se découvre de nouveaux défis dans sa longue marche pour l’approfondissement de la démocratie. Mais le chemin reste encore long, et surtout parsemé d’embûches pour se hisser au rang des plus grandes démocraties. Il appartient surtout à la jeunesse de prendre ses responsabilités. Un autre monde est possible. Il suffit d’y croire et de s’en donner les moyens. »
Bienvenue au Gondwana !
Enfin, en Côte d’Ivoire, dans un éditorial publié hier par Fraternité Matin et repris ce matin par Le Monde Afrique, Venance Konan, le directeur du journal ironise… « Bienvenue au Gondwana, Monsieur Macron ! (…) Vous verrez que bientôt nos chefs se bousculeront pour être le premier à aller vous faire la bise (…). Et, au cours du déjeuner ou du dîner, entre la poire et le fromage, ils vous demanderont de les aider à boucler leurs fins de mois ou à chasser des rebelles un peu trop menaçants. Vous vous demanderez certainement pourquoi ce serait à vous de traquer les djihadistes ou les rebelles dans le désert et de payer les salaires de nos fonctionnaires. Ce sera au nom de votre devoir historique d’ancien colonisateur, Monsieur le Président. C’est comme ça. (…) Rassurez-vous, ce n’est pas gratuit, poursuit Venance Konan. Je suis sûr que les dirigeants des grandes entreprises de votre pays vous ont déjà expliqué pourquoi vous devez demander très amicalement à vos homologues africains de les laisser avoir des monopoles dans leurs pays, et à contrôler leurs minerais indispensables pour votre industrie ou vos bombes atomiques, tels que l’uranium par exemple. Ils vous expliqueront aussi pourquoi il faut absolument maintenir le franc CFA. Il faut bien que quelqu’un paie pour les bombes larguées sur les djihadistes, les avions, les hélicoptères, les drones et tout le reste. »