Les entreprises françaises pourraient profiter de durcissement de la politique américaine contre l’Iran. La visite du chef de la diplomatie française a en effet une forte connotation économique ; une soixantaine d’entreprises françaises, PME comme grands groupes, font partie de la délégation. On attend la signature d’accords et de lettres d’intentions avec le secteur privé. Demain aura lieu également la première réunion de la commission mixte économique franco-iranienne, créée en janvier 2016.
Le déplacement de Jean-Marc Ayrault sera l’occasion d’inaugurer le Centre français des affaires de Téhéran (CFAT), bureau créé il y a quelques semaines par MEDEF international afin de soutenir le développement des entreprises françaises. Depuis la levée des sanctions internationales en janvier 2016, les entreprises françaises n’ont pas perdu de temps pour retrouver ce marché qu’elles avaient perdu lors de la mise en œuvre des sanctions en 2007 ; les constructeurs automobiles français Renault et PSA ou le pétrolier Total sont de retour en Iran.
Airbus a signé récemment un gros contrat pour la vente de 100 avions et Alstom a bien avancé ses pions pour remporter le marché pour la production et la maintenance des trains en Iran. D’autres entreprises discutent en ce moment des projets de coopérations.
L’Iran est un marché prometteur pour les entreprises tricolores
Avec une population de près de 80 millions d’habitants, l’Iran a de nombreux atouts, une main-d’œuvre qualifiée et d’énormes besoins en investissements et dans des secteurs très divers : infrastructures, développement humain, tourisme, transport, santé, agriculture, nouvelles technologies, téléphonie et surtout énergie. Selon le gouvernement, à elle seule, l’industrie des hydrocarbures aura besoin de 180 milliards de dollars d’investissements sur les 10 prochaines années.
Des secteurs où les entreprises françaises sont à la pointe. D’ailleurs, le Parlement iranien a adopté dimanche un plan de développement économique sur cinq ans prévoyant des dizaines de milliards d’euros d’investissements en provenance de l’étranger.
Reste pourtant un obstacle à régler, celui des restrictions financières américaines
Malgré l’accord sur le nucléaire, une bonne partie des sanctions financières et commerciales américaines sont toujours en vigueur. Ce qui fait craindre aux banques françaises et européennes, très présentes aux États-Unis, de se voir un jour infliger des amendes pour avoir financé des projets en Iran. Rappelons l’affaire BNP Paribas : la banque française a payé une amende historique de 9 milliards de dollars à l’administration américaine en 2016.
Cette question du financement sera d’ailleurs discutée lors de la visite de Jean-Marc Ayrault à Téhéran. La France est en pourparlers depuis un an avec l’administration américaine sur ce sujet ; mais là, encore on est dans l’attente, tout dépendra de la nouvelle politique du président américain.
Donald Trump a en effet promis pendant sa campagne de renégocier l’accord nucléaire. Si tel était le cas, cela compliquera encore plus les choses pour les entreprises françaises et européennes. Ces incertitudes quant à la perspective de cette politique pousse pour le moment les entreprises occidentales être très prudentes dans leurs projets d’investissements en Iran.