A la Une: carnage à Gao

60 morts et 115 blessés, selon le gouvernement malien : c’est le dernier bilan du terrible attentat à la voiture piégée commis hier matin dans un camp militaire près de Gao dans le Nord-Mali. Bilan relayé par le site d’information Maliweb. Ce camp regroupe les forces mixtes du MOC, Mécanisme opérationnel de coordination ; à savoir des éléments de l’armée malienne, de la Plate-forme et de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, censés patrouiller ensemble, comme prévu dans l’accord pour la paix et la Réconciliation. Quelques heures plus tard, l’attentat était revendiqué par le groupe al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, relevant d’AQMI, al-Qaïda au Maghreb islamique.

Commentaire agacé du quotidien Le Pays à Bamako : « cet acte prouve à suffisance la légèreté de cette opération du MOC. Comment peut-on regrouper des sensibilités qui ont passé le plus clair de leur temps à se combattre et ne pas prendre des mesures idoines afin de déjouer tout acte pouvant saboter cette mission, condition sine qua non de la mise en œuvre satisfaisante de l’accord de paix ! (…) L’Etat malien et ses partenaires sont toujours à la case départ dans la lutte contre le terrorisme au nord du Mali. »

Pour le quotidien Aujourd’hui à Ouaga, c’est clair : « Moctar Belmokhtar ne veut pas des patrouilles mixtes. (…) Il ne veut pas du MOC qui est une menace directe contre sa survie, lui, l’ennemi public n°1 au Mali, aux mille et une vies, donné combien de fois pour mort, mais à l’évidence, bien vivant. En envoyant un kamikaze décimer ce casernement d’ennemis réels, Al-Mourabitoune signe son désaccord avec l’accord d’Alger et s’inscrit résolument dans cette guerre asymétrique dans laquelle elle se montre aussi cyniquement et lâchement efficace que sournoisement tenace. »

Jammeh : le bout de la route

A la Une également : la Gambie qui retient son souffle…
C’est ce jeudi en principe que le président élu Adama Barrow doit être officiellement intronisé. Yayha Jammeh devrait quitter le pouvoir, malgré ses rebuffades.
« Jammeh, la fin », titre en première page le quotidien Enquête à Dakar. Des troupes sénégalaises et nigérianes seraient prêtes à intervenir… Enquête qui cite les propos tout à fait clairs du chef d’Etat-major de la force d’interposition de la CEDEAO, le colonel Seydou Maïga Moro : « si d’ici ce soir minuit rien n’est fait, conformément à la décision des chefs d’Etat de la CEDEAO, nous engageons les hostilités. »
« Lâché par ses hommes, acculé par la CEDEAO, Jammeh dos au mur », s’exclame pour sa part Walf-Quotidien, toujours à Dakar. Walf qui précise que « les négociations pour obliger Yahya Jammeh à céder pacifiquement le pouvoir au président élu de la Gambie se sont déroulées jusque tard cette nuit. L’ultime médiateur sur la crise gambienne, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a abattu les dernières cartes pour obliger Jammeh à lâcher du lest. » On ne connait pas toutefois la teneur de la conversation qu’ont eue les deux hommes et surtout, rien n’a filtré sur les intentions de Yahya Jammeh.

Vers l’usage de la force

Ce qui est sûr, rappelle La Tribune, c’est « qu’en décrétant avant-hier un état d’urgence de 90 jours, Jammeh avait clairement montré une fois de plus qu’il ne comptait pas bouger d’un iota. »

Et le quotidien dakarois de hausser le ton : « en dépit de la forte pression, des médiations, des manœuvres et des pluies de contestations qui tombent sur lui, il s’obstine dans sa volonté de rester… pour continuer à trahir et à tuer son peuple. Le voilà qui finit de manière dramatique. Emporté par le vent de la déraison. (…) Jammeh est devenu un chef de bandits, poursuit La Tribune, qui se sait condamné à subir les contrecoups de ses nombreuses dérives. (…) S’il est clair qu’il ne peut pas continuer à dicter sa loi et qu’à l’impossible nul n’est tenu, c’est un impératif d’user de la force, pour soulager les Gambiens et tous ceux qui sont épris de justice et d’équité. »

De toute façon, pointe Wakatséra, « que ce soit à Banjul ou entre les quatre murs d’une représentation diplomatique, dès qu’Adama Barrow aura prêté serment, comme le stipule la Constitution de son pays, il deviendra ce jeudi le président légitime et légal de la Gambie. Et à ce titre, il pourra faire libérer son pays, avec l’aide de pays voisins ou des forces de la CEDEAO, ou même onusiennes. Et ce ne sera pas la première fois qu’un pays africain, à l’instar de la Côte d’Ivoire, se retrouve avec deux présidents jusqu’à ce que l’assaut final soit lancé contre l’usurpateur pour le déloger afin de lui arracher un pouvoir… mal acquis ! »

En tout cas, le site d’information guinéen Ledjely.com se félicite « qu’à la différence de la Libye et de la Côte d’Ivoire, ce soit cette fois les pays africains qui prennent leurs responsabilités. C’est incontestablement une évolution quand sait qu’entre dirigeants du continent, on était habituellement plus enclin à se serrer les coudes quand la tempête s’annonçait. Dans le contexte du retour en force de la mode des modifications constitutionnelles, la Gambie pourrait être une prometteuse jurisprudence. Autant donc s’en féliciter ! »

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