Elles avaient fait 45 morts et des dizaines de blessés, les bombes des terroristes qui ont explosé dans des églises coptes il y a trois semaines à peine. Et avant elles, les chrétiens d’Égypte avaient été victimes d’autres assassinats.
Ces attentats revendiqués par l’Etat islamique allaient-ils avoir raison de la résolution du pape à se rendre quand même au Caire, où l’avait invité le recteur de l’université al-Azhar, « l’une des grandes références intellectuelles et spirituelles du monde sunnite », comme la définit Libération ? Après le carnage, la question s’était posée.
La réponse, c’est cet après-midi que François l’illustrera sur place, en terre sainte égyptienne, où le pape va délivrer un « message de paix », souligne en Une le quotidien catholique La Croix, qui espère une visite « comme une caresse ».
Car le pape s’est jusqu’ici exprimé sur l’islam « surtout pour ne pas l’assimiler à l’islamisme, souligne ce journal. [...] Après les terribles attentats dans les églises coptes le dimanche des Rameaux, on attend donc du pape un discours qui pose les conditions d’un dialogue en vérité entre les deux religions. Tout en distinguant bien les responsables musulmans des fondamentalistes sanguinaires ».
« En se déplaçant en Egypte, le pape François veut envoyer un message clair : la réfutation d’un «clash des civilisations », complète Libération. Mais en janvier, « des membres égyptiens de l’EI ont produit une vidéo désignant les chrétiens comme cible prioritaire. Depuis, une dizaine ont été assassinés (dans le) Sinaï, poussant à l’exil la plupart des familles chrétiennes de la province », souligne Libé, « le nombre de ses victimes chrétiennes dans le pays ne cesse d’augmenter […] Désormais, la communauté chrétienne d’Egypte, la plus importante du Moyen-Orient, vit dans la peur ».
Au Caire, le pape François va passer « un gros quart d’heure » à l’université al-Azhar, remarque Le Figaro. Mais c’est bien le « symbole de la photo » avec le recteur Ahmad al-Tayeb qui « va compter », souligne ce quotidien conservateur.
Trump : les cent jours
Aux États-Unis, cela fera cent jours demain que Donald Trump aura été élu président. Et le moins que l’on puisse dire est que ses débuts à la Maison-Blanche ont de quoi surprendre. Ils ont été « erratiques », estime Le Figaro (autrement dit, ils ont été à tout le moins irréguliers). « Le style Trump ? », résume ce quotidien, c’est « du coup par coup, du cas par cas. Des décisions prises de manière impulsive, pour servir ses intérêts immédiats. Cela a la vertu de la souplesse, pas forcément (celle) de la cohérence », regrette Le Figaro qui baptise Donald Trump d’« étrange timonier de Washington ».
Le quotidien économique Les Echos évoque plutôt « l’apprenti Trump (dont) l’apprentissage est rude ». Fin connaisseur de ses classiques maoïstes, Les Echos estime que « jamais depuis l’époque de Mao président américain n’aura autant mérité le label de « tigre de papier » ».
Pour Le Parisien, en cent jours, Donald Trump est devenu un « président (presque) normal ». L’allusion avec un autre président dit « normal » est-elle fortuite pour Le Parisien ? C’est à se le demander quand on soulignera ici que ce journal met en relief le « record d’impopularité » atteint en cent jours par le président des Etats-Unis.
Présidentielle : le choc des images
En France, l’élection présidentielle tourne à la « guerre d’images ». Le Parisien y consacre justement sa Une. Après le choc-Whirpool à Amiens avant-hier, c’était hier Marine Le pen à bord d’un chalutier avec l’avocat Gilbert Collard et Emmanuel Macron en train de jouer au foot à Sarcelles.
Et Le Parisien le déplore, le match Macron-Le Pen se dispute « à grands coups d’uppercuts télévisuels. […] La caricature n’est pas loin, regrette le journal, avec une Marine Le Pen sur son chalutier accompagnée d’un ridicule capitaine Haddock, ou un Emmanuel Macron entouré de plein de gentils enfants lors d’un déplacement à Sarcelles qui lui lancent des "Macron président". On voudrait du fond, nous sommes inondés d’images simplistes qui semblent court-circuiter notre raison collective et font prendre une tournure dramatique à cette campagne où tout semble désormais possible », prévient Le Parisien.
« Et si l’enjeu était à droite ? », remarque Libération. Consacrant sa Une à la « fracture » du parti Les Républicains, déchiré entre « progressistes et conservateurs », Libé souligne que « l’abstention et le vote FN progressent au sein de l’électorat LR ». Certes, concède ce quotidien proche de la gauche, les enquêtes d’opinion « peuvent bouger : encore faut-il que les républicains de la rive droite se mobilisent plus fortement. Sinon ils pleureront, mais un peu tard, leurs châteaux en Espagne », prévient Libération.
Pour L’Est Républicain aussi, l’époque est à la « désinvolture ». Tout cela n’est pas très « gentry » et manque cruellement de « noblesse ». Attention, prévient La Nouvelle République du Centre-Ouest, Marine Le Pen a « tout à gagner dans le chaos politique actuel ».
Comme le souligne pour le déplorer Le Courrier Picard, « il est clair que le barrage républicain prend l’eau de toutes parts ».
Les Dernières Nouvelles d’Alsace rétorquent : « normalement et en toute logique, même en l’absence de front républicain, le candidat d’En Marche ! devrait l’emporter dans dix jours. Mais cette présidentielle n’a rien de normal ni de logique. Et après une période de frénésie et d’aporie d’une intensité rarement atteinte sans doute, elle peut basculer à tout moment dans l’irrationnel ».