Le sang a coulé hier dans plusieurs villes du pays. « Entre 9 morts à Kinshasa, selon le gouvernement, et 26, selon l’ONG Human Rights Watch, rapporte le site congolais Cas-Info. Des victimes également à Lubumbashi. (…) La prolongation controversée du mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC a pris des allures de guerre civile, hier mardi, sur la majeure partie du territoire national, déplore Cas-Infos. Alors que les négociations reprennent ce mercredi dans la capitale entre le Rassemblement de l’opposition et le pouvoir, les Congolais ne savent pas encore de quoi sera fait leur lendemain. En tout cas, le chef de l’État, lui, garde le silence, relève encore le site congolais. Comme s’il ne s’était rien passé, les Congolais en ont l’habitude depuis 15 ans. Sauf que cette fois-ci la situation est beaucoup plus grave. En l’absence d’élections, l’opposition dénonce un coup d’État et la Communauté internationale redoute une guerre civile. Mais ni le sang qui a encore coulé, ni les appels de la communauté internationale, encore nombreux hier. Rien ne semble arrêter le Raïs. »
Divergences majeures
7 sur 7, autre site congolais, s’attarde sur ces négociations qui doivent reprendre ce mercredi entre pouvoir et opposition, sous l’égide des évêques du pays. C’est l’acte III et il semble mal parti… « Dans toutes les commissions, le blocage est total, pointe 7 sur 7. L’opposant Tshisekedi ne veut pas que les pourparlers s’enlisent. (…) Pourtant, le pouvoir et les non-signataires de l’Accord du 18 octobre n’ont pas le même entendement de l’après 19 décembre et de la gestion de la courte période de transition qui doit précéder la tenue des élections. Pour le Rassemblement, il faut instituer un régime spécial. D’où, l’idée d’un Conseil national de transition. Organe que doit piloter Étienne Tshisekedi. La Majorité rejette totalement cette démarche. (…) A la commission Élection, poursuit 7 sur 7, des divergences majeures persistent sur la séquence des scrutins et la période à consacrer pour le toilettage du fichier électoral après l’enrôlement des électeurs. Même cas à la commission Décrispation où les 7 personnalités emblématiques n’ont pas pu être déclarées libres de leurs mouvements avant la date du 19 décembre, comme le souhaitaient le Rassemblement et le Front pour le respect de la constitution. »
Bref, conclut 7 sur 7, « les négociations se trouvent au point mort. Il revient aux évêques de proposer un schéma pour concilier les deux parties. (…) Un compromis politique en forme de père Noël que l’Eglise catholique pourrait offrir au peuple congolais pour épargner au pays un nouveau cycle de violences. »
Plus grand-chose à négocier ?
Tous les yeux sont en effet tournés vers ce nouveau round de pourparlers…
« Pour éviter la spirale du chaos, les derniers espoirs d’un retour au calme se portent dans la réouverture de la médiation de l’Eglise catholique ce mercredi, note également Afrikarabia. En réunissant une nouvelle fois majorité présidentielle et opposition, les évêques congolais bénéficieront d’un dernier round de négociations. Sans doute celui de la dernière chance. Mais la porte de sortie est étroite, pointe Afrikarabia, avec la nomination surprise (et sans doute précipitée) du nouveau gouvernement Badibanga. Il n’y a en effet plus grand chose à négocier avec Joseph Kabila, en tout cas plus aucun portefeuille ministériel. Alors pour faire retomber la pression, le président congolais n’a que deux solutions : 'tenir bon' sur le front sécuritaire ou bien annoncer qu’il renonce à briguer un nouveau mandat. Pour l’heure, le chef de l’Etat semble avoir choisi la seconde option. »
En chiens de faïence…
Finalement, constate le quotidien Aujourd’hui à Ouaga, « on a désormais deux camps qui se regardent en chiens de faïence. D’un côté, un pouvoir qui se sent menacé par une éventuelle insurrection ou une révolution de palais et de l’autre, une opposition qui, à vrai dire, hésite, jauge et veut y aller pour réaliser éventuellement un remake de l’insurrection burkinabè. »
Et le site Afrik.com de conclure : « La République Démocratique du Congo tout entière retient désormais son souffle : entre le danger de l’embrasement général et la chance d’arriver à un accord sur les conditions de la transition, l’avenir du plus grand pays francophone d’Afrique balance sur le fil du rasoir. Souhaitons que le Premier ministre Samy Badibanga ait toutes les qualités requises d’un funambule… »