Les journaux s’interrogent ce lundi matin. Des sondages en berne et un navire qui continue de prendre l’eau : le capitaine Fillon est-il encore le maître à bord ? Et si oui pour combien de temps ?
Hier, devant ses supporteurs rassemblés place du Trocadéro à Paris, et sur plateau de France 2, François Fillon a affirmé qu’il restait à la barre. Entend-il couler avec le navire ?
En tout cas, soupire Le Figaro, « les Républicains doivent urgemment s’entendre. Soit c’est François Fillon, le champion de la primaire et de la foule du Trocadéro, soit c’est Alain Juppé, le favori des sondages et des caciques du parti. Mais ça ne peut pas être les deux à la fois, sauf bien sûr si la droite veut assister en spectatrice à un second tour lourd de révoltes à venir qui verrait s’opposer Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Cette pénible affaire dépasse largement le sort de François Fillon, celui d’Alain Juppé et également celui des élus Républicains, pointe encore Le Figaro. Si la droite perdait en mai pour des raisons de seules circonstances, la France repartirait pour cinq nouvelles années de malentendus mortifères et reporterait d’autant les solutions aux maux qui la minent, au risque de les rendre inguérissables. Peut-elle se le permettre ? »
Impasse ?
« Qui peut encore sauver la droite ? », s’interrogent Les Echos. « A six semaines du premier tour : la droite a-t-elle encore une chance, même infime, de pouvoir l'emporter, voire d’échapper à l’éclatement ? Le problème, c’est que chaque camp a sa réponse. (…) Fillon est passé de la contre-attaque au changement de pied stratégique, il est donc loin d’être mort, estime le quotidien économique. Il a remporté sa bataille du Trocadéro. Et sans doute gagné quelques heures. Ses adversaires ont-ils désarmé pour autant ? A priori non. »
Résultat, estime Libération, « à quarante-neuf jours du premier tour de la présidentielle, la droite est dans une impasse. Que Fillon se maintienne envers et contre tout, et elle n’est plus sûre d’être au second tour tant l’homme est discrédité. Qu’elle tente de le remplacer par un modéré comme Juppé, et les plus radicalisés iront gonfler les rangs du FN. Qu’elle se choisisse pour héraut un représentant de la droite dure, et les plus modérés fileront chez Macron. » Et Libération de conclure : « il y avait quelque chose de Donald Trump, hier dimanche, dans ce vibrant appel au peuple et cette hystérisation de la politique, et c’est cela, peut-être, le plus inquiétant. »
Les Républicains en plein dilemme…
Alors, nouvel épisode ce lundi soir avec la réunion du comité politique du parti Les Républicains…
Les Républicains qui « se trouvent face à un sacré dilemme, pointe Le Midi Libre. Soit le parti invite le candidat Fillon à renoncer en reniant la légitimité de sa primaire et en s’asseyant sur la présomption d’innocence ; soit François Fillon poursuit sa campagne et c’est un risque d’explosion interne qui menace. Car chacune des parties est allée bien loin. »
En effet, renchérit La Charente Libre, « la bataille s’annonce redoutable lors du 'comité politique' LR convoqué ce soir sur les suites à donner à la candidature Fillon. Sa détermination à poursuivre sa campagne parait totale. Jusqu’à provoquer, s’interroge le quotidien charentais, une nouvelle fracture ouverte et peut-être électoralement fatale pour la droite 'républicaine' ? »
Finalement, soupire La Voix du Nord, « dans cette campagne au scénario incroyable, on ne peut vraiment rien exclure, y compris que François Fillon voit revenir en courant ceux qui voulaient encore samedi le 'débrancher' . »
Juppé va-t-il jeter l’éponge ?
Ce qui est sûr, c’est qu’on en saura un peu plus, tout à l’heure vers 10 h 30, avec l’intervention devant la presse d’Alain Juppé.
« Hier à 20h27, relate Le Figaro, alors que le JT de France 2 n’était pas terminé, le maire de Bordeaux a fait savoir sur Twitter qu’il ferait 'une déclaration à la presse' ce lundi matin. La nouvelle a immédiatement douché les espoirs des juppéistes qui ont spéculé toute la soirée. 'Il n’annoncera jamais qu’il y va si François Fillon se maintient' , jugeait un supporteur du maire de Bordeaux dimanche soir. Et comme Fillon se maintient… 'C’est une catastrophe, déplorait un autre. Fillon a été très bon, calme, posé. Un grand moment de télé. Face à lui, Juppé ne voudra jamais prendre le risque de diviser la droite en annonçant une candidature'. Beaucoup, poursuit Le Figaro, ont passé la soirée à essayer de joindre le maire de Bordeaux ou les rares proches auprès de qui l’ancien Premier ministre avait pu se confier. Souvent en vain. Ils devront attendre ce matin, 10 h 30, conclut le journal, pour se voir confirmer leur pire crainte, celle d’un forfait d’Alain Juppé. »
Un trésor caché pour expliquer la disparition des Troadec ?
A la Une également, la disparition de la famille Troadec, à Orvault près de Nantes, le fait divers qui tient la France en haleine depuis 15 jours… Pascal et Brigitte Troadec, 49 ans, et leurs enfants, Sébastien, 21 ans, et Charlotte, 18 ans, n’ont plus donné signe de vie depuis le 16 février dernier… Ils se sont comme volatilisés…
Elément clé hier, pointe Le Parisien : la garde à vue de la sœur de Pascal Troadec et de son ex-mari. « Un héritage en lingots ou en pièces d’or fait soudain irruption dans l’enquête sur la disparition des Troadec. Un différend financier vieux de plusieurs années serait-il la clé du mystère ? », s’interroge Le Parisien. En effet, précise le journal, « magistrats et policiers ont rapidement eu vent de la rumeur selon laquelle le père de Pascal Troadec, mort il y a six ans, avait découvert des lingots ou des pièces d’or. Un trésor caché à l’administration. Alors 'légende familiale', comme l’assure la mère de l’ex-beau-frère ? Depuis quelque temps en tout cas, le train de vie des Troadec s’était amélioré, relève Le Parisien. Ainsi, à Orvault, Brigitte et Pascal avaient troqué leurs vieilles voitures contre une Audi A4 et une BMW. Ce technicien plasturgiste et cette contrôleuse du Trésor public voyageaient peu, mais ils venaient de réserver un voyage à Lisbonne, comme l’a révélé Le Télégramme, prévoyant un départ le 10 avril. »
Alors, « le temps est compté, pointe encore le journal. Du fait des auditions déjà réalisées, les enquêteurs, lorsqu’ils ont lancé leur opération, savaient qu’ils disposaient seulement d’une journée et d’une nuit pour démêler l’écheveau. Soit une fin de garde à vue fixée à ce début de matinée. » On devrait donc en savoir un peu plus dans les heures qui viennent sur ce mystère d’Orvault.