Songhaï, l'agriculture autrement
Songhaï, nom emprunté à un grand empire ouest africain du XV ème siècle, désigne depuis trente ans au Bénin l'agriculture autrement. Un modèle de ferme qui fonctionne en totale autonomie : agriculture, aviculture, pisciculture, production d'engrais, transformation de produits, et même production de pièces de rechange pour les machines agricoles.
En 1985, Godfrey Nzamujo, un prêtre dominicain, obtenait du président Mathieu Kérékou un hectare de mauvaise terre tuée par les engrais chimiques près de la capitale Porto Novo. Trente ans plus tard, le modèle Songhaï s'étale sur plus de 22 hectares. 4000 jeunes fermiers entrepreneurs sont venus ici se former aux techniques agricoles et de gestion mises au point par celui qui trouve paradoxal qu'un Africain sur quatre aujourd'hui souffre de la faim. A la ferme Songhaï, les fientes de poulets qui enrichissent la terre, tout en préservant l'environnement, permettent d'obtenir des rendements bien supérieurs à ceux fournis grâce aux engrais chimiques et aux pesticides. Deux à cinq tonnes par hectare et par an pour le maïs, une à deux tonnes pour le sorgho et deux à trois tonnes pour le soja, alors que la moyenne nationale est d'une tonne par hectare.
Dans de nombreux pays confrontés à l'exode rural et au chômage des jeunes, Songhaï est la solution que devraient retenir les dirigeants. Elle mettrait notamment un terme à la vente de terres aux multinationales chinoises ou brésiliennes et permettrait surtout de baisser le taux d'importation des denrées alimentaires. La transformation locale des matières premières agricoles est également une des filières developpées par la ferme Songhaï depuis 2010. Dans de vastes entrepôts, six lignes de production ont vu le jour : cela va du riz décortiqué au jus de mangue en passant par le concentré de tomates et les chips de plantain. Il y a trente ans Godfrey Nzamujo rêvait de lutter contre la pauvreté, et l'exode rural. Le pari pourrait être gagné si non pas 16 mais 54 pays s'appropriaient le concept Songhaï.
Fathia Elaouni et Kadidja Boujanoui, les Panafricaines
Autres têtes cette semaine, des femmes deux Marocaines : Fatiha Elaouni et Khadija Boujanoui. Promotrices du forum les Panafricaines qui s'est tenu le 8 mars à Marrakech, leur objectif est de mobiliser les journalistes africaines, nos consœurs, dans le combat contre les inégalités dont sont victimes les femmes, alors qu'elles sont les actrices majeures du développement de notre continent.
L'initiative de Fathia Elaouni et de Khadija Boujanoui est plus qu'heureuse. Qui mieux que des journalistes africaines peuvent et doivent dénoncer pour les combattre lesnombreuses discriminations dont sont victimes les femmes sur le continent ?
Panafricaines est donc ce forum au sein du quel toutes les femmes du secteur de la communication et les journalistes pourront échanger leurs idées pour faire avancer la cause des femmes dans leurs pays respectifs. C'est en unissant leurs forces que les femmes africaines pourront contribuer à la construction d'une Afrique émergente dans laquelle leurs droits et leurs places seront reconnus.
Selon Madeleine Allbright ancienne secrétaire d'Etat des Etats-Unis il y a une place en enfer pour toutes les femmes qui n'aident pas les femmes. Les Panafricaines, ne s'inscrivent absolument pas dans cette logique. Si l'éducation a permis aux femmes d'engranger des succès, les deux tiers des analphabètes sur le continent sont des femmes.
Les femmes des médias, elles militent pour l'égalité au sein des organes de presse. Les disparités au niveau de la promotion et des salaires sont hélas encore nombreuses. Pour les femmes des zones rurales, le combat est encore bien plus long. Elles produisent 80% des denrées alimentaires tandis que seuls 15% des exploitations leur appartiennent.
Que l'initiative des Panafricaines soit née au Maroc n'a rien de surprenant. Le royaume est dans un processus d'affirmation ou de revendication si vous préférez, de son africanité. Toute initiative nationale est saluée et fortement encouragée. Mais tout cela n'enlève rien au mérite de nos deux consœurs de la chaîne nationale marocaine 2M.