Gomme d’acacia et bétail, la difficile cohabitation au Sénégal

Faire coexister l'élevage et l'exploitation de la gomme d'acacia, autrefois appelée gomme arabique… Pas toujours facile au Sénégal. Ce pays a relancé la culture de l'acacia gommier, après des années de déclin. Le Sénégal est même le seul pays avec le Soudan à avoir créé d'immenses plantations d'acacias gommiers autour de Dara, dans la région de Louga, au centre nord du pays. L'acacia gommier stoppe le désert, il rapporte et crée du travail, mais ne fait pas toujours bon ménage avec le bétail, très abondant dans cette région.

« Regardez les chèvres aux alentours, heureusement que ce sont des parcelles clôturées et que des gardiens sont à l'intérieur... La chèvre, c'est l'ennemi numéro un de la gomme. Si on pouvait la recycler en récolteur, on aurait une forte production ! »

Oumar Cissé surveille les plantations d'acacias gommiers d'Asiyla dans la région de Dara, au nord du Sénégal. Contre les vols de gomme arabique, mais surtout contre la divagation des animaux qui abîment les arbres. Replanté au milieu des années 90 au Sénégal, l'acacia rapporte autour de 2 euros le kilo de gomme et il stoppe l'avancée du désert. Mais Dara est aussi le premier marché au bétail du Sénégal. D'où le conflit d'intérêts.

Oumar Cissé : « Imaginez quelqu'un qui a 1 000 moutons et 500 bœufs et qui n'a que ce désert qui avance face à un pâturage qui est là à proximité, c'est un peu tentant. Faites la comparaison entre les plantations d'Asiyla et l'autre côté de la route : là, c'est le désert, parce que les animaux ont tout brouté ; là, c'est une réserve fourragère qui permettrait demain à ces éleveurs de bénéficier de ce pâturage en attendant l'hivernage quand on ouvrira la plantation aux éleveurs, vers avril, deux à trois mois avant l'hivernage. Ça aura pour effet de diminuer la transhumance, parce que les gens font des centaines de kilomètres à la recherche de pâturage. Alors s'ils ont cela à portée de main, il doivent être les premiers gardiens des plantations d'Asiyla ! »

D'autant qu'Asiyla (ou Ferlo Gum) fournit pendant la soudure un millier d'emplois saisonniers aux fermiers et aux éleveurs. Son directeur général Ibrahima Ka.

« On prend énormément de personnes quand on démarre la saison. D'abord il y a la saignée et puis la récolte jusqu'au mois d'avril et de mai, donc c'est du travail qui est offert à la population pendant au moins 6 à 7 mois. »

Le séchage et le tri de la gomme, la pépinière, créent aussi de l'activité dans la région de Dara et à Dakar, avant l'exportation de ce produit naturel entièrement acheté par une PME française, Alland et Robert, pour son usage dans les boissons et dans les confiseries du monde entier.

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