Masque sur le visage, une fraiseuse ultrafine dans la main, l’artisan taille la coquille d’un bénitier géant. Petit à petit, des fleurs, des poissons et des barques apparaissent. Nous sommes dans l’un des innombrables ateliers de Tanmen, capitale de l’« ivoire des mers ».
En 2012, la ville portuaire ne comptait que 15 boutiques qui vendaient les sculptures et bijoux faits de ce coquillage. En 2015, il y en avait déjà 460 et une centaine d’ateliers. Pour le pêcheur Lin Feng, « grâce à ce commerce, les habitants de Tanmen ont gagné des fortunes. Les pêcheurs ramassaient plutôt des bénitiers géants que des poissons, ça rapportait plus. Mais cette industrie est à bout de souffle. »
Menacé d'extinction
Boutiques et ateliers sont condamnés à fermer, suite à l’interdiction par Pékin, en 2015, de la pêche au bénitier, menacé d’extinction. « On sait qu’un certain nombre pêchent des animaux précieux de façon illégale. Le gouvernement les contrôle strictement, déclare Lin Yongxin, chercheur. Mais notre loi ne protège que les bénitiers vivants. La loi internationale est plus sévère – elle interdit de pêcher les coquillages vivants et ceux qui sont fossilisés. », souligne-t-il.
Mais les interdictions pourraient avoir cet effet pervers : l’explosion des prix, aujourd’hui déjà 40 fois plus élevés qu’il y a cinq ans. Les pêcheurs sont donc tentés de ramasser des bénitiers illégalement – souvent près des récifs coralliens revendiqués par la Chine, mais aussi par les Philippines ou encore le Vietnam.