A la Une: Macron se lance

Fin du vrai-faux suspense : cette fois, c’est la bonne… Emmanuel Macron est bien candidat à l’élection présidentielle. Il l’a fait savoir hier et il l’annoncera officiellement ce mercredi matin.
« La question n’était plus de savoir s’il le ferait, mais quand et où, s’exclame La Montagne. Alors que l’Élysée et les socialistes voulaient encore croire qu’il n’irait pas jusqu’à faire battre ceux qui l’ont fait homme politique, Emmanuel Macron se jette à l’eau. L’ancien ministre de l’Économie officialisera sa candidature ce matin, à Bobigny, territoire hautement symbolique par sa jeunesse, ses difficultés sociales, ses réussites aussi. »

En effet, pointe Libération, la Chambre de commerce et d’artisanat de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, « correspond parfaitement à la symbolique voulue pour l’annonce, selon l’entourage de l’ancien ministre de l’Economie. Piqué par les critiques de ses adversaires politiques qui le caricaturent volontiers en 'candidat du CAC 40', l’ex-banquier de chez Rothschild entendait se lancer loin des beaux quartiers et des centres d’affaires parisiens, sur un terrain populaire plus en prise avec ses préoccupations affichées - l’emploi, la jeunesse, l’apprentissage ou l’insertion. Macron sait qu’à Bobigny il est attendu en ami. Le président de la chambre de commerce n’est autre que Patrick Touret, ancien élu centriste du conseil régional d’Ile-de-France devenu fin octobre l’un des neuf délégués du mouvement. Pour Macron, c’est donc aussi l’occasion de réaffirmer sa proximité idéologique avec l’électorat centriste. »
« Présidentielle : Macron prend de vitesse Hollande et Valls », note Le Figaro en première page. « Coincé entre la percée de Manuel Valls dans les sondages et la nécessité de capter une partie de l’électorat de droite et du centre tenté par Alain Juppé, l’ex-ministre de l’Économie a choisi d’accélérer. Sans attendre la décision du président de la République. Macron devrait donc annoncer ce mercredi sa candidature à l’élection présidentielle. À la veille donc du troisième débat de la primaire de la droite. »

Sur les terres de la droite et du centre…

Du coup, Le Figaro voit en Macron, « l’invité surprise » de la primaire de la droite et du centre… Car, pour le quotidien d’opposition, l’ancien ministre de l’Economie entend bien ratisser large… « C’est vrai en termes d’image : il séduit autant à droite qu’à gauche, reconnaît Le Figaro. C’est vrai à cause de son discours : s’il a une vision plutôt libertaire de la société, il est aussi celui qui a exalté la figure de Jeanne d’Arc, s’est affiché au Puy-du-Fou à côté de Philippe de Villiers et qui assume une vision libérale de l’économie. Macron peut donc attirer aussi des électeurs traditionnels de la droite. (…) C’est (donc) un danger pour les candidats de droite, estime Le Figaro. À commencer pour Alain Juppé, qui revendique clairement d’aller chercher les 'déçus du hollandisme'. Or, avec Macron, ces déçus ont désormais un autre choix possible. »
Et Le Figaro de conclure : « s’il parvient dans les semaines qui viennent à porter une offre vraiment nouvelle, Macron pourrait faire de cette présidentielle autre chose qu’un simple référendum anti-Hollande. Pour la droite, c’est déroutant. Mais c’est finalement stimulant. »

Le Journal de la Haute-Marne renchérit : « Emmanuel Macron, qui n’appartient pas au sérail traditionnel de la vie politique, mise sans doute sur cette aspiration au renouvellement des élites. Ce qui veut dire, au passage, attirer des pans entiers de la droite modérée. En clair, faire du Bayrou sans Bayrou. Sur un plan intellectuel, tout se tient. Reste à connaître la réaction d’un électorat français, avide de changement, mais plus que fracturé. »

Valls et Hollande dépassés ?

En entrant dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron veut prendre de vitesse tous ses concurrents à gauche…
A commencer par Manuel Valls. « Lorsque l’un bouge, l’autre n’est jamais loin, relèvent Les Echos. Si Emmanuel Macron se déclare candidat à la présidentielle de 2017, ce mercredi, Manuel Valls a depuis quelques jours monté d’un cran la pression visant à empêcher François Hollande d’être candidat. Le premier s’assume affranchi ; 'Brutus', grincent les vallsistes. Le second espère qu’en ne portant pas de coup fatal au chef de l’Etat, un transfert de légitimité présidentielle s’opérera sur lui en cas de renoncement. »

Hier, interrogé sur RFI, François Hollande a minimisé l’impact que pourrait avoir la candidature de Macron sur la sienne : « Ce qui compte, ce n’est pas ma personne, c’est le pays, a déclaré le chef de l’État, pour qui « l’enjeu, c’est le rassemblement, c’est la cohésion », la gauche ne pouvant pas être au « rendez-vous » de 2017 « si elle n’est pas rassemblée. »

François Hollande, lui, pourrait annoncer sa candidature début décembre au Cirque d’hiver à Paris, ce qui inspire ce commentaire pour le moins ironique de L’Est Républicain : « en attendant un mouvement du sphinx élyséen, les électeurs de gauche qui n’auront pas été bourrer les urnes à droite devront attendre la représentation du Cirque d’hiver pour savoir si le président entre en piste. Après le numéro des éléphants patauds, on annonce un jeune premier fraîchement émoulu sur la piste aux étoiles. Attention, mesdames et messieurs, dans un instant ça va commencer ! Un monsieur pas très loyal, le banquier acrobate Emmanuel Macron va exécuter devant vous son numéro du trouble-fête… »

Marine tapie dans l’ombre…

Enfin, autre acteur dans cette campagne et non des moindres, Marine le Pen retient toute l’attention de Libération ce matin.
« Le Pen en mode furtif », titre Libération. « Pendant que la gauche et la droite sont en surchauffe, Marine Le Pen se met en ordre de bataille, pointe le journal. Les contours de l’organigramme pour 2017 se précisent et la discrétion médiatique de la candidate se révèle stratégique. »

En effet, « sans avoir besoin de s’employer, Marine Le Pen pèse déjà de tout son poids sur la prochaine présidentielle, constate encore Libé. Surfant sur la vague national-populiste tendance antimusulmans qui a (notamment) fait le succès du 'oui' au Brexit et de la victoire de Donald Trump. Donnée comme acquise par l’ensemble des enquêtes d’opinion, la qualification de la présidente du FN pour le second tour de 2017 est admise comme un fait (…). Aujourd’hui, s’alarme Libération, c’est carrément la possibilité de sa victoire que certains accréditent (…). » Et, « si le Front se rénove en façade, les fondamentaux perdurent et imbibent une part croissante de la droite, s’inquiète encore Libération. Une fusion idéologique qui, dans bien des domaines, a déjà débordé les 'digues' chères aux Chirac, Séguin ou Juppé. Une 'trumpisation' au cœur de la primaire de la droite. »

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