« Tired of the fog, try the Frogs ! » (« Marre du brouillard, essayez les grenouilles », c’est-à-dire les Français !). Ce message affiché à partir d’aujourd’hui de part et d’autre de la Manche émane du quartier d’affaires de La Défense. Si Paris veut devenir le premier centre financier de l’Europe, comme l’a affirmé Manuel Valls en juin, il y a urgence à le faire savoir. D’abord, parce que les autres villes candidates ont commencé beaucoup plus tôt à se vendre.
Dès le lendemain du référendum, Berlin a fait circuler des bus dans la capitale britannique pour faire de l’œil aux Londoniens. Il y a urgence aussi parce que les établissements financiers de La City, de plus en plus inquiets de la tournure prise par le Brexit, discuteront déménagement dans les prochaines semaines, lors des derniers conseils d’administration de l’année. Et cela pour être en mesure d’annoncer leur décision au printemps.
Quels sont les atouts et les faiblesses de Paris ?
Ses atouts parlent aux familles : une éducation publique (donc gratuite) de qualité, des infrastructures pour les tous petits, une vie culturelle aussi intéressante qu’à Londres. Des impôts réduits pendant 8 ans grâce à un dispositif spécial introduit dans la loi de finances 2017.
Mais ceux qui vont prendre la décision voient eux surtout les faiblesses françaises : outre la fiscalité la plus lourde d’Europe, il y a surtout le Code du travail, bien trop rigide pour des employeurs habitués à faire valser leurs traders au gré des résultats financiers et des humeurs des marchés. Des banquiers suggèrent de faire sortir les très hauts salaires du Code du travail.
Pour faire bonne figure, Paris rivalise d’initiatives
La région centralise les formalités pour les entreprises désireuses de traverser la Manche. Une procédure simplifiée a été mise en place pour enregistrer les sociétés financières. Un ambassadeur pourrait être nommé pour défendre la candidature de Paris, on parle du président de Safran, le Franco-Australien Ross McInnes.
And last but not least : il faut aussi démontrer qu’on a la compétence linguistique pour traiter les demandes et la documentation des établissements naturellement formulées dans la langue de Shakespeare.
35 000 emplois pourraient quitter Londres
Cette estimation a été faite sur la base d’une perte du passeport qui permet aujourd’hui à La City de vendre en Europe un produit financier élaboré au Royaume-Uni. Mais nul ne sait si cette option fatale sera retenue. Londres pourrait continuer à verser une contribution au budget européen pour maintenir cet avantage à laisser entendre Theresa May en fin de semaine. Les 27 accepteront un tel accord ? Nul ne le sait.
L’ampleur des conséquences du Brexit demeure complètement floue. En revanche, ce qui est certain aujourd’hui, c’est que les emplois détruits à Londres ne seront pas automatiquement recréés ailleurs. Car aucune des villes candidates n’est en mesure de reproduire à l’identique l’écosystème extrêmement sophistiqué existant à Londres. Elles devront donc plutôt se partager les activités de La City contrainte à l’exil.