« Quelque chose a changé lundi soir en Europe, soupire Le Figaro. Dans le sang d’innocents, dans les larmes d’un peuple. Quelque chose a changé parce que la grande Allemagne se retrouve frappée comme jamais dans son histoire récente. Victime à son tour d’une attaque terroriste majeure, revendiquée par l’État islamique, quand ce type de coup semblait réservé à d’autres terres voisines. (…) Sans doute, poursuit Le Figaro, naîtra-t-il de cette horreur une communion plus grande entre Français et Allemands. Quelque chose, espérons-le, changera en Europe. Le terrorisme islamiste n’est pas qu’un problème français. C’est une culture, un monde, une civilisation qui sont visés. Après Berlin, les Européens se doivent d’être enfin unis, efficaces. Sereins dans la fermeté, mais aussi fermes dans la sérénité. »
Un appel à l’unité européenne relayé par Sud-Ouest : « à son tour, l’Allemagne est rappelée brutalement à la réalité nouvelle que d’autres pays européens, France et Belgique en tête, connaissent déjà. Aucun ne peut plus imaginer être à l’abri d’actes monstrueux. Et que l’attentat de Berlin soit ou non finalement revendiqué par l’islam radical ne change rien : l’ensemble du continent est dans le même bateau, estime Sud-Ouest, obligé de raisonner collectivement pour étendre le périmètre de sa protection. »
L’illusoire repli national
Et surtout évitons le repli sur soi et le retour des frontières. C’est le sens de l’éditorial de Libération : « si cette solution était si simple, si le maintien des frontières nationales était un remède efficace au terrorisme, on devrait constater une différence évidente entre l’Europe, qui a ouvert ses frontières internes, et les nations qui n’en font pas partie. Or, pointe Libération, il y a des attentats meurtriers aux Etats-Unis, qui ont gardé des frontières nationales, tout comme en Grande-Bretagne, protégée de l’extérieur par la mer, en Turquie où les frontières sont surveillées, en Inde, au Kenya, en Thaïlande ou au Canada, qui n’ont pas, que l’on sache, adhéré à l’Union européenne. Ce sont l’action de renseignement, le démantèlement des filières par l’enquête policière, le combat contre les bases djihadistes qui permettent de lutter efficacement contre le terrorisme. La désignation de l’Europe comme bouc émissaire n’est qu’une imprécation démagogique visant à égarer l’opinion. »
Le Monde renchérit : « quoi qu’en disent les formations d’extrême droite, en Allemagne et en France, qui, cherchant à exploiter la violence islamiste, veulent démolir l’UE, même les plus réticents des Vingt-Huit en conviennent : le repli national est illusoire, un dangereux fantasme ; la lutte contre le terrorisme islamiste passe par une coopération renforcée entre Etats membres, s’exclame Le Monde – et pas par un démembrement de l’Europe. C’est dans ces moments-là qu’il ne faut pas laisser le terrain à ceux qui vantent des solutions simplistes pour séduire une opinion meurtrie et désorientée. Ceux-là sont des vautours. »
La Croix est sur la même ligne : « prise pour cible pour sa politique migratoire par l’extrême droite mais aussi par une partie des Allemands, la chancelière Angela Merkel ne veut pas fléchir. Elle va continuer à œuvrer avec d’autres pour une réponse européenne cohérente face aux drames qui secouent le Proche-Orient. Ce n’est en effet que grâce à un élan et par une coopération renforcée, il est vrai encore balbutiante, que nous pourrons espérer vaincre le terrorisme, estime le quotidien catholique. Car ce n’est pas telle ou telle nation qui est visée par ces attaques. La cible de ceux qui sèment la mort a toujours été nos valeurs. Plus unis, nous les défendrons mieux. »
Un dangereux criminel en fuite
Pour ce qui concerne l’enquête, la chasse à l’homme se poursuit…
Qui conduisait le camion bélier ? Qui a tué le chauffeur de nationalité polonaise ? « La confusion régnait, hier, relève Le Parisien, alors que le suspect arrêté a été innocenté et relâché. Le demandeur d’asile pakistanais de 23 ans a démenti les faits lors de son arrestation. »
Alors, « où est l’auteur de l’attentat ? 'Nous avons probablement un dangereux criminel en fuite', a déclaré le chef de la police berlinoise. La police qui suppose qu’il se trouve encore dans la capitale ou alentour. Les enquêteurs ignorent s’il s’agit d’un acte isolé ou si plusieurs personnes sont impliquées. »
Quant au conducteur polonais, il a donc été « retrouvé mort dans la cabine du camion, pointe Libération. La police a indiqué qu’il avait été tué par balles. L’homme de 37 ans, 120 kilos pour 1,83 mètre, portait des traces de coups, notamment au visage, et de blessures à l’arme blanche. 'Une seule personne n’aurait pas eu raison de lui', a assuré son employeur. »
Le tueur avait-il des complices ? Peut-être mais rien pour l’instant ne permet de répondre à cette question.
Ce qui est sûr c’est que « près de 24 heures après l’attentat, le groupe État islamique a revendiqué l’attaque via son agence de propagande Amaq, note Le Figaro. Les terroristes n’ont donné aucune indication sur l’identité du 'combattant' responsable de la tuerie comme pour narguer les enquêteurs, qui ont dû admettre, donc, en fin de journée s’être fourvoyés au début de leurs investigations. »
Les plus beaux yeux du cinéma français
A la Une également, la disparition d’une icône du cinéma français, Michèle Morgan.
« Michèle Morgan, dernier clin d’œil », titre Libération, en référence à la fameuse réplique que Jean Gabin lui adressa dans le film Quai des Brumes en 1938 : « t’as d’beaux yeux, tu sais »
Commentaire critique de Libération : « la comédienne, icône populaire représentant un type de femme belle pas rebelle, morte hier à l’âge de 96 ans, laisse une filmographie atypique : pléthorique mais fade, dans laquelle ne brillent que quelques œuvres de jeunesse, le Quai des brumes de Marcel Carné donc, Remorques de Jean Grémillon, ou encore la Symphonie pastorale, pour lequel elle obtiendra le premier prix d’interprétation du Festival de Cannes en 1946. »
Pour Le Figaro, Michèle Morgan était la femme française… « Star aux soixante-cinq films, héroïne affranchie de l’avant-guerre, symbole érotique d’une époque dominée par la femme fatale achevant sa carrière dans la douceur d’une vie bourgeoise, elle aimait la commenter simplement. 'J’ai toujours incarné l’image d’une femme française dans laquelle on pouvait se retrouver'. (…) Sa vie, elle aimait la raconter, poursuit Le Figaro. Pas avec cet air hiératique parfois glacé que lui a donné le cinéma. Volubile, les yeux brillants de malice, elle multipliait les effets de conteuse. Née un 29 février d’une année bissextile (1920), à Neuilly, Simone Roussel, de son vrai nom, voyait là un clin d’œil du destin et le privilège de vieillir quatre fois moins vite que les autres. »