Deux choses très attendues ce mardi au Congo démocratique. Tout d’abord la nomination d’un nouveau Premier ministre et le discours que doit prononcer le président Kabila devant le Parlement réuni en Congrès.
« C’est l’heure de vérité, s’exclame Le Potentiel à Kinshasa : ça passe ou ça casse. Joseph Kabila est obligé de briser la glace et d’éclairer l’opinion tant nationale qu’internationale sur les grandes questions de l’heure. (…) Tous les regards sont donc tournés vers le chef de l’Etat. (…) L’on attend de lui des indications précises sur cinq points majeurs (…) : le respect de la Constitution, la renonciation à un troisième mandat, la nomination du Premier ministre, le calendrier électoral et les moyens de tempérer la crise économique. On n’attend donc pas du chef de l’Etat un discours bilan, pointe Le Potentiel. Le temps pour cet exercice ne s’y prête pas. L’heure est plutôt au présent et à l’avenir en vue d’éviter le chaos qui est aux portes de la RDC. »
Pour ce qui est du nouveau chef du gouvernement, Le Potentiel s’interroge : « le chef de l’Etat Joseph Kabila s’accrochera-t-il à l’accord politique du 18 octobre 2016 qui l’oblige à nommer, dans les 21 jours, un Premier ministre issu de l’Opposition ? Même si le chef de l’Etat se pliait à cette disposition, d’où sortira le successeur de Matata ? Est-ce de l’Opposition qui a siégé à la cité de l’UA ou de celle qui s’est mise en marge de ce forum. Dilemme pour le chef de l’Etat. »
Kamerhe dans les startingblocks…
Pour le site d’information spécialisé sur la RDC, Afrikarabia, aucun doute : « Vital Kamerhe est en route vers la Primature. (…) Chef de la délégation de l’opposition pendant le forum, Vital Kamerhe apparaît comme le plus 'Premier-ministrable' des opposants présents à la Cité de l’Union africaine, même si son profil d’ancien meilleur allié du président Kabila ne joue pas en sa faveur. Dans le camp de la majorité, les caciques du PPRD voient d’un très mauvais œil le retour de l’enfant prodigue dans le giron de la Kabilie. Sauf surprise, donc, pronostique Afrikarabia, Vital Kamerhe devrait prendre la tête d’un gouvernement élargi à l’opposition pour piloter la transition jusqu’à l’organisation des élections, fixées au plus tôt fin avril 2018. Une tâche plus que périlleuse, estime le site, au vu de la forte tension politique qui règne à Kinshasa. Restera à composer le nouveau gouvernement, dans lequel le président Kabila souhaiterait voir figurer des membres du Rassemblement. Un gage d’ouverture qui rassurerait la communauté internationale très inquiète de la répression politique accrue et des restrictions de la liberté d’expression, notamment de la coupure du signal de Radio France Internationale à Kinshasa… sûrement pour de longues semaines. »
Une crise qui perdure
En tout cas, estime L’Observateur Paalga à Ouagadougou, « cette nouvelle donne en RDC ne va rien changer fondamentalement à la situation de crise qui traverse ce pays-continent. Et on risque d’assister, avec la nomination de ce nouveau chef de l’exécutif congolais et du gouvernement d’union nationale qui doit suivre à un partage du gâteau républicain qui ne fera malheureusement pas sortir le pays de l’ornière ; car, ne l’oublions pas, relève le quotidien ouagalais, l’essentiel de l’opposition à Joseph Kabila, regroupée au sein du Rassemblement et qui a boycotté les pourparlers, renâcle à aller à la mangeoire, s’arcboutant sur la condition non négociable qu’est le départ de l’actuel locataire du palais de la Nation à la fin de son actuel mandat, c’est-à-dire le 19 décembre prochain. Le problème est là.
Gouvernement d’union nationale ou pas, rarement le pays de Patrice Lumumba n’a autant été désuni, du fait justement de l’obstination de Petit Kabila à jouer indûment les prolongations. »
Enfin, pour Le Pays, toujours au Burkina, « il serait étonnant que la mise en place d’un gouvernement de transition suffise à mettre un terme à la crise en RDC qui entre dans une phase décisive, à pratiquement un mois de la fin du mandat de Joseph Kabila. (…) En tout état de cause, avec cette nomination d’un nouveau Premier ministre et le dialogue de sourds que Kabila entretient avec l’opposition radicale, les perspectives ne se présentent pas de la meilleure des façons pour la RDC. Et la date du 19 décembre paraît plus que jamais potentiellement explosive. A moins que d’ici là, l’on ne réussisse à désamorcer cette bombe sociopolitique dont le compte à rebours semble avoir déjà commencé. Mais comment ? Là est toute la question. »