A la Une: les jihadistes français sont-ils ré-insérables?

La réponse apparemment est non pour les autorités françaises… Le Monde a mené l’enquête et ses conclusions sont claires : « Paris ne veut pas le retour des jihadistes français capturés en Syrie et en Irak », constate le journal en première page.

« De plus en plus de jihadistes français de l’organisation Etat islamique sont faits prisonniers alors que l’EI est en recul sur les fronts irakien et syrien, relève Le Monde. Que faire de ces ressortissants considérés comme des ennemis ? »

Le journal a donc enquêté auprès des autorités et « reçu des réponses embarrassées. » Un embarras qui s’explique, pointe le journal, par le fait que « le président de la République aurait opté pour une ligne claire : faire en sorte qu’il n’y ait pas de prisonniers, ou le moins possible. […] “La question du cadre légal a été mise sous le tapis”, révèle une source proche de l’exécutif, “en réalité, on espère qu’ils aient tous été tués avant d’avoir pu rejoindre un camp ou l’autre”. Qu’ils aient droit ou pas au statut protecteur de prisonniers de guerre, selon les situations, les Français ayant rejoint l’EI “sont nos ennemis et ils savent à quoi ils s’engagent”, avait déclaré le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, le 12 janvier, devant les députés. »

En fait, « “le sort des hommes combattants est pour nous nettement moins important que celui des enfants, et des femmes qui sont parties comme volontaires”, admet une source proche du dossier, toujours interrogée par Le Monde. “Une partie de ceux qui actuellement lancent des appels au secours pour pouvoir rentrer, ou seraient susceptibles de se rendre, sont sincèrement ébranlés par tout ce qu’ils ont vécu. Mais il y a aussi ceux qui n’ont pas renoncé à leurs convictions et veulent continuer à agir depuis l’Europe”, précise un expert qui s’inquiète de ce risque. Environ 680 Français seraient en Irak et en Syrie, dont 275 femmes ; 230 ont été tués. »

Les politiques de déradicalisation en échec…

La France ne veut donc pas voir rentrer ces combattants islamistes, d’autant que les récentes politiques de dé-radicalisation sont en échec… C’est le grand dossier du Figaro ce matin.

« Un rapport sénatorial sur le désendoctrinement des individus embrigadés par les islamistes constate l’échec des politiques publiques menées depuis trois ans », pointe le quotidien d’opposition. « Des échecs dus aux choix et à la mise en œuvre des programmes, mais aussi au fait que, passé un certain stade de la radicalisation islamiste, le chemin de retour est impossible. Les expériences ratées du centre de déradicalisation de Pontourny en Indre-et-Loire, comme des unités dédiées en milieu carcéral sont là pour le dire. »

Ces ratés n’ont rien d’étonnant, commente Le Figaro : « pensait-on raisonnablement vaincre l’islamisme à coups d’ateliers sur “l’engagement citoyen” proposés à des individus radicalisés – mais pas trop –, en milieu dit fermé – mais pas trop non plus ? Pathétique illusion ! Pendant que nous nourrissons nos utopies bien-pensantes de politiques sans effets, la barbarie suit son cours de Bruxelles à Nice. […] Ces trois années perdues en vains projets éclairent cruellement à quel point la gauche, prisonnière de sa vision victimaire, est démunie, estime Le Figaro, pour faire face au “plus grand défi de notre génération” – selon les propres mots de Manuel Valls. »

Une note positive, relève enfin le journal : « la seule réussite notable de ces mesures tous azimuts lancées depuis 2014, reste le succès du numéro vert qui s’articule autour du Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation, relève en effet Le Figaro. Sa double vocation : “recueillir les renseignements relatifs à des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation mais aussi soutenir et assister les familles et proches de ces personnes”, a été la clé de son efficacité. Un constat qui affirme la nécessité d’une prévention le plus en amont possible, conclut le journal, pour une prise en charge individuelle et qui se prolonge au-delà de la durée des programmes. »

La Sahel : bombe à retardement

L’Irak et la Syrie sont les principaux ferments du jihadisme, mais attention également au Sahel, où, malgré l’action militaire française, rien n’est réglé… C’est l’avertissement lancé dans Libération par deux chercheurs français de la Ferdi, la Fondation pour les études et recherches sur le développement international, un laboratoire d’idées peu connu mais très influent.

Quel est leur constat ? : « Les universitaires, agronomes, membres d’ONG, sont de plus en plus inquiets, affirment-ils, alors que le discours véhiculé en France sur les succès militaires face aux groupes jihadistes locaux est, lui, positif. On a alors réalisé l’ampleur du décalage de perception entre ce sentiment positif ressenti ici et la réalité vécue par les populations locales. Notre priorité, c’est d’éviter de nouveaux attentats à Paris ou à Nice. Et donc d’enrayer la progression des jihadistes pour les empêcher d’agir chez nous. De notre point de vue, on a donc globalement réussi, pointent les deux chercheurs : les groupes jihadistes existent toujours, mais ils n’occupent plus de territoire, ils ne nous menacent plus aussi facilement. Mais du point de vue d’un habitant du Nord-Mali, l’insécurité est toujours là et le pouvoir de nuisance de ces groupes, même ponctuel, reste intact. »

Alors que faire ? Pour les deux chercheurs de la Ferdi, il faut notamment mettre l’accent sur l’éducation : « la jeunesse de cette population sahélienne sera un atout, si on lui donne une perspective. Ou un danger, si elle n’en a aucune. La qualité des enseignants dans les écoles publiques est un vrai enjeu, affirment-ils. Parce que, sinon, soit ces jeunes sont déscolarisés, soit ils vont dans des écoles coraniques ou privées, sur lesquelles l’Etat n’a aucun contrôle. »

Bayrou invité surprise ?

Enfin, un mot de politique, qui, pour une fois, occupe peu de place dans cette revue de presse… On a fait une petite pause aujourd’hui, mais rassurez-vous, la campagne électorale et ses rebondissements à répétition devraient faire la Une demain. On attend en effet ce mercredi l’annonce de François Bayrou… Sera-t-il candidat oui ou non à l’élection présidentielle ? Pour Le Figaro, hier, cela ne faisait guère de doutes…

On verra bien. Comme le soulignent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « en rompant le suspense sur sa candidature, Bayrou atteint un premier objectif. Le leader centriste montre qu’il existe encore. Il donne un coup de gong dans le ramdam des disputes à gauche, des affaires à droite et des tirades de Macron. Il marque l’instant. Ce qui ne signifie pas qu’il soit en position de donner des ailes à son parti du MoDem. »

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