La première tête d’affiche est un éditeur guinéen et ardent promoteur du livre. Sansy Kaba Diakité a hissé Conakry au rang de Capitale mondiale du livre en 2017 sous les auspice de l’Unesco.
Cette première culturelle pour une ville africaine va démarrer le 23 avril et sera jalonnée de nombreuses manifestations autour du livre dans la capitale guinéenne au cours des douze prochains toujours sous l’impulsion de l’éditeur.
Auteurs et lecteurs présents à Conakry ne seront certainement pas déçus. L'année s'ouvrira avec les 72 heures du livre, événement créé il y a neuf ans par ce passionné de livre qu'est Sansy Kaba Diakité. Le pays à l'honneur sera le Sénégal, puis suivront le salon de la bande dessinée, la foire internationale du livre, le salon du livre en langues africaines et le salon du livre jeunesse. L'objectif recherché est qu'au soir du 22 avril 2018, lorsque Conakry passera le relais, la capitale guinéenne s'inscrive dans l'agenda culturel du continent comme le sont Ouagadougou pour le cinéma, Bamako pour la photographie, et Dakar pour l'art contemporain.
Je ne doute pas un instant que Sansy Kaba Diakité puisse atteindre son objectif. La Guinée a produit de grands écrivains : Camara Laye, Tierno Monenimbo, Keroko Touré ou encore Binta Hann pour ne citer que ceux là. Mais qui aurait pu imaginer que le petit éditeur de Conakry -face à des villes comme Los Angeles, Rabat ou Bucarest- parviendrait à emballer le jury de l'Unesco ? En 2017 tous les quartiers de la capitale guinéenne devraient disposer d'un point de lecture financé par des mécènes.
Conscientes de la visibilité qu'offre au plan international ce label à la Guinée, les dirigeants du pays se sont engagés à construire deux bibliothèques, une nationale et une seconde qui portera le nom du célèbre historien Djibril Tamsir Niang. Félicitations à Sansy Kaba Diakité.
Restons dans le domaine du livre, avec la deuxième figure de ce rendez-vous, l’auteure malienne Ramata Diaouré qui vient de publier un livre en hommage aux 25 femmes tuées lors de la révolution de mars 1991 au mali. Un sursaut politique et populaire qui a conduit à la chute de l’ex-président Moussa Traoré. Une date symbole du Mali du siècle dernier.
Pour les Maliennes, le mois de mars ne se résume pas à la célébration du 8 mars, la Journée internationale des femmes. Il y a une date écrite en lettres de sang : celle du 26 mars, date de la commémoration de la Journée des martyrs. Ceux tombés pendant la révolution malienne qui entraîna la chute de Moussa Traoré. Mais je devrais plus tôt dire celles tombées pendant la révolution car Mars des femmes 1991-Chronique d'une révolution malienne est l'ouvrage que la journaliste Ramata Diaoure consacre aux victimes de la révolution. Celles qui impuissantes ont vu mourir leur progéniture et toutes celles qui ont péri, tuées au nom de la démocratie qu'elles souhaitaient voir instaurer. Cent trente pages de témoignages de femmes qui, 26 ans plus tard, ont enfin décidé de parler de cette page sombre de l'histoire malienne. Les photos sont d'Oumou Traoré, jeune photographe malienne. Un travail utile pour rappeler à ceux qui ont tendance à l'oublier le prix de cette liberté chèrement acquise. Mais surtout un plaidoyer émouvant en faveur de ces femmes dont l'Etat malien a oublié de s'occuper.
Passons à table avec un cordon bleu et la dernière tête d’affiche. Christelle Vougo dirige Saakan, le restaurant d’Abidjan élu meilleure table de Côte d’Ivoire, lauréat du «Abidjan restaurant awards». La première édition de ce concours s'est tenue le 19 mars dernier.
Pour qui connaît la cuisine inventive et originale du chef Christelle Vougo, cette distinction est amplement méritée.
Cette comptable formée aux Etats-Unis est venue à la cuisine par curiosité et un peu beaucoup par gourmandise. Après avoir travaillé à Atlanta dans plusieurs restaurants elle ouvre le sien puis au bout de cinq ans décide de rentrer en Côte d'Ivoire pour, dit-elle, combiner diversité culinaire et culture du plaisir. Sept ans plus tard, elle est à la tête de trois enseignes qui proposent chacune des cuisines différentes : américaine, thaï-mexicaine et africaine.
Si les « Abidjan restaurant awards » lui ont décerné le trophée du meilleur burger, c'est avant tout la créativité dont elle fait montre en matière de cuisine africaine dans son restaurant Saakan qui lui a fallu les trophées du meilleur service, de la meilleure cuisine ivoirienne et celui du restaurant de l'année. Avec les chefs Loïc Dable et Christelle Vougo, la cuisine ivoirienne fait son entrée dans la cour des grands.