Le Salon de l’agriculture, le dernier salon où l’on cause… politique !

Les candidats à la présidentielle se pressent au Salon international de l'agriculture qui se tient en ce moment à Paris. Avec quelles solutions pour un secteur qui va de crise en crise ?

Le baromètre du revenu agricole est particulièrement inquiétant. Ce revenu agricole est passé en dessous de la barre des 400 euros mensuels (354 euros précisément), subventions européennes comprises, pour un tiers des exploitants en 2015, pour la moitié d’entre eux en 2016. Les agriculteurs ont été tour à tour éreintés par la baisse des prix.

La crise se décline aussi sur le mode sanitaire pour certains, avec l’épidémie de grippe aviaire, ou morale pour d’autres avec le débat sur la souffrance animale, qui met une partie des éleveurs sur le banc des accusés. La paupérisation, le désespoir sont tels qu’on ne compte plus qu’une nouvelle installation pour deux départs. C’est une tragédie pour le monde rural, et c’est un vrai problème économique pour un champion agricole de catégorie mondiale, la France, en perte de vitesse. 

Les candidats à la présidentielle ont-ils pris la mesure du défi ?

La plupart des candidats ont des propositions qui justifient leur programme global. La favorite des sondages Marine Le Pen veut faire de la préférence nationale, exit la PAC, vive la politique agricole française ! François Fillon pour Les Républicains ne jure que par les allègements de charge et des mesures libérales comme la fin du principe de précaution. Emmanuel Macron est plus elliptique, il veut permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail, avec une série de mesures ciblées. Le candidat socialiste Benoît Hamon est l’un des rares à évoquer une conversion à un autre modèle, plus écologique.

Une ligne partagée avec Jean-Luc Mélenchon qui lui aussi voit dorénavant l’agriculture à travers le prisme de l’environnement, c’est pourquoi d’ailleurs il a préféré faire l’impasse sur le Salon. Avec un discours écolo, ces deux candidats parlent ainsi plus aux consommateurs, qui sont aussi des électeurs, qu'aux producteurs. Les agriculteurs ont globalement le sentiment de ne plus avoir l'oreille des politiques.

Tous les candidats s’accordent à louer le rapprochement des paysans et des consommateurs à travers le recours au circuit court

C'est la tarte à la crème de ce Salon. Les paysans n'ont pas attendu la présidentielle de 2016 pour se lancer dans cette alternative. Et cela se révèle profitable pour récupérer un peu de marge. Quand leur production le permet. Des circuits courts sont aussi expérimentés en amont. Agriconomie, une start-up créée par trois jeunes fils ou petit-fils d'agriculteur est en train de bouleverser l'approvisionnement en intrants en proposant en ligne semence, engrais et outillage à un prix imbattable dans un délai record.

Un service qui libère les agriculteurs souvent prisonniers des intermédiaires traditionnels, leur coopérative, leur syndicat, ou leur fournisseur attitré qui vient les voir à la ferme. Le circuit court est donc une idée qui est déjà en train de porter ses fruits. Mais elle ne règle pas la question de la grande fragilité des paysans face à la volatilité des prix, face aux crises sanitaires. C'est le rôle de la PAC qui a montré ses limites en la matière, c'est donc à Bruxelles que le prochain président devra à l'avenir mieux défendre la cause agricole. 

La PAC sans laquelle les revenus agricoles français seraient encore bien plus faibles

La PAC a été l’un des remparts de l’agriculture française qui demeure un bénéficiaire net ; elle a aussi facilité le développement d’un secteur tourné vers l’exportation, pour le plus grand bien de la balance commerciale française. Mais, aujourd’hui, elle est de plus en plus perçue par les agriculteurs comme un obstacle à leur activité en raison de la multiplication des normes.

Excédés par cette bureaucratie, les paysans sont de plus en plus tentés par le vote Front national. L’expert Michel Portier d’Agritel pense que le rejet de la PAC serait destructeur pour l’agriculture française. Il faut, d’après lui, « non pas moins, mais plus d’Europe » pour aider le monde agricole en harmonisant les prélèvements pour assainir la concurrence. Car, aujourd’hui, les Français se font tailler des croupières par les Roumains ou les Irlandais qui bénéficient de charges sociales et de taxes bien plus légères.

 

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