On commence par le Front national de Marine Le Pen qui a présenté son programme hier à Lyon. « Marine Le Pen s’est une nouvelle fois attachée à lisser le message traditionnel du parti, pointe Libération. Mais son programme, lui, reste fidèle à l’ADN frontiste, tout comme les militants présents. »
En effet, précise le journal, « le programme de Marine Le Pen s’inscrit dans la pure tradition du parti. » Exemple en six points : la priorité nationale gravée dans le marbre de la Constitution ; l’accès au territoire encore plus difficile pour les étrangers ; le retour du service militaire ; un référendum pour sortir de l’Union européenne ; l’identité française avec le rétablissement du roman national ; et la possibilité d’un référendum sur le rétablissement de la peine de mort.
Commentaire de La Croix : « on ne pourra pas reprocher à Marine Le Pen de ne pas avoir une certaine vision du monde. Le programme du Front national, présenté ce week-end à Lyon, est apparemment structuré, même s’il soulève nombre de questions. Retour à la monnaie nationale, préférence nationale à l’embauche, expulsion des étrangers délinquants, diminution du nombre d’immigrés accueillis, et une peine de mort rétablie si 'le peuple en fait la demande' : repli et peur de l’étranger, les fondamentaux du FN sont là, relève La Croix. Face à l’insécurité de la mondialisation, ils enferment la France dans une forteresse, murée contre tout ce qui est différent. Il est d’autant plus urgent, en face, de disposer d’autres plateformes crédibles. »
Pour Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « le passage est violent de la France apaisée du tout début de campagne de Marine Le Pen à cette France assiégée. Sans doute le canardage de Fillon, avant peut-être sa chute, incite-t-il la leader frontiste à adresser des signaux forts à un électorat désorienté et attaché à une certaine identité nationale, à une culture chrétienne. Ce cri droitier montre que Marine Le Pen parle non pas à ses électeurs du second tour, pour lequel on la donne déjà qualifiée d’avance. Dans ce cas, estime le quotidien alsacien, il faudrait être plus attirante que clivante, plus rassurante qu’inquiétante. »
Pour Les Echos, attention, « avec le trouble provoqué par l’affaire Fillon, la campagne est en train de changer de nature. (…) Quand la terre tremble en politique, toutes les lignes peuvent bouger ; quand le dégoût frappe les électeurs, le FN en tire souvent profit, fût-il lui aussi touché par les affaires. De ce week-end de meetings, on retiendra l’offensive lancée par Marine Le Pen pour briser son 'plafond de verre'. (…) On retiendra aussi la riposte lancée contre elle, par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon notamment, qui viennent la défier à Lyon où elle démarrait sa campagne. Comme si une question prenait soudain le dessus : Marine Le Pen peut-elle gagner ? Qui est susceptible de la battre ? »
Show politique non-stop
Emmanuel Macron était donc également à Lyon hier… Macron en position avantageuse, estime L’Est Républicain. « Le retrait de Hollande, les évictions de Juppé et de Valls, les déboires de Fillon puis le positionnement à gauche de Hamon ont ouvert un boulevard au centre à Emmanuel Macron, pointe le quotidien lorrain. Sa stratégie va désormais consister à persuader l’électorat modéré qu’il est l’unique candidat réformiste à faire la synthèse entre le social-libéralisme de gauche et le capitalisme social de droite, le seul capable de barrer la route de l’Elysée aux extrêmes. Au-delà des images et des slogans, d’une communication dans laquelle il excelle, Macron va devoir préciser son positionnement politique, clarifier un programme parfois nébuleux. Il reste un long chemin à parcourir au candidat 'En marche'. »
Pour ce qui est de Jean-Luc Mélenchon, à Lyon aussi hier, il s’est dédoublé, remarque Paris-Normandie. « Présent physiquement à Lyon, il tenait également meeting à Aubervilliers par le biais d’un hologramme. Drôle d’idée. (…) Effet garanti en tout cas : le candidat de La France insoumise réalise une belle prouesse technique et innove sur la forme. Mais la forme n’étant jamais que le fond qui remonte à la surface - Victor Hugo dixit - Jean-Luc Mélenchon innove-t-il vraiment, s’interroge le quotidien normand, ou bien utilise-t-il à nouveau les recettes du passé pour peser dans le débat politique ? »
En tout cas, « quel week-end les amis !, s’exclame L’Union. Deux jours non-stop de show politique parfaitement orchestré. (…) Tout au long du week-end, les candidats ont fait chauffer l’applaudimètre. Les Français attaquent la semaine, hagards, épuisés par tant de programmes, de promesses, de fougue rebelle et de mises en scène. Mais rassurez-vous, aujourd’hui c’est Fillon qui revient ! »
Fillon contre-attaque
En effet, après une semaine encore bien agitée, François Fillon s’apprête à riposter… « Dos au mur, François Fillon lance sa contre-offensive », titre Le Figaro en première page. « Au terme d’un week-end de consultations, il a décidé de s’exprimer dans les médias, ce lundi, et devant sa famille politique, lors d’un conseil stratégique à son QG de campagne. Le candidat LR veut reprendre la main avant la réunion des députés à l’Assemblée, mardi, alors que l’idée d’un 'plan B' ne cesse d’être évoquée par certains. Par ailleurs, relève encore Le Figaro, le candidat malheureux à la primaire, Alain Juppé, n’exclut plus de remplacer François Fillon, sous certaines conditions. »
En tout cas, Le Figaro prend nettement position en faveur de François Fillon ce matin. Le Figaro qui dénonce une « chasse à l’homme » de la part de « procureurs autoproclamés qui s’appuient sur la déception, réelle, qu’éprouvent les électeurs de droite pour pousser leur avantage. Et obtenir le renoncement de celui qui promettait de bouleverser l’ordre ancien, dans lequel ils occupent des places de premier plan. »
Le Figaro qui n’en dira pas plus sur ces « procureurs autoproclamés. »
Pour Le Républicain Lorrain, c’est peine perdue… « François Fillon a beau enfoncer l’accélérateur, sa candidature ne répond plus. Le spectacle donné, ce week-end, par ses adversaires, montre qu’ils entendent profiter de ce gros contretemps. »
« Enfin, s’exclame L’Eclair des Pyrénées, qui ne voit que l’ancien Premier ministre s’enfonce dans les sondages (…). Le toujours candidat de la droite envisage une opération vérité. Un peu tard. C’était il y a quinze jours, au moment où l’affaire éclatait, qu’il fallait la dire, plutôt que de faire mine de se draper dans une dignité blessée. »
Et le quotidien béarnais de conclure : « à 70 jours du premier tour, reconnaissons que le flou est complet. Aucune certitude, aucun repère, aucune vérité qui ne soient démentis du jour au lendemain. »