L’industrie automobile dans le viseur de Donald Trump

Le salon automobile de Détroit s'ouvre aujourd'hui dans une ambiance tendue. Les constructeurs desservant le marché américain sont dans le collimateur du président Donald Trump, à cause de leurs délocalisations massives au Mexique.

Le cours des actions de General Motors, de Ford et même du japonais Toyota ont piqué du nez après les tweets rageurs postés contre eux par le futur président américain. Donald Trump les accuse de préférer leurs profits à l’emploi américain et il menace de taxer les voitures vendues aux États-Unis après avoir été assemblées au Mexique.

Dans sa croisade pour rendre l’Amérique à nouveau forte (make America great again), il a le soutien des électeurs et des consommateurs. Il existe aujourd’hui des sites pour vérifier avec précision la nationalité des voitures proposées sous des marques américaines. Ford a déjà cédé aux intimidations et a annulé un investissement de 1,6 milliard de dollars au Mexique.

Fiat Chrysler anticipe en annonçant la création de 2 000 emplois sur le sol américain ; son patron Sergio Marchionne sait bien que sa jeep Compass désormais fabriquée au Mexique pourrait lui valoir les remontrances du président. Mary Barra, la patronne de GM, a pris son téléphone pour discuter en direct avec Donald Trump, pas question pour le moment de changer de stratégie. Idem pour Toyota, le numéro un mondial présent depuis 60 ans sur le sol américain. 

Après avoir frôlé la faillite en 2008, l’industrie automobile américaine a renoué avec les profits en partie grâce à ces délocalisations

Les puissants syndicats automobiles américains ont dû accepter la remise en cause des salaires, des avantages sociaux pour éviter la fermeture des usines américaines. Et ils ont dû aussi faire avec les délocalisations décidées à la faveur de ces lourdes restructurations.

En 2009, au salon de Detroit, les trois grands Américains de l’automobile avaient lancé un vibrant appel au secours à l’État fédéral pour obtenir son soutien financier. Ils ont aujourd’hui retrouvé leur panache, mais ils devront sans doute composer avec Donald Trump. S’adapter aux contraintes du marché est partout dans le monde une nécessité. En Chine, par exemple, les constructeurs se plient aux conditions fixées par Pékin. Ils feront sans doute de même sur le sol américain. Carlos Ghosn, le patron de l’alliance Renault-Nissan fait profil bas, il dit attendre les nouvelles règles proposées par Donald Trump.

Cette nouvelle donne protectionniste aura-t-elle des conséquences négatives au Mexique ?

3,4 millions de véhicules sortent chaque année des usines mexicaines et ce chiffre était supposé augmenter de 50 % d’ici 2020. Donald Trump a le pouvoir de freiner les délocalisations des industriels travaillant essentiellement pour le marché américain, mais certainement pas celles des autres constructeurs.

Les Allemands BMW, Daimler ou le Sud-Coréen Kia ont par exemple prévu d’investir dans de nouvelles usines mexicaines. Avec des coûts salariaux plus qu’alléchants, ils sont 5 fois plus faibles qu’aux États-Unis, le Mexique est devenu récemment le premier producteur du continent latino-américain. Le Mexique a tout fait pour devenir un eldorado de l’industrie automobile et il entend bien le rester. 

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