A la Une: Hollande fait feu de tout bois

A quelques heures du débat télévisé entre les candidats à la primaire à droite, François Hollande a décidé d’occuper l’espace médiatique. Il est partout en effet le président sortant ! A la Une de L’Obs, à la Une de Libé, dans les colonnes des journaux, dans les éditoriaux, et en librairie avec le livre d’entretiens qui vient de sortir et dont nous parlions déjà hier… Alors ira ? Ira pas ? « Je suis prêt », affirme François Hollande dans L’Obs mais dans le même temps il réaffirme qu’il prendra sa décision en décembre.

Pour Libération, « il ira, sauf si… » Eh bien, sauf s’il ne réussit pas à franchir tout une course d’obstacles. En effet, précise le journal, « pour prétendre à sa réélection, le Président, très bas dans les sondages, devra éviter “cinq chausse-trapes” : c’est-à-dire, régler cinq dossiers brûlants, à savoir, la menace Juppé, le chantier de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, la jungle de Calais, l’inversion de la courbe du chômage et les challengers à gauche hors PS… Cela fait beaucoup… »
 
Commentaire de Libé : « Avec une opiniâtreté qu’aucun sondage n’épuise, qu’aucune mauvaise nouvelle ne décourage, François Hollande continue de préparer sa candidature, tel un marin qui navigue contre le vent et le courant. »

Inaudible ?

En tout cas, dans les éditoriaux ce matin, on est pour le moins sceptique et critique, surtout à propos de ce fameux livre d’entretiens… Pour Le Midi Libre, « ce livre censé donner l’envol de sa précampagne pourrait n’être qu’un boulet. Se mettre à nu de la sorte, sans retenue, au moment où la sagesse devait le guider, pourrait finalement s’avérer contre-productif. »

« Ce président qui parle trop n’est plus audible, renchérit Sud-Ouest. Ce candidat qui perce déjà sous le président n’est pas encore crédible. Trop de promesses crânement répétées (chômage, croissance) non tenues. Trop de valse-hésitation (Notre-Dame des Landes) et de démonstrations musculaires (Poutine) malvenues. Trop de déceptions, humaines ou politiques, suscitées. »

« Ahurissante !, s’exclame L’Union. La communication de gribouille du président de la République, presque candidat à sa succession, donne une piètre image de l’exercice de la politique. Qui plus est lorsqu’on manipule au grand jour les relais d’opinion au service de son ego. »

« Ce qui est malheureux dans la démarche présidentielle, pointe La Presse de la Manche, c’est qu’elle traduit une vérité toute nue, c’est sans doute l’effet de la transparence : François Hollande s’intéresse finalement beaucoup plus à écrire sa propre histoire que celle de la France. Et c’est bien dommage ! »

Finalement, relève L’Opinion, « parlant comme un journaliste aux journalistes, le chef de l’Etat brode avec la vérité. Il construit son bilan sans se soucier de la réalité, raconte une histoire sans rapport avec ce que l’Histoire nous dit du quinquennat. »

Sept candidats pour un fauteuil…

Coïncidence du calendrier ou pas, ce soir, les sept candidats à la primaire à droite s’affrontent devant les caméras… Le Figaro piaffe d’impatience : « le grand rendez-vous de la droite et du centre », titre le quotidien d’opposition.

« Alors que François Hollande se trouve empêtré dans une énième affaire politico-éditorialo-sentimentale, qu’il doit autant à son imprévoyance qu’à son goût immodéré pour les bavardages inutiles, ce premier débat de la primaire de la droite et du centre tombe à point nommé, se félicite Le Figaro. Rarement, au terme d’un mandat présidentiel, on aura autant ressenti ce besoin de tourner une page et de passer à autre chose. Autre chose, c’est précisément ce que ­proposent les sept candidats qui s’affronteront ce soir sur les plateaux de TF1. Ce débat est singulier pour trois raisons, pointe Le Figaro. D’abord, parce que c’est le premier du genre au sein d’un camp habitué jusqu’à présent au “culte du chef”. Ensuite, parce qu’il intervient à un moment où le président sortant est frappé d’un discrédit tel que le vainqueur de cette primaire apparaîtra comme son successeur quasi assuré. Enfin, parce que jamais les représentants de la droite française n’ont proposé un chantier de réformes aussi radical. »

Certes, pointe La Dépêche du Midi, « pour la première fois ce soir, nos sept kamikazes seront face à face, dans un débat télévisé à grand risque où les petits prétendants devront surprendre pour se faire entendre. Mais, au final, ils sont deux, Sarkozy et Juppé, qui vont y jouer leur peau, ou, ce qui est plus grave, leur destin. Comment pourraient-ils alors éviter de donner à voir le spectacle de leur détestation ? »

« Nicolas Sarkozy jouera ce soir un double rôle, estime L’Alsace : chasseur et chassé, procureur et victime. Prêt à tout, y compris à se contredire, pour attirer à lui les sympathisants du Front national, et obligé de surveiller ses arrières car il est dans la ligne de mire de ses anciens “collaborateurs”, lieutenants ou porte-parole que sont les Fillon, Le Maire, Copé ou Kosciusko-Morizet. Le pari, presque impossible, de ces sept candidats à la primaire sera bien de ne pas exposer au grand jour la fracture idéologique de la droite. Pour autant, conclut L’Alsace, rien n’est plus salutaire qu’une telle clarification. »

Juppé la « force tranquille » ?

Enfin, Alain Juppé occupe également, à sa manière, l’espace médiatique… Interview et photos dans Paris Match, long entretien dans l’hebdomadaire Le Un et long entretien également dans Le Parisien ce matin. « Je garde la tête froide », affirme Alain Juppé dans Le Parisien, évoquant les sondages qui le donnent gagnant de la primaire. Sa méthode, pointe le journal : cartes sur table. « On parle toujours des 100 jours après l’élection, moi je parle des 100 jours avant, affirme Alain Juppé. C’est là qu’il faudra très clairement proposer une politique qui ne sera pas toujours très populaire, comme la retraite à 65 ans. Je dirai la vérité. Je préfère perdre en disant la vérité qu’être élu en racontant des sornettes. »

Les Echos semblent séduits… « Alain Juppé promet de “présider, pas de gouverner au quotidien”. Il veut agir vite, pointe le quotidien économique, dans les six premiers mois, tout en sachant prendre le temps sur les sujets complexes comme l’éducation ; il veut réformer vraiment puisqu’il ne sera pas préoccupé par sa réélection ; il veut savoir “prendre du recul” et “mettre en perspective” ; il veut repenser la “relation avec les citoyens”. Ni “normal”, ni agité, il s’inscrit, estiment Les Echos, dans la lignée de Jacques Chirac et plus encore de François Mitterrand. La “force tranquille” à l’ère des chaînes tout info, en somme. » Et le quotidien économique de s’interroger. « Ça existe ? » 

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