Jusqu’à maintenant, la Bourse américaine est restée assez indifférente à la campagne. Même les déclarations les plus saugrenues de Donald Trump sur la fin des accords de libre-échange ou la menace d’une guerre commerciale sans merci contre la Chine ont laissé les investisseurs de marbre. Parce que ses chances de l’emporter étaient faibles. Vendredi dernier quand le FBI a annoncé la réouverture d’une enquête au sujet des e-mails d’Hillary Clinton, Wall Street a commencé à prendre peur et a reculé à chaque séance.
Hillary est la chouchoute des investisseurs et cela n’a pas grand-chose à voir avec son programme économique. C’est surtout parce qu’avec elle à la Maison Blanche, ils savent à quoi s’attendre. En revanche avec Donald Trump président, un saut dans l’inconnu se profile, et les marchés ont horreur de l’incertitude. En témoigne le rebond du Vix, un indice qui mesure l’aversion au risque sur le marché boursier américain : ce qu’on appelle communément « l’indice de la peur » a repris 47 % en quelques jours.
Est-ce que cela signifie que l’élection de Donald Trump serait mauvaise pour l’économie américaine ?
Selon un économiste du très sérieux MIT, ce serait une catastrophe pour le monde entier. Simon Johnson prédit un krach boursier et une récession mondiale, agrémentée d’une crise bancaire en Europe. Il y a de quoi frémir. Mais ce n’est pas ce scénario-là qu’achète la bourse en ce moment. La hausse de l’or, comme celle du Vix, traduit plutôt une réaction de précaution des marchés.
Si la plupart des prévisionnistes pensent qu’une victoire de Donald Trump fera immédiatement chuter la Bourse, que le peso mexicain qui est en perte de vitesse depuis quelques jours à cause du discours anti libre échange de Donald Trump va lui aussi sérieusement dévisser, ils sont nettement moins affirmatifs sur la suite de l’histoire. Tout dépendra de son attitude de président, et de son équipe.
Le Brexit est dans toutes les têtes : avec la victoire du non à l’Europe au Royaume-Uni, on a compris qu’on sait que l’improbable peut survenir et qu’il n’est pas forcément le catalyseur des catastrophes annoncées. La Bourse de Londres a chuté pour se reprendre assez vite.
Certaines industries américaines sont-elles plus favorables que d’autres à une victoire de Donald Trump ?
Le secteur des hydrocarbures est sans doute celui qui a le plus à y gagner. Hillary Clinton veut encourager les énergies alternatives tandis que lui veut déréguler ces marchés et ouvrir tout grand les vannes de l’exportation pour le brut américain.
Il y a des secteurs qui ont surtout beaucoup à perdre en cas de victoire de la candidate démocrate. C’est le cas de la pharmacie et de la finance, deux secteurs qu’Hillary veut mieux surveiller. Qu’ils redoutent la victoire du républicain ou de la démocrate, l’idéal pour tous les patrons américains serait l’émergence au Congrès d’une majorité adverse à celle du président élu afin d’atténuer, voire d’empêcher ses décisions.