Surprise, inquiétude et même peur, dans les médias du continent… « Trump surprend le monde », s’exclame La Tribune à Dakar. « Alors que tout le monde voyait Hillary Clinton à la Maison Blanche, Donald Trump a déjoué les pronostics et a raflé la mise. Depuis lors, la surprise et la déception sont les choses les mieux partagées. L’inquiétude gagne de plus en plus les cœurs, pointe le quotidien sénégalais, pour ce qui concerne nos relations et l’avenir des expatriés établis dans le pays de l’Oncle Sam. »
Pour La Tribune encore, rien à attendre de Trump : « la seule et unique leçon que nous devons tirer de cette élection est que nous devons apprendre à compter sur nous-mêmes. »
En effet, renchérit le journaliste de la RTS, Mamadou Thior, interrogé par le quotidien Enquête, « les relations africano-américaines devraient suivre la logique de la realpolitik qui a toujours prévalu. Pas grand-chose ne va changer. Barack Obama ne l’a pas fait en huit ans, comme tous ses prédécesseurs. Les présidents américains s’occupent des problèmes américains. »
Incertitudes…
On ne pouvait pas faire « pire pour l’Afrique », soupire Ledjely.com en Guinée. « Pour l’Afrique des peuples, l’inquiétude et l’incertitude sont grandes. Surtout par rapport à la politique migratoire du nouveau président qui aura tendance à non seulement restreindre la venue des migrants sur le sol américain, mais aussi à en chasser quelques-uns qui y sont déjà. […] Dans la même optique, on peut même se demander si les aides américaines via les agences humanitaires et de développement ne seront pas rabotées. Pour le continent africain où les défis en matière de santé, d’éducation, d’énergie, bref de développement socioéconomique sont immenses, cette perspective-là aussi a de quoi faire peur. »
Seuls satisfaits de l’élection de Trump, pointe encore Ledjely, certains chefs d’Etat du continent… Notamment, le congolais « Kabila a de quoi sourire […]. En effet, le président congolais, dont la volonté de tripatouiller la constitution s’est, ces derniers mois, heurtée à une opposition farouche des Etats-Unis, peut souffler avec l’arrivée de Donald Trump. D’autant que ce dernier a déjà clairement laissé entendre que les préoccupations économiques intérieures aux Etats-Unis demeuraient sa priorité. Généralisant ce raisonnement, poursuit le site guinéen, on peut penser que les petits dictateurs du continent auront moins de soucis à se faire avec le nouveau président que les Américains se sont choisis. Un président fan de Vladimir Poutine et qui promet de normaliser les rapports avec la Corée du Nord. »
Peurs…
Trump fait peur, renchérit Le Pays au Burkina… Parce que d’abord, « au nom de la lutte contre le terrorisme, l’homme pourrait être tenté de pactiser avec le diable. Et le diable ici, c’est l’ensemble des hommes forts qui écument le monde et qui s’abritent derrière la lutte contre les “barbus” pour étouffer la démocratie dans leurs pays respectifs. […] Donald Trump n’a eu aucun complexe à afficher sa sympathie pour le Tsar russe, Vladimir Poutine, qu’il présente comme un champion de la croisade contre les djihadistes. Par ricochet, cette sympathie ne manquera pas de profiter à des sanguinaires comme le président syrien, Bachar Al Assad. […] La confrérie des dictateurs d’Afrique et d’ailleurs est en droit de tuer le veau gras, pour souhaiter la bienvenue à Trump. »
Pas forcément, rétorque Aujourd’hui toujours à Ouaga : « que les Nkurunziza, Kabila et autre Museveni qui se sont empressés de louanger le nouvel élu ne jubilent pas trop vite : Obama ou Trump, les règles élémentaires de la démocratie leur restent chevillés au corps et cela par le respect que chacun d’eux voue à la plus vieille constitution du monde. C’est dire que Trump leur tirera toujours les bretelles, eux, les partisans du pouvoir à vie. »
Enfin, le quotidien malien Le 22 Septembre est plus qu’alarmiste… « Trump est dangereux pour le monde entier parce qu’il a des attitudes racistes, xénophobes, protectionnistes et arrogantes, affirme le quotidien bamakois. Et dire que c’est bien lui qui aura en main l’arme nucléaire ! […] Avec Trump, il faut craindre le pire, poursuit Le 22 Septembre, c’est-à-dire la 3ème guerre mondiale, malgré les clins d’œil faits durant la campagne à Poutine. Il arrivera forcément un moment où leurs intérêts vont diverger, notamment en Iran, en Syrie, en Libye, au Yémen… »