A la Une: Primaire, la droite en débat

Ils étaient sept hier soir à la télévision, dans un décor bleu piscine, à faire valoir leur mérites dans un débat très encadré durant lequel leurs interventions étaient mesurées. Sept candidats censés représenter la droite et le centre.

 
Mais, justement, comment émerger dans ce carcan formel. C’était « mission impossible », estime Le Parisien.

Les candidats ont d’abord parlé du redressement de la France et chacun a égrené ses propositions économiques et sociales. Et « il aura fallu attendre une heure trente pour entrer dans le vif du sujet. Celui qui fâche, celui des affaires et des condamnations », regrette ce quotidien, comme dépité d’avoir attendu en vain escarmouches et dérapages avant de boucler son édition. Mais quand il a été question de ces « affaires », l’ambiance est alors devenu « glaciale sur le plateau », remarque Le Parisien... « mais pas de dérapage au final ».

Qui a gagné, qui a perdu, qui a marqué des points lors de ce débat et qui y a laissé des plumes. La presse hésite, mais, selon Le Parisien, le perdant, hier soir, aura été Bruno Le Maire, que ce journal a trouvé « poussif ». Pour ce journal, pas de doute, le « chantre » du « renouveau » n’a pas réussi à sortir du lot. « Tandis que Jean-Frédéric Poisson, l’inconnu de la primaire, a paru étonnement à son aise ». Au final, ce débat fut le « vrai top départ de la course à l’Elysée. Un démarrage en douceur, sans éclat ni surprise », estime Le Parisien, « sans passion ni dérapage ».

Un débat « à fleurets mouchetés », confirme en Une Le Figaro, même s’il y a eu des « escarmouches ». Voilà pourquoi, estime le quotidien conservateur, s’il ne faut pas « surdimensionner » l’impact de ce débat, on aurait tort d’en nier l’importance. Du fait de son caractère « inédit », car « plusieurs millions de Français assistant à un échange entre des concurrents de droite à une élection présidentielle, ça ne s’était jamais vu. Et cet effet de curiosité peut peser dans la décision de ceux qui iront voter à la primaire le 20 novembre », prédit Le Figaro. Qui trouve qu’hier soir, la droite française a carrément « changé de visage ».

La droite a changé ? En tout cas, estime l’édition en ligne de Libération, ce débat n’a rien chamboulé à droite. « Les rapports de force ne sortent guère bouleversés de l’émission », estime Libé. La preuve, ce sondage Elabe pour BFM TV, publié après l’émission et demandant aux téléspectateurs de désigner le candidat le plus convaincant, et qui livrait d’ailleurs un classement proche de celui des dernières intentions de vote : Juppé en tête (35 %), suivi de Nicolas Sarkozy (21 %). Libération a aussi trouvé qu’Alain Juppé n’avait « pas commis d’impair » et que Nicolas Sarkozy n’a pas davantage « commis d’erreur ». Autant dire que la presse quotidienne nationale est restée sur sa faim.

Primaire : le tour de chauffe

Le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace a ainsi trouvé ce débat « quelque peu décevant, sous forme de catalogue de propositions de bons élèves, toutes censées remettre par miracle la France sur les rails »

« Le ton a été donné hier, confirme Le Journal de la Haute-Marne : on retient les coups... pour l’instant. Mais on montre bien qu’on est prêt pour le moment où il faudra les lâcher ».

Quant au journal L’Alsace, il a trouvé Alain Juppé « serein et plein d’autorité », Nicolas Sarkozy « très nerveux ». De son côté, François Fillon « l’a joué à l’expérience » tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet est celle qui a « le plus incarné la modernité », estime ce journal de l’est de la France.

Tandis que La République des Pyrénées les a trouvés « tous tendus, Sarkozy faisant ostensiblement la gueule comme s’il rechignait à se confronter à des adversaires qu’il tient visiblement en piètre estime [...] Alain Juppé qui est jusqu’ici le favori n’avait qu’à poursuivre dans son rôle de modéré rassembleur ».

Dylan : le Nobel en chantant

Le prix Nobel de littérature a été attribué au chanteur américain Bob Dylan. Ce fut la stupeur dans les rédactions hier. En tout cas, dans celle de Libération, ce fut une vraie tornade. A tel point que la livraison de ce jour de Libération ressemble presque à un numéro spécial Dylan. Et l’on sent l’enthousiasme de Libé, qui consacre rien moins que les treize premières pages de son édition à la « bombe Dylan ».

Libé a bien sûr demandé des réactions, mais « peu d’écrivains français sollicités par Libération ont souhaité s’en réjouir. Ainsi d’Annie Ernaux, déplorant une “dissolution du littéraire”, déjà effective et qui se trouve ainsi officialisée, consacrée ».

Mais Libération n’est pas d’accord. « Aussi controversée et clivante soit-elle, c’est pourtant là, à nos yeux, une formidable nouvelle, et c’est amplement mérité pour le musicien qui a peut-être le plus œuvré à la diffusion de littérature à l’état pur dans le monde ces soixante-dix dernières années. »

Toutefois, admet ce quotidien, le nom de Dylan sur la liste des Nobel est « aussi étrange que l’urinoir de Duchamp dans un musée ou les Campbell’s Soup Cans de Warhol dans une galerie : il consacre une révolution artistique »

Bah, soupire L’Union/L’Ardennais « quand il ira, dans deux mois, chercher son prix. Il serait plaisant de l’entendre, sous les ors de la prestigieuse académie, pousser la complainte. Et chanter faux, bien sûr, comme d’habitude ».

Le mot de la fin au journal Sud-Ouest, qui estime qu’au « crépuscule de sa formidable existence, Bob Dylan peut enfin “frapper aux portes du Paradis” « Knockin’On Heaven’Door », – c’est bien sûr le titre d’une des chansons les plus célèbres de Bob Dylan et c’est du reste le titre de Une de Libération –, non plus ces paradis artificiels, mais celui bien réel du Temple de la Littérature ». Tout le monde, manifestement, n’est pas de cet avis.

 

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