A la Une: Macron le trublion

 

Décidément, l’annonce avant-hier, puis la confirmation hier de la candidature d’Emmanuel Macron fait couler beaucoup d’encre dans les journaux. Presque au point de voler la vedette à la primaire de la droite, dont le dernier débat a lieu ce soir.

Presse parisienne et régionale confondus, une vingtaine d’éditoriaux, plusieurs dossiers d’ouverture et des pleines pages à foison… Il faut dire que l’homme est jeune, brillant, beau parleur… « Dans le Macron, tout est bon, s’exclame Le Midi Libre. Une communication maîtrisée, une image soignée, un discours aux petits oignons : depuis son départ précipité de Bercy, l’ancien ministre de l’Economie fait un quasi sans-faute dans sa course à l’Elysée. Même si beaucoup d’observateurs ne voient en lui qu’un feu de paille qui s’éteindra aux premières bises de l’hiver. »

En effet, l’effet Macron va-t-il perdurer ? « La fusée Macron a finalement décollé, relèvent Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Enfin, la fusée Macron, la fusée Macron, c’est vite dit, tempère le journal. Pour l’instant, il s’agit plutôt d’un bus, à pot catalytique forcément, hybride sans doute, en ce sens qu’il est capable de rouler à gauche comme à droite. Cette vision d’une nouvelle société […] va le porter quelque temps. Il devra ensuite s’assurer qu’il a assez d’essence dans le moteur pour ne pas rester sur le bord de la route. »

Avantages et handicaps…

Alors fusée ou bus ? Libération envisage les deux hypothèses… Tout d’abord, « 2017 : pourquoi Macron peut le faire », estime Libération, en raison notamment de son positionnement antisystème, répond le journal. Il pourrait capter les voix de ceux qui ne sont pas encore sûrs d’aller voter et de ceux qui refusent de dire pour qui ils vont voter. Un réservoir de voix estimé à 40 % de l’électorat… Deuxième hypothèse, avance Libération, « pourquoi il est condamné à échouer » : pourquoi ? « Parce que l’équation Macron souffre de deux maux, répond le journal : un corps électoral restreint et un positionnement idéologique aujourd’hui minoritaire dans la société française. »

En effet, précise Libération, « aujourd’hui, la gauche pèse au total autour de 35 % des voix. Une part du gâteau à partager au minimum avec trois principaux candidats : Jean-Luc Mélenchon, le vainqueur de la primaire socialiste Hollande, Valls ou Montebourg, et Macron sans même parler des candidats écologistes et de l’extrême gauche. Difficile dans ces conditions d’espérer dépasser la barre des 20 % au premier tour, même en réussissant à aimanter une partie du vote centriste. »

Et puis « l’autre grande difficulté d’Emmanuel Macron est son positionnement idéologique, pointe Libération, plutôt minoritaire dans la société française. Pro-européen, libéral en matière d’économie comme sur les questions de société, il défend un projet plutôt en porte-à-faux avec un pays en demande de protection vis-à-vis de la mondialisation et travaillé par des questions identitaires et culturelles. »

Pour Le Figaro, Macron ne tiendra pas le rythme… « S’il souhaite retenir quelques mois encore l’attention des Français, il devra se départir des slogans et attitudes à caractère un peu trop publicitaire, notamment son facile “ni droite ni gauche” », estime le quotidien d’opposition qui s’interroge : « l’élégant artiste de la politique ne cacherait-il pas un redoutable opportuniste ? Ne profiterait-il pas de son verbe facile et de son aura médiatique pour tenter une étonnante supercherie électorale ? Laquelle consisterait à faire croire aux Français que la meilleure façon de se débarrasser de François Hollande, ce serait de voter pour celui qui a si longtemps guidé les choix du chef de l’Etat pour le résultat que l’on sait. »

Ce qui est sûr, c’est que Macron, avec sa jeunesse et sa fraicheur, donne un coup de vieux à tous ses adversaires… C’est en substance l’avis de L’Opinion : « à les entendre, tous ces vieux routiers de la politique, Emmanuel Macron n’ayant aucune expérience, il n’a aucune chance de réussir son incroyable pari : être élu président de la République. […] La réalité, pointe L’Opinion, est que tous ceux qui jugent Emmanuel Macron incapable parce que trop jeune dans le métier réfléchissent avec un logiciel daté qui les empêche de voir cette trajectoire autrement qu’en la réduisant à un phénomène médiatique. Le jeune candidat a fait, lui, cette mise à jour. Ça ne suffit pas pour gagner, très loin de là, mais ça lui donne toute légitimité pour essayer. »

Primaire à droite : beaucoup d’inconnues…

A la Une également, le dernier débat ce soir, à trois jours du premier tour de la primaire à droite… « Trois entretiens pour convaincre », titre Le Figaro. Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon, les trois favoris reviennent dans le journal sur leur vision de la France et sur leur programme. »

Qui va virer en tête dimanche ? « Plus le premier tour approche, moins le résultat de la primaire apparaît prévisible, relève Le Figaro. À l’incertitude sur la participation à ce scrutin inédit à droite et au centre s’ajoute désormais le suspense sur le nom du vainqueur. » En effet, François Fillon est monté en flèche dans les derniers sondages et il pourrait bien créer la surprise…

Et puis autre inconnue et de taille : la participation des électeurs à cette primaire : « c’est une élection sans corps électoral, remarque Libération. Un ovni politique. A trois jours de la primaire, l’incertitude est à son comble dans les états-majors des candidats. Tous se heurtent à cette incertitude : combien seront-ils ? […] Personne ne conteste que cette question cruciale aura une influence décisive sur les résultats. Grâce à son “noyau” de soutiens indéfectibles, Sarkozy sera d’autant plus fort que la participation sera faible. A l’inverse de Juppé, imbattable en cas de participation massive. »

Et Libération de remarquer encore que « l’incertitude est telle que les responsables des instituts de sondages ne se lassent pas de recommander, “la plus grande prudence à ceux qui spéculent sur ce qui sortira des urnes”. »

La rose bleue Marine

Enfin, du côté du Front national, siège de campagne flambant neuf et nouveau logo pour Marine Le Pen : une rose bleue présentée à l’horizontale… « La rose est une fleur qui a été assimilée à la gauche, le bleu une couleur assimilée à la droite. Mais il n’y a pas d’épines, on les a laissées au PS », s’est gaussée Marine le Pen. Propos rapportés par Le Parisien.

« Au-delà des symboles et des déclarations, la patronne du FN et ses troupes ont également trahi leur impatience à se lancer dans la bataille présidentielle, pointe Le Figaro. Rose bleue au fusil. »

En tout cas, sitôt présenté, sitôt détourné… Sur les réseaux sociaux, la rose bleue s’est vite transformée en en ustensile à nettoyer les toilettes. Ce qu’on appelle vulgairement un balai à chiotte…

 

Partager :