France: les médias au cœur de la campagne présidentielle

Les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle française ont fait connaître cette semaine leurs propositions à propos des médias. Que veulent-ils changer ?

Ces propositions ne sont pas totalement indépendantes du calendrier politique, même si elles ont été arrêtées, pour la plupart, il y a plusieurs mois. Prenez François Fillon en pleine tempête médiatique. C’est une chaîne du service public, France 2, qui a exhumé une interview de son épouse déclarant qu’elle n’a jamais été l’assistante de son mari. Or, François Fillon souhaite « simplifier l’offre de service public » en considérant que « l’hertzien n’est pas la réponse unique », autrement dit qu’’on peut bien arrêter la diffusion d’une chaîne pour la basculer sur des canaux numériques. Quel sera son rapport au « tribunal médiatique », comme il dit, s’il est élu ? Mystère. En attendant, même Nathalie Kosciusko-Morizet qui est venue le représenter jeudi devant une assemblée d’entreprises médias, l’Udecam, l’a lâché le lendemain après avoir défendu l’idée très personnelle d’une grande politique européenne du numérique.

L’indépendance éditoriale est un marqueur fort chez les autres candidats. Benoît Hamon entend défendre « la qualité et l’indépendance du service public ». Jean-Luc Mélenchon veut « constitutionnaliser l’indépendance des médias » afin que le droit à l’information soit dans le texte d’une VIè République. Emmanuel Macron veut lui « protéger l’indépendance éditoriale des médias d’information » en rappelant « l’exigence éditoriale d’impartialité » du service public. Mais là où le représentant du Front de gauche rappelle que neuf personnes représentent 80% des médias en France, le leader d’En Marche ne fustige pas une oligarchie. Il estime que la présence des industriels dans les médias « est une réponse aux difficultés de la presse ». Et appelle au rapprochement des sociétés audiovisuelles publiques, c’est-à-dire France Télévisions, Radio France et France Médias Monde, en envisageant l’élargissement de la place de la publicité dans le secteur public.

Les plus coercitifs ne sont pas forcément ceux qu’on croit. Si tous sont à peu près d’accord pour taxer les géants du Web et les soumettre à des obligations de contribution à la création, seul le FN veut limiter la part dépendant de la commande publique dans les groupes détenant les médias. Benoît Hamon propose, lui, une loi anti-trust qui vise à empêcher la concentration en limitant la part d’un groupe à 40% dans un média et à 20% dans deux médias. Il demande la création de sociétés de médias à but non lucratif. Il est aussi très lucide sur les liens entre médias et commande publique. Et très acide sur Vincent Bolloré quand il estime que trente articles sur Autolib dans Direct Matin, ça fait quand même beaucoup.

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