Catalogne: le spectre d’un «décrochage» avec l’Espagne

Jugés actuellement par la justice espagnole, les hommes forts de l’exécutif régional catalan assurent et réaffirment qu’un référendum d’auto-détermination aura lieu d’ici l'été 2017, contre toute légalité et alors que Madrid menace de suspendre l’autonomie catalane. Peu à peu, la catalogne « se décroche » du reste de l’Espagne. Une nouvelle loi, qui fait hurler Madrid, a été votée par le parlement catalan permettant d’accélerer ce processus de séparation.

de notre correspondant à Madrid,

Le bras de fer entre Madrid et Barcelone n’a jamais été aussi tendu. Carles Puigdemont, le chef de l’exécutif catalan, vient de réaffirmer qu’il y aura un référendum dans les mois à venir pour « exercer le libre droit à décider » des 7 millions de Catalans. Il est difficile de savoir s'il aura lieu mais Puigdémont et toutes les institutions catalanes, exécutif et Parlement surtout, vont tout faire pour que cette consultation ait lieu. Ils en parlent presque tous les jours et ils affirment que la majorité des députés régionaux y sont favorables et que, donc, c’est pour eux un devoir démocratique de l’organiser. Madrid ne veut pas en entendre parler mais Barcelone insiste pour que les deux parties s’entendent : un dialogue de sourds complet. En novembre 2014, les Catalans avaient organisé une consultation illégale, avec 90% de oui pour l’indépendance mais seulement 40% de participation. Et aujourd’hui, leurs leaders sont devant les tribunaux pour avoir pris cette initiative.

Dess affaires judiciaires qui renforcent le sentiment de victimisation en Catalogne

L’ancien chef de l’exécutif Artur Mas, l’actuel porte-parole Francesc Homs, l’actuelle chef du Parlement régional Carmen Forcadell, tous ces leaders séparatistes sont ces jours-ci en procès devant des magistrats espagnols pour désobéissance à la loi. Mais ces mêmes personnes incriminées disent que les droits du  peuple catalan « sont au-dessus des lois ». Ce n’est pas seulement une guerre de mots et une guerre judiciaire ; on assiste aussi à une dynamique dangereuse où la Catalogne, l’une des régions les plus riches d’Espagne, s’éloigne concrètement du reste du pays. C’est ce qu’on appelle la desconexion, le décrochage. Cela passe par le développement de sortes d’ambassades catalanes dans certaines capitales européennes, un fichier propre d’informations sur les citoyens, une agence fiscale propre.

L’agence fiscale, sujet le plus important.

Les séparatistes souhaitent préparer le terrain avant une possible indépendance. Le gouvernement catalan gère actuellement environ 55% des impôts, le reste c’est l’Etat espagnol qui le prélève. Or Barcelone veut tout gérer, 100% des impôts et met en place des fichiers pour cela. Les indépendantistes veulent aussi tout pouvoir sur la santé, l’éducation, la gestion des ports, des prisons, etc. Le plus inquiétant pour Madrid, c’est que le Parlement de Barcelone s’apprête à voter une loi de transitoriedad, c’est à dire qui facilite les préparatifs d’un futur Etat catalan. Bien sûr, nous n’en sommes pas là, les Catalans assurent vouloir que les choses se fassent, « de manière concertée ». Mais déjà à Madrid, au sein du pouvoir central de Mariano Rajoy, on évoque le recours à l’article 155 de la constitution, à savoir, ni plus ni moins, la suspension de l’autonomie de la Catalogne.

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