Vote de l'accord d'indemnisation pour la fermeture de centrale de Fessenheim

Le conseil d'administration d'EDF vient d'approuver l'accord d'indemnisation pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace, un vote qui sonne le glas de la plus vieille centrale nucléaire du parc français.

L'avenir de Fessenheim était en effet entre les mains des administrateurs d'Edf. Ils étaient appelés ce matin, mardi 24 janvier 2017, à voter pour ou contre l'indemnisation de 450 millions d'euros proposée par l'Etat pour la fermeture du site. Depuis des années, le gouvernement mettait la pression sur l'entreprise dont il est l'actionnaire majoritaire pour obtenir la fermeture de Fessenheim. 

Un choix que les salariés du site  ne comprennent pas...  Car selon l'autorité de sûreté nucléaire la centrale ne présente pas de risque particulier et selon les syndicats elle est rentable, puisque amortie depuis longtemps elle génère 400 millions d'euros de bénéfice par an, ce qui n'est pas rien pour le groupe EDF dont les finances sont dans le rouge.

Pourquoi l'Etat a-t-il tant insisté pour obtenir sa fermeture ?  Engagement politique oblige. C'était une promesse de campagne du candidat Hollande en 2012 qui voulait  la voir se concrétiser avant la fin de son mandat. Le futur président s'était engagé à faire fermer le site au plus tard le 31 janvier 2016.  Et puis il y avait aussi l'aspect écologique, le nucléaire ne dégage pas de gaz à effet de serre, un bémol toutefois, puisqu'il produit des effets radioactifs  et des déchets nucléaires dont on ne sait pas quoi faire. 

La décision du chef de l'Etat était également diplomatique. Le site de la centrale se trouve à proximité de l'Allemagne qui, on le sait, a fait le choix du non nucléaire. Mais aussi à 70 kilomètres à vol d'oiseau de Genève. Depuis l'accident de Fukushima en  2011, la Suisse a décidé de sortir du nucléaire d'ici à 2034 et affiche clairement son rejet  du nucléaire.  Pour preuve la plainte en mars dernier, portée au pénal contre X, par le canton de Genève,  concernant la centrale nucléaire française du Bugey, dans l'Ain, pour mise en danger d'autrui et pollution de ses eaux.

Edf et l’Etat ont trouvé un terrain d’entente

Les administrateurs indépendants se sont laissé convaincre par le patron d'EDF,  Jean Bernard Levy, qui lui-même a subi de fortes pressions de la part du gouvernement. La tension était  d'autant plus grande que le vote à l'unanimité était indispensable à la validation de l'intégralité de l'accord. La proposition de l'Etat se décompose en deux volets. Le premier, dont on connaît maintenant l'épilogue, concerne uniquement le vote de l'indemnisation de 450 millions d'euros. Puis, dans un second temps, le conseil d'administration devra se prononcer sur la fermeture même du site. Fermeture qui a fait l'objet de conditions pour EDF : L'assurance de la mise en route de l'EPR de Flamanville et le redémarrage  du réacteur numéro 2 de Paluel en Seine-Maritime, en arrêt depuis mai 2015.

En somme EDF accepte la fermeture de Fessenheim uniquement si on le laisse augmenter sa capacité de production d'électricité nucléaire. Car l'électricien français exporte non seulement vers ses voisins européens une quantité non négligeable d'énergie, mais selon la  société française d'énergie nucléaire, il fournit chaque année près de six milliards d'euros de biens et de services.

Etat et EDF ont donc fait le consensus autour de leurs intérêts communs. Avec la validation des 450 millions d'indemnisation par le conseil d'administration d'EDF ce matin, la doyenne des centrales nucléaires françaises n'a plus d'autre choix que de tirer sa révérence.

Partager :