A la Une: Adama Barrow rentre à Banjul

« Barrow prend les rênes », relève le quotidien Enquête au Sénégal. « C’est la fin du séjour dakarois du président gambien Adama Barrow qui rentre sur Banjul cet après-midi. En attendant le règlement de quelques modalités qui l’empêchent de rejoindre le Palais, State House, dans l’immédiat, la rue lui promet un digne accueil. »

En effet, précise Enquête, « Adama Barrow ne rejoindra pas le State House dans l’immédiat. "En raison des évaluations en cours au Palais, le président restera dans sa résidence personnelle", a affirmé son porte-parole. Une clarification obligatoire au vu des informations qui ont circulé dans la presse gambienne parlant de "graves menaces" découvertes par les troupes de la CEDEAO à State House. » Les lieux étaient-ils piégés ? Pas plus de précisions…

Ce qui est sûr, c’est qu’Adama Barrow est attendu comme le messie… « Le peuple promet un accueil digne à Barrow, pointe l’envoyé spécial d’Enquête. Au Black market de Serrekunda, la "Barrowmania" n’est pas seulement dans l’euphorie des gens lorsqu’ils parlent de son retour, ni seulement sur les tee-shirts. Les tasses, les badges, et même les brosses à laver portent le nom du nouveau président. »

Et Enquête de citer plusieurs témoignages, comme celui de ce vendeur à la sauvette : « c’est l’homme de l’espoir, dit-il, lui qui a fait que toutes nos langues sont déliées. On n’osait même pas rêver de cela il y a quelques semaines. » Ou encore cette jeune lycéenne : « on l’attend depuis que Yahya Jammeh l’a félicité. Nous avons eu peur à cause de ses derniers revirements, mais à présent, l’heure est venue pour Barrow d’être en contact avec ses concitoyens. »

Ferveur populaire

« C’est certain donc, renchérit le quotidien Aujourd’hui à Ouaga, il y aura foule dans les rues de Banjul, ce jeudi. Pour la première fois depuis la fermeture de la parenthèse de braise de Jammeh, les Gambiens sauteront réellement de joie en voyant passer celui qu’ils ont réellement choisi pour présider à leurs destinées. Plus d’Agence nationale de renseignement, la police politique, plus de Patriot Team, les escadrons de la mort, bref, plus de peur prégnante dans la vie des Gambiens qui goûtent là, le prix de la liberté retrouvée, après des années enchaînées par un maniaque de complotite parvenu au pouvoir petitement, quoique bruyamment, à coups de fusil. Barrow ne sera sans doute pas loin des acclamations que les peuples réservent généralement aux hommes providentiels dont on attend des miracles pour changer le cours de vies martyrisées. »

Un programme chargé

Le nouveau président gambien va devoir maintenant s’atteler à la tâche, remarque pour sa part Wakatséra : « maintenant qu’il est en mesure d’assumer la plénitude de son pouvoir, sur la terre de ses ancêtres, Adama Barrow organisera sans doute une nouvelle cérémonie de prestation de serment, encore plus solennelle et en phase avec ses ambitions de faire prendre un nouveau départ à une Gambie où tous les secteurs sont en panne. Le nouveau chef d’Etat devra s’atteler à redresser l’économie du pays qui est en lambeaux, comme le sont du reste les autres secteurs névralgiques de la Gambie. Les droits humains et surtout la liberté d’expression, volets dans lesquels la Gambie de Yahya Jammeh n’a jamais rougi de porter le bonnet d’âne, sont tout autant prioritaires pour un peuple qui en a été longtemps sevré. (…) Maintenant les Gambiens veulent sentir le changement et le vivre pleinement. Preuve qu’Adama Barrow n’a pas droit à l’erreur. »

Coup de balai !

Reste que « la normalisation de la Gambie prendra à coup sûr beaucoup de temps », estime Le Pays, toujours au Burkina. Et « il est probable, poursuit le journal, que la demande d’Adama Barrow pour un maintien de la MICEGA, la mission de la CEDEAO en Gambie, pour six mois, soit rapidement agréée. Et ce d’autant plus que l’histoire a démontré que l’édification d’une démocratie sur les cendres fumantes d’une dictature est très souvent entravée par des forces qui croient, dur comme fer, qu’elles peuvent arrêter le cours normal de l’histoire. »

Et Le Pays de citer « le fantasque Général Badjie, chef d’état-major de l’armée. Il est vrai que l’homme a apporté sa loyauté au président démocratiquement élu, Adama Barrow, allant jusqu’à associer sa joie à celle des populations qui exultaient à l’occasion du départ du satrape. (…) Mais tout laisse croire que sa brusque conversion à la démocratie ne rassure pas Adama Barrow au point qu’il puisse compter sur lui en particulier et sur l’armée gambienne en général, pour sécuriser la démocratie en marche en Gambie. »

Bref, avant de s’installer vraiment, un grand coup de balai sera nécessaire…

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