Paris et Francfort en compétition pour le post-Brexit

La Première ministre Theresa May est reçue ce vendredi 27 janvier à la Maison Blanche. Une visite en faveur d'un rapprochement entre la Grande-Bretagne et les États-Unis... au détriment de ses ex-partenaires européens, qui sont en compétition pour attirer les emplois de La City après le Brexit.

Plusieurs villes européennes sont parties à l’assaut des milliers d’emplois à relocaliser dès que le Brexit entrera en vigueur. Chaque ville avance ses arguments et déroule le tapis rouge pour attirer aussi bien les grands groupes bancaires que les start-ups contraintes de migrer. La compétition s’annonce rude, mais l’enjeu en vaut la peine. Dublin, Amsterdam, Luxembourg, Francfort et Paris espèrent bien tirer leur épingle du jeu...

En ce qui concerne le secteur bancaire, Paris et Francfort se sont déjà positionnées. Il y aurait un peu plus de 13 000 salariés à relocaliser de Londres vers l’Union européenne, ensemble ils gagnent environ 1,6 milliard d’euros par an. Une formidable opportunité qui pourrait générer 1 milliard d’euros de dépense par an et d’importantes recettes fiscales pour les états. 

Nouvel ordre de bataille pour la France

À cause des législations fiscales et sociales moins attractives en France, il a fallu se mettre en ordre de bataille. Pour favoriser la relocalisation ou l’implantation de nouvelles entreprises dans l’Hexagone, le gouvernement a décidé de prolonger de trois ans le régime des impatriés, qui passe de 5 à 8 ans. Durant toute cette période, ils seront exonérés d’impôt sur le revenu de leur prime d’impatriation. Et les rémunérations répondant au régime des impatriés seront exonérées de la taxe sur les salaires.

Dans le projet de loi de finances 2017, Bercy a décidé de baisser le taux d’impôt sur les sociétés qui passera progressivement de 33,3 % à 28 % en 2020. Mais il faudra probablement faire plus pour séduire les banques d’investissement qui plaident pour un assouplissement des licenciements des salariés aux rémunérations élevées. En France, le droit impose au minimum 18 mois d’indemnisation, contre 3 à Zurich. Francfort avait déjà anticipé, et envisage un assouplissement du droit du travail allemand concernant uniquement les revenus élevés.

Les avantages de Francfort et de Paris

La semaine dernière la Banque HSBC a annoncé vouloir transférer 1 000 emplois de Londres à Paris, et Goldman Sachs a fait le choix de relocaliser 1 600 de ses collaborateurs à Francfort. Francfort et Paris semblent les mieux placées. Chacune dispose d’atouts différents. Reste à savoir auxquels seront le plus sensible les impatriés. Francfort bénéficie du sérieux budgétaire allemand, de plus, la ville abrite la Banque centrale européenne et Eurex, la Bourse mondiale des échanges de produits financiers. C’est également la ville européenne qui abrite le plus de filiales de grands groupes bancaires.

Par ailleurs, elle offre un parc immobilier très abordable aussi bien à la location qu’à l’achat. Malgré ces avantages, Francfort ne bénéficie pas de l’aura de Paris... Moins branchée et plus provinciale, Francfort pourrait rebuter la population de traders habitués à une vie londonienne plus trépidante. Paris a donc décidé de jouer sa carte, celle de sa situation géographique, la capitale est au cœur de l’Europe et à 2h15 de Londres en Eurostar. La Ville lumière capitalise sur son patrimoine culturel, architectural, son dynamisme et sa protection sociale.

Pour mettre toutes les chances de son côté, dès le vote du Brexit, la région Ile-de-France s’est dotée d’un guichet unique pour accompagner toutes les entreprises qui souhaiteraient se relocaliser ou s’implanter en région parisienne. 

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