Assane Diop : première tête d'affiche, les jumeaux burkinabè Rabi Louis Aristide et Raogo Louis Philippe. Les frères Sanfo, tous deux passionnés de développement durable produisent du carburant à partir de déchets plastiques.
A la tête de la Green Line Tech BF qu'ils ont créée il y a six ans, les jumeaux Sanfo ne désespèrent pas de parvenir un jour à produire du gaz en brûlant des engrais. Mais en attendant, sur ce site qui leur sert de pseudo usine, avec les sachets plastiques qu'ils ramassent et les déchets pétroliers récoltés, Rabi Louis Aristide et Raogo Louis Philippe produisent déjà du diesel dont le nom de code est le « DDO ». Ce carburant, loin d'être raffiné, permet tout de même aux paysans d'alimenter à faible coût leurs tracteurs et leurs groupes électrogènes. Si, au Burkina Faso, les jumeaux sont un peu considérés comme des professeurs Tournesol, en revanche au Mali, en RDC et en Côte d'Ivoire leurs recherches suscitent un grand intérêt. C'est bien connu, nul n'est prophète chez soi. Mais si nous n'en sommes pas encore à l'heure de la commercialisation du gaz made in Burkina Faso, pour l'heure les jumeaux Sanfo font œuvre de salubrité publique. Pour alimenter les deux fours de Green Line Tech BF, Rabi Louis Aristide et Raogo Louis Philippe débarrassent la ville de tous les sachets plastiques et des résidus de produits pétroliers.
On reste au Burkina Faso avec une localité située à 300 kilomètres de la capitale Ouagadougou, Dano. Elle est réputée être la cité par excellence d'une plante aux vertus multiples, le moringa.
Deux hommes ont contribué depuis neuf ans à changer le destin de la petite bourgade de Dano. Gilbert Dreyer qui, sur un coup de cœur, décida d'investir ses économies dans ce village à mille lieux de son Allemagne natale et Philippe Arnold, l'Alsacien devenu Burkinabé à la peau blanche comme il se décrit lui même.
Sur six hectares, deux cents femmes cultivent de manière intensive cet arbre originaire de l'Inde et qui dans toutes les langues est désigné par un superlatif. Never die en anglais, arbre du paradis en moré et feuille de la Mecque en haoussa. Toutes les parties du moringa sont utiles et ont de surcroît un pouvoir magique. L'écorce sert dans la pharmacopée traditionnelle, les feuilles dont les principes actifs permettent de réguler le diabète et l'hypertension entrent dans la composition de tisanes et de sauces. De la graine, on extrait de l'huile cosmétique et comestible. De l'avis de plusieurs chercheurs, le moringa est un enjeu colossal pour la santé publique et la sécurité alimentaire. Il suffirait de dix grammes de moringa dans de la bouillie pour lutter contre la malnutrition des nourrissons et faire baisser la mortalité infantile. Les économies réalisées par le ministère de la santé au Burkina Faso se chiffreraient alors à cinq milliards de francs cfa. Le moringa est plus efficace et surtout moins onéreux que les compléments multi-vitaminés recommandés par les organismes internationaux. Certifié bio, la moitié des huit tonnes de moringa récoltées par les femmes de Dano est exportée en Europe. Le moringa y est vendu onze euros le kilogramme. Une manne financière que les femmes mettent à profit pour développer leur commune. A Dano les hommes ne sont pas en reste, ils se consacrent à la culture du riz. Du riz étuvé plus riche en nutriments que le riz blanc.
Dernière tête d'affiche, le Burkinabé Adama Sawadogo, co-inventeur d'une plateforme qui va révolutionner l'état civil pour de milliers d'enfants non déclarés à la naissance.
Icivil, c'est le nom de cette plateforme mise au point par le Burkinabé Adama Sawadogo et le Français Françis Bourrières. Un véritable sésame pour ces milliers d'enfants qui ne sont jamais déclarés à leur naissance en raison des coûts administratifs ou des difficultés à accéder aux bureaux d'état civil. Faute d'être recensés, l'Etat ne peut garantir ni l'éducation, ni la santé à ces enfants fantômes, comme on les appelle.
Grâce à l'application Icivil un sms crypté, envoyé par l'agent de santé, permet à chaque petit Burkinabè d'être enregistré instantanément sur le serveur du centre d'état civil. Pour retirer l'acte de naissance, il suffit à la maman de présenter le bracelet que porte l'enfant le jour de sa naissance. Cette invention made in Burkina Faso devrait changer le destin de milliers d'africains, en particulier en Afrique francophone où la gestion de l'état civil est un enjeu de développement.