Inde-Iran : le ton monte sur les hydrocarbures

L'Inde menace de diminuer ses achats de pétrole à l'Iran, qui lui refuse le développement d'un champ gazier.

 

Le ton monte entre l'Iran et l'Inde sur les hydrocarbures. L'Inde est vexée que son consortium pétrolier ONGC ne soit toujours pas élu par Téhéran pour développer le champ gazier de Farzad B, découvert pourtant il y a neuf ans par ce même géant indien du pétrole, dans le golfe persique.Du coup New Delhi menace de diminuer de 20% ses achats de pétrole iranien, alors qu'elle en est le deuxième débouché, après la Chine.

« L'Inde et l'Iran ont pourtant des liens forts dans les hydrocarbures, les deux pays ont eu plusieurs projets de gazoduc », rappelle Jean-Pierre Favennec, Professeur à l'IFP School. L'Inde est également restée l'un des clients fidèles de l'Iran pendant toute la durée des sanctions occidentales - quand l'Europe, à la suite des Etats-Unis, n'achetait plus une goutte de brut iranien.

Des accords de troc avaient été conclus pour contourner les sanctions financières américaines. Téhéran avait aussi accordé des délais de paiement à l'Inde, une dette de six milliards de dollars que New Delhi dit avoir réglé en novembre dernier.

A l'époque l'Inde espérait encore - même si elle avait, sous la pression des Etats-Unis, retardé son offre à l'Iran -, se voir attribuer le développement du fameux gisement gazier Farzad B, promesse d'un approvisionnement futur, pour le printemps 2017.

Nous y sommes, mais l'Iran fait la fine bouche. « L'offre indienne (3 milliards de dollars pour faire jaillir le gaz dans cinq ans) n'est pas assez intéressante aux yeux de Téhéran, qui demande à ONGC de la réviser, résume Francis Perrin, président de Stratégies et Politiques Energétiques, sous peine de faire appel à d'autres compagnies ». Dont bien sûr les « majors » occidentales, à nouveau libres d'investir en Iran depuis la levée des sanctions l'an dernier.

En réponse l'Inde menace de diminuer d'un cinquième ses commandes de brut, mais l'Iran le prend à la légère : « Nous pouvons nous tourner vers d'autres acheteurs », rétorque le ministre iranien du pétrole. Dans les faits, « l'Inde a déjà tellement acheté de pétrole iranien depuis le début de l'année, souligne Philippe Sébille-Lopez, de Géopolia, moitié plus que l'an dernier, pour faire tourner les raffineries indiennes qui fournissent toute l'Asie, que l'Iran ne verrait même pas ses ventes de pétrole chuter ».

 

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