Près de 1,7 million de personnes affectées sur cinq provinces, 600 000 déplacés, au moins 500 morts et 23 fosses communes découvertes selon les Nations unies. Nous nous arrêtons ce vendredi 7 avril, sur cette crise humanitaire et sécuritaire qui ravage les provinces du Grand Kasaï, en République démocratique du Congo. Une crise née en juillet dernier après qu’un chef coutumier, le Kamuina Nsapu, s’est révolté contre les autorités, qui - selon lui - refusaient de lui reconnaître son statut de chef traditionnel. Selon Kinshasa, il a été tué en août dernier, mais depuis, la révolte qu’il a initiée a essaimé, et les affrontements avec les forces de sécurité se multiplient. Comment en est-on arrivé là ? Le chercheur congolais et consultant Anaclet Tshimbalanga a beaucoup travaillé sur la médiation des conflits et les chefferies coutumières au Kasaï-Central. Il est l’invité de Florence Morice.
« Il s’agit de frustrations. Et ces frustrations se sont accumulées au cours des régimes successifs qui ont présidé aux destinées de la République démocratique du Congo, dès l’accession à l’indépendance. Il ne faut pas oublier que le Kasaï est l’espace le moins développé par rapport à d’autres provinces, alors que le Kasaï a toutes les potentialités.»