J-1 pour la présidentielle aux Etats-Unis et jamais peut-être une élection n’a été aussi indécise…
« Six sondages nationaux par jour, s’exclame L’Est Républicain. Et toujours pas de réponse. Juste une interrogation de plus en plus forte. L’épouvantail Trump peut-il devenir le président de la première démocratie du monde ? L’hypothèse a paru longtemps saugrenue. Le rebond de ces derniers jours lui redonne crédit. Il faudra attendre la nuit de mardi à mercredi pour savoir. Dix-huit mois après le top départ, le sprint final est haletant. »
« Les deux candidats le savent, pointe L’Union, le scrutin repose entre les mains des derniers indécis et des abstentionnistes. Après le vote de contestation qui a propulsé Donald Trump face à Hillary Clinton, les Américains se trouvent maintenant à l’heure du choix. Un choix décisif qui les engage pour les quatre prochaines années. »
Contestation du scrutin ?
On devrait donc être fixés dans un peu moins de 48 heures, encore que… « Des risques de perturbations ou des résultats serrés pourraient compliquer le verdict des urnes mardi soir », relève en effet Le Figaro. « Plusieurs impondérables peuvent faire dérailler l’exercice complexe qui a délivré un président légitime depuis 1789. » Il y a d’abord, précise le journal, le risque d’attentats qui préoccupe les autorités. Samedi soir, une fausse alerte a poussé le Secret Service à évacuer Donald Trump pendant quelques minutes d’une estrade où il haranguait ses supporteurs dans le Nevada. (…) « La menace terroriste proprement dite est jugée 'vague', mais suffisante pour placer en alerte l’État de New York, le Texas et la Virginie. »
Mais surtout, s’inquiète Le Figaro, « plus le verdict des urnes sera serré mardi soir, plus les risques de contestation seront grands, avec la perspective que se prolonge la bataille au couteau entre Hillary Clinton et Donald Trump. » En effet, précise le journal, « en cas de résultat serré, Trump promet de ne pas rendre les armes facilement. Il traite Hillary Clinton de 'criminelle', soutient qu’elle ne devrait pas être autorisée à se présenter, affirme qu’il 'ne peut pas perdre', que l’élection est 'truquée' et qu’il n’acceptera les résultats que s’il l’emporte… Ces diatribes ne servent pas à gagner des voix, elles préparent la prochaine révolte, s’alarme Le Figaro. En 2000, après un recompte en Floride interrompu par la Cour suprême, Al Gore s’était effacé 'pour préserver, avait-il dit, l’unité du pays et la solidité de notre démocratie'. La légitimité de George W. Bush n’avait pas été remise en cause. Mais la candidature de Trump est dirigée contre le 'système'. Seuls 36 % de ses supporteurs pensent qu’il doit accepter les résultats des urnes. La moindre anomalie peut allumer un contentieux. »
Le trumpisme parti pour durer…
Suspense donc sur les résultats du scrutin et suspense sur ce qui pourrait se passer après…
D’après la romancière américaine Patricia MacDonald, interrogée par Le Parisien, « Trump pourrait contester les résultats. Surtout, je ne pense pas, estime-t-elle, que le trumpisme prendra fin si Hillary est élue. Il pourra s’organiser au sein de la Chambre des représentants, voire du Sénat. Et les violences racistes pourraient reprendre de plus belle en cas de défaite de Trump. Si Clinton procède à des réformes sociales, elle pourra tout au plus calmer la colère de certains électeurs de Trump. Mais, conclut Patricia McDonald, ce qu’Obama n’a pas pu faire, convaincre tout le monde de vivre et travailler ensemble, ce n’est pas Clinton qui le fera. »
En fait, souligne Marie-Cécile Naves, chercheure associée à l’Iris, interrogée par Libération, « Donald Trump met en scène une masculinité 'beauf'. Cette stratégie qui vise à rallier les 'hommes blancs en colère' risque de laisser une empreinte durable. (…) C’est au politiquement correct que Trump a déclaré la guerre en prenant la défense des 'hommes blancs en colère' (…). Ces hommes blancs peu diplômés qui se sont sentis floués par la mondialisation économique, les évolutions démographiques, les droits en faveur des homosexuels, des femmes et des minorités ethniques. Le storytelling de Trump dans cette élection, celui de l’identité, renvoie à la disparition de l’Amérique blanche et à la fragilisation de l’Amérique patriarcale, qui vont de pair. » Quoi qu’il arrive, conclut Marie-Cécile Naves, « Trump laissera une empreinte durable. Le trumpisme est bel et bien un projet politique. »
En France : la gauche éparpillée façon puzzle !
En France, à présent, la pré-campagne présidentielle se poursuit… avec un François Hollande de plus en plus isolé… « Le soldat Le Drian fait défection », s’exclame Le Parisien. Le Parisien qui cite les propos hier du ministre de la Défense : « Si d’aventure le président de la République estimait ne pas devoir se présenter, alors à mon avis Manuel Valls serait naturellement, évidemment, à ce moment-là, je pense, le mieux placé pour assurer cette fonction. » Des propos « tout sauf anodins venant d’un fidèle historique du président, s’exclame Le Parisien, pour qui envisager qu’il jette l’éponge constitue une faute. Pire, aux yeux du club de plus en plus restreint des hollandais, un crime de haute trahison ! »
Reste que « plus les jours passent, plus la courbe de popularité du président de la République s’enfonce sous le niveau de la mer, plus l’hypothèse Valls prend donc de l’épaisseur, constatent Les Dernières Nouvelles d'Alsace. C’est à ce prisme-là qu’il faut considérer la déclaration hier matin de Jean-Yves Le Drian, poids lourd du gouvernement et surtout proche de François Hollande, pour qui Manuel Valls est 'le mieux placé pour le PS' si l’actuel locataire n’y va pas. D’ici à ce qu’il soit le mieux placé tout court, il n’y a désormais plus très loin. »
Et puis, il faudra compter aussi avec Macron et Montebourg, deux autres grands prétendants… Pour Le Figaro, « François Hollande est pris en tenailles » entre les deux hommes. Désormais, constate encore le quotidien d’opposition, « la gauche est éparpillée façon puzzle. » La gauche qui ne représente plus « qu’un tiers de l’électorat qui se divise lui-même en trois parts sensiblement équivalentes : l’une autour de Jean-Luc Mélenchon, l’autre autour d’Emmanuel Macron et la troisième autour du candidat qui sortira vainqueur de la primaire socialiste. Laquelle part est-elle même coupée en deux moitiés peu compatibles entre elles, respectivement incarnées par François Hollande et Arnaud Montebourg. (…) Une base de départ bien faible pour espérer devenir majoritaire dans six mois. »