L'Europe est le premier partenaire commercial du Royaume-Uni. 45% des exportations britanniques partent vers les 27 pays membres de l'Union européenne. Et la moitié des importations remontent de ces pays. Contrairement à tout ce que prédisaient les experts, l'économie britannique a très bien résisté au Brexit, mais il est plus difficile de croire que la balance commerciale sera épargnée par le divorce. Theresa May veut quitter le marché unique et l'union douanière, concrètement cela signifie que les frontières vont refaire surface, et donc les délais d'attente à la douane, la paperasse, et surtout les taxes.
Les prix des fruits et légumes pourraient augmenter de 8% au Royaume-Uni
C'est l'estimation des analystes de la banque américaine City. 70% des fruits et légumes importés par le Royaume-Uni viennent de l'Union européenne. C'est pourquoi l'impact sera important et immédiat, et cela, quelles que soient les modalités des futures relations entre Londres et le continent.
En cas d'accord de libre-échange restreint, l'option la plus probable et la plus souhaitable pour les deux parties, les taxes seraient en moyenne de l'ordre de 3% selon Euler Hermes. S'ajoute à ce surcoût la dépréciation de la livre. Elle aussi va alimenter la flambée des prix. Quant au scénario du pire, c'est-à-dire pas d'accord de libre-échange du tout, il soumettrait les importations britanniques aux règles de l'OMC, avec des taxes comprises entre 4 et 40% pour les produits en provenance de l’Union européenne. 40% sur le lait par exemple ; un quart du lait bu outre-Manche est importé.
Pour éviter ces hausses de prix, les partisans du Brexit comptent sur des accords de libre-échange avec d'autres pays
Cela prend des années pour négocier de tels accords, environ 7 ans. Et puis ils ne sont pas forcément gagnant-gagnant. Les éleveurs australiens lorgnent déjà sur le marché britannique.
En cas d'accord de libre-échange entre Londres et Canberra, leur production pourrait déstabiliser celle des Britanniques ou des Ecossais. Au moment précisément où le Royaume-Uni aura besoin de développer sa propre production. Son essor sera aussi compliqué par la disparition des aides de la PAC. Enfin les agriculteurs britanniques, déjà très dépendants de la main-d'œuvre d'Europe de l'est auront encore plus de mal à recruter puisque Theresa May veut sortir de ce marché unique qui permet la libre circulation des hommes et des marchandises.
Dans l'industrie, les prix des produits intermédiaires vont aussi souffrir de la réapparition des taxes.
Les droits de douane sur les pièces semi-finies qui font la navette entre les usines situées de part et d'autre de la Manche, dans l'automobile ou l'aéronautique, vont aussi alourdir les coûts de l'industrie. Toutes les entreprises implantées sur le sol britannique sont concernées, y compris les Européennes.
Les Pays-Bas, l'Irlande et la Belgique ont le plus à perdre. L'arrivée annoncée aujourd'hui d'une filiale de la vénérable Lloyds à Bruxelles est saluée comme une bonne nouvelle par les Belges, mais il ne faut pas surestimer l'impact positif de ces relocalisations sur le continent. Dans le radar des experts, ce ne sont pas les bienfaits économiques du Brexit qui apparaissent mais plutôt les dégâts potentiels, pour le Royaume-Uni comme pour les 27.