A la Une: la difficile mission de Samy Badibanga

D'après Le Potentiel à Kinshasa, le nouveau Premier ministre congolais devrait être en mesure de former un gouvernement à la fin de cette semaine. « Comme d'habitude, pointe le quotidien kinois, comme à l'ère Mobutu, Kabila voudrait bien ouvrir la mangeoire gouvernementale à ses partisans et surtout aux débauchés de l'opposition. Cela dans le but non seulement de faire taire les opposants mais aussi de donner la possibilité à chacun des membres de se faire une santé financière pour mieux se préparer aux joutes électorales (à venir). »

En tout cas, poursuit Le Potentiel, le nouveau Premier ministre n'aura pas la tâche facile : « banni de l'UDPS, parti sous le label duquel il avait été député national en 2011, Samy Badibanga est politiquement affaibli. » De plus, il « hérite d'un environnement socioéconomique hostile. Ses premiers pas seront scrutés à la loupe. Entre le défi de conduire l'action gouvernementale et l'impératif de gagner le pari des élections, les premiers obstacles se dressent déjà sur le parcours de Samy Badibanga. »

Congolais ou Belge ?

Qui plus est, le nouveau Premier ministre congolais doit faire face à une polémique sur sa nationalité… En effet, explique le site d’information congolais 7 sur 7, « Samy Badibanga serait de nationalité belge. Donc pas congolais, car la nationalité congolaise ne peut être détenue concurremment avec une autre nationalité. C’est l’ex-ministre du Plan, Olivier Kamitatu, qui en a donné l’alerte, ce week-end, sur son compte Twitter. Depuis l’affaire fait grand bruit. Si cette information se confirmait, si Samy Badibanga n’a jamais renoncé à sa nationalité belge, alors le chemin de son investiture par l’Assemblée nationale serait sérieusement compromis. Badibanga verrait la primature lui filer entre les mains. »

L’Observateur Paalga au Burkina s’interroge sur la suite des événements : « si cette affaire de double nationalité est avérée, Joseph Kabila fermera-t-il les yeux sur cette irrégularité constitutionnelle avec tous les risques que cela comporte ou bien va-t-il se plier à la légalité, ce qui l’obligera alors à rechercher un nouveau PM ? En attendant, le cas Badibanga est symptomatique de cet attachement souvent malsain à la pureté de la nationalité que l’on observe sous nos tropiques, pointe le quotidien ouagalais. Car ces querelles sur la double citoyenneté réelle ou fantasmée cachent généralement des desseins de règlements de comptes politiques.

Joseph Kabila lui-même, rappelle L’Observateur, n’avait-il pas, un moment, été taxé d’usurpateur ougandais ou rwandais ? Le Gabonais Ali Bongo n’avait-il pas eu maille à partir avec ses adversaires, accusé, à tort ou à raison, d’être un enfant biafrais adopté par son père Omar ? Ou encore Lionel Zinsou n’avait-il pas d’abord été rejeté par nombre de ses compatriotes du fait de sa nationalité franco-béninoise avant d’être toléré comme Premier ministre ? »

Un autre versant de l’immigration…

Plus largement, pointe le site d’information guinéen Ledjely.com, « la question de la double nationalité en Afrique est une problématique qui interpelle notamment la responsabilité de l’élite du continent. Une élite qui, incapable de prendre en charge les problèmes locaux, est prompte à trouver refuge auprès de l’ancienne puissance coloniale. La question, également révélatrice de tous les défis de l’Afrique, fait que la classe dirigeante, consciente des problèmes de santé, de sécurité et de toutes les incertitudes auxquelles renvoie l’image du continent africain, est engagée dans une course à la naturalisation dans les pays occidentaux. C’est un autre versant de l’immigration dont on parle moins. »

Enfin, pour en revenir à la situation politique en RDC, l’opposition « est en quête de remobilisation après son meeting avorté du week-end dernier. »

Une opposition affaiblie

C’est ce que souligne le site d’information Afrikarabia. « Après ce deuxième succès des autorités congolaises qui réussissent à museler sans affrontement la contestation populaire, l’opposition se retrouve en difficulté, constate le site. (…) Depuis les manifestations violemment réprimées des 19 et 20 septembre, la mobilisation est devenue de plus en plus timide, notamment lors des opérations villes- mortes, peu suivies dans le pays. Le camp présidentiel a-t-il pour autant réussi à éteindre toute velléité de contestation dans la rue ? Certainement pas, estime Afrikarabia. Mais la mobilisation populaire faiblit alors que l’on se rapproche de la date fatidique du 19 décembre. Pour réveiller la flamme de la contestation, le Rassemblement a promis ce week-end que le "compte à rebours" de la fin du mandat de Joseph Kabila avait bel et bien commencé. »

Et Afrikarabia de s’interroger : « l’argument sera-t-il suffisant pour jeter dans les rues des dizaines de milliers de Congolais ? »

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