A la Une: la gauche en ordre dispersé

« Mélenchon-Hamon : c’est mort », soupire Libération. « Plus personne ne croit à un rapprochement entre les principaux candidats de la gauche. Le vainqueur de la primaire PS et le leader de “la France insoumise” se renvoient la responsabilité de la division. »

Commentaire désabusé de Libération : « même si les discussions se poursuivent, l’accord serait une énorme surprise. Cette division, qui réduit les chances du camp progressiste, alourdit un peu plus la responsabilité qui pèse sur les épaules de Benoît Hamon. Peut-être réussira-t-il à réunir sous son aile rose vif les écologistes et une partie des communistes. Cela ne lui donnera pas encore un ticket pour le second tour. Car les électeurs ne veulent pas seulement un nouveau leader pour la gauche. Face à la candidate de la xénophobie et à celui de l’hypocrisie, ils veulent un futur président. C’est ce costume, affirme Libération, que Hamon doit désormais endosser pour rendre un espoir à la gauche. Les palinodies macroniennes le servent. Mais pour que les électeurs réformistes tentés par le centre rejoignent la vieille maison socialiste en cours de ravalement, la route est encore longue. »

C’était prévisible, lance La Montagne : « Mélenchon n’a pas fait tout ce qu’il a fait depuis son  départ du PS pour venir servir de bouée de sauvetage à ce dernier au moment où il prend l’eau. Conséquence : pas de gauche au second tour sans doute. Même si l’un des deux, Hamon ou Mélenchon, cannibalise l’autre dans les sondages, il lui manquera toujours l’apport décisif des 4 ou 5 points de sociaux-libéraux qui ne voteront jamais Mélenchon ou de “dégagistes” qui ne voteront jamais PS. »

Les Dernières Nouvelles d’Alsace renchérissent : « Mélenchon pouvait difficilement faire équipage avec un Hamon façonné de pragmatisme socialiste, peu pressé de jeter aux orties le quinquennat Hollande comme Mélenchon l’exige. Sauf coup de théâtre dont la campagne est riche, les candidats Mélenchon et Hamon sont voués à l’affrontement direct : chacun ne pourra progresser en voix qu’au détriment de l’autre. C’est gauche contre gauche. »

Fillon fait le dos rond

A droite, François Fillon résiste, constate Le Figaro. « Entre 18 et 20 % d’intentions de vote au premier tour, selon les différents sondages, c’est incroyablement bas pour le candidat du camp censé porter l’alternance après cinq ans de François Hollande, reconnait le quotidien d’opposition. Mais en dépit du bruit judiciaire, politique et médiatique persistant, ce socle résiste, relève Le Figaro. Dès lors que l’hypothèque d’un retrait est levée et que tous les ténors de la droite acceptent progressivement d’entrer en campagne à ses côtés, ce score peut être considéré comme un plancher. Et avec un seuil de qualification au second tour bas, autour de 20 %, chaque demi-point gagné sera pour le candidat LR une raison d’espérer. »

Demandez les programmes !

En tout cas, on devrait rentrer dans le vif du sujet cette semaine. En effet, à l’initiative de la Mutualité Française et en partenariat avec trois think tanks, la Fondapol, la Fondation Jean-Jaurès et Terra Nova, les candidats à l’élection présidentielle sont invités demain mardi à présenter leurs propositions en matière de santé et de protection sociale.

« Ce traditionnel grand oral des candidats à la Mutualité demain marquera une nouvelle phase de la campagne présidentielle. Il est temps, s’exclame Le Midi Libre. Il faut maintenant oublier le spectacle, les cotes de popularité, les petites phrases, les stratégies vraies ou fausses et entrer en “religion” politique. L’enjeu n’est finalement pas mince : l’intérêt général. »

« Pourquoi les idées tardent à venir ? », s’interrogent Les Echos… « A deux mois de la présidentielle, on parle beaucoup projet, on reproche beaucoup à l’adversaire de ne pas en avoir, mais on en voit encore peu venir. » Pourquoi ? Hé bien, répond le quotidien économique, « quand les sortants, les partis, les clivages sont contestés, quand le vent du changement souffle si fort et propulse des responsables que l’on n’attendait pas, ces mêmes responsables devenus candidats prennent du temps avant de monter sur le ring. Ils doivent d’abord savoir qui ils sont, ou qui ils veulent être. »

En fait, relève L’Alsace, « s’agissant de présenter un programme, tout candidat à l’élection présidentielle est confronté à un dilemme : soit il est extrêmement précis, au risque de se trouver en décalage avec les réalités du moment à l’heure de sa mise en application ; soit il garde des marges de manœuvre pour agir et son programme est qualifié de flou, imprécis, voire inexistant. Pour l’heure, seul Emmanuel Macron a refusé de s’enfermer dans le carcan d’un programme détaillé. Pourra-t-il résister ? Pas sûr. »

Un mois de présidence Trump : le flottement…

On revient au Figaro qui fait le point après un mois de présidence Trump… « Un mois après, Trump dans les tempêtes », titre Le Figaro. « L’élection emportée, Donald Trump devait transformer en armée régulière une troupe d’insurgés. Force est de constater qu’il y a encore du flottement dans les rangs. Et que le premier mois de sa présidence a été houleux. Pour corriger cette fâcheuse impression, le président a convoqué la presse. Son administration tourne comme une “machine bien huilée”, a-t-il martelé. Même si un rouage essentiel, le conseiller à la sécurité nationale, en a été éjecté. Même si un ministre a déjà dû jeter l’éponge. Même si le décret sur l’immigration, si mal bordé, a été retoqué par la justice. […] “Il faut du courage pour se lever et parler. Il faut tout autant de courage pour s’asseoir et écouter”, disait un “vieux lion”, Winston Churchill. Trump saura-t-il s’asseoir et cesser de tweeter à tout-va ?, s’interroge Le Figaro. Il lui reste à quitter ses habits de tribun en campagne pour endosser ceux de successeur de Roosevelt. »

« Le mois passé par Donald Trump dans le Bureau ovale n’a pas réduit les excès du candidat, constate pour sa part La Croix. Des doutes s’installent. » Notamment sur le plan économique : « certes, les indices restent bons, en lien avec l’héritage de Barack Obama. Wall Street, elle, se porte comme un charme, enthousiasmée par la perspective d’un grand programme d’investissements. Mais des groupes industriels craignent déjà les effets pervers du “made in USA”. Les activités high-tech portent la contestation de la politique migratoire. Ailleurs dans le monde, déstabilisation comparable. En fin de semaine dernière, à Munich, aucune des grandes inquiétudes sur la politique étrangère et de sécurité des États-Unis n’a été levée par le vice-président, Michael Pence. »

Et La Croix de conclure : « il sera difficile de construire une gouvernance mondiale plus apaisée dans ce contexte. Il n’est même pas certain que de telles orientations servent les intérêts des Américains ayant pris au mot la promesse de Donald Trump : “America First”. Formuler quelques doutes n’est pas contester le choix des Américains et nier le soutien de son électorat. C’est simplement constater qu’il y a quelque chose de troublant dans cette gestion de l’empire américain. »

 

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