A la Une: la semaine africaine d’Angela Merkel

Après le Mali le dimanche 9 octobre, la chancelière allemande a fait un passage éclair par le Niger hier, lundi 10 octobre avant de se rendre en Ethiopie. Et elle recevra demain à Berlin les présidents du Tchad et du Bénin. Au centre des discussions : la lutte contre le terrorisme et la lutte contre l’immigration clandestine.

« Nouvelle impulsion aux relations bilatérales », s’exclame en première page Le Sahel à Niamey. « Cette visite, pointe le quotidien nigérien, c’est la réaffirmation du soutien indéfectible de la République fédérale d’Allemagne au Niger, pays qui se trouve en première ligne de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. C’est aussi pour la chancelière allemande l’occasion de manifester son encouragement au président Mahamadou Issoufou, un homme d’Etat qui, depuis son accession au pouvoir, s’est résolument engagé dans une lutte implacable et sans merci contre le terrorisme et la migration clandestine, deux fléaux qui menacent la quiétude de la communauté internationale. »

Par ailleurs, « dans le domaine de la sécurité, précise l’agence Ecofin, l’Allemagne va installer un centre logistique à Niamey pour soutenir et approvisionner les 650 hommes qu’elle a déployés au Mali en appui à la Minusma. “A travers ce centre, l’Allemagne soutiendra aussi les Forces armées nigériennes en termes de formation et d’équipements”, a affirmé Angela Merkel. »

Contexte sanglant

Un besoin urgent si l’on en juge le contexte sécuritaire actuel… C’est ce que relève Le Pays au Burkina : « que ce soit au Niger ou en Ethiopie, la visite de la chancelière allemande se déroule dans un contexte où le sang vient de couler. Dans le premier pays cité, c’est-à-dire le Niger, les jihadistes viennent de s’illustrer par l’attaque d’une caserne militaire. Le bilan fait froid dans le dos : 22 soldats de l’armée nigérienne ont perdu la vie. L’Ethiopie n’est pas en reste, pointe le quotidien ouagalais, même si là-bas, les tueries ne sont pas liées au phénomène djihadiste. En effet, dans ce pays de la Corne de l’Afrique, le pouvoir fascisant d’Addis-Abeba est, peut-on dire, en train de se livrer à un nettoyage ethnique dont la cible sont les Oromo. De ce point de vue, l’on peut en déduire que la tournée africaine de la chancelière allemande au Mali, au Niger et en Ethiopie, a le même dénominateur. »

« Cela dit, poursuit Le Pays, l’on peut saluer le souci de l’Allemagne d’aider le Mali, le Niger et l’Ethiopie à traquer la misère. […] Mais ce n’est pas pour des motivations exclusivement philanthropiques que l’Allemagne d’Angela Merkel a décidé de voler au secours du continent, tempère le journal. Elle entend avant tout protéger son pays du trop-plein de l’Afrique. Et quand ce trop-plein est rongé par l’indigence et le manque de perspectives sur place, rien ne peut l’empêcher d’aller voir ailleurs. De ce point de vue, Angela Merkel a parfaitement raison quand elle affirme : “le meilleur moyen de lutter contre les flux migratoires est d’encourager la croissance économique en Afrique”. »

Un nouvel impérialisme ?

« Afrique : que cherche Angela Merkel ? », s’interroge pour sa part Ledjely.com en Guinée. « Angela Merkel et au-delà, les dirigeants allemands dans leur ensemble, ne sont pas très fréquents en Afrique. Ce qui ne veut pas dire que la première puissance européenne boude le continent noir. Mais à la différence de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et même des nouveaux mastodontes asiatiques, les germaniques sont plus discrets. Ils ont l’habitude de s’intéresser davantage au concret qui touche directement au développement des populations. Mais avec la tournée qu’effectue actuellement la chancelière allemande, et l’audience qu’elle accordera après à Idriss Deby et à Mahamadou Buhari, les choses sont en train de changer, estime le site d’information guinéen. Certains voient derrière cette dynamique évolutive, la déferlante migratoire dont l’Allemagne a été frappée notamment en 2015. Mais est-ce la seule explication ? On peut bien en douter. »

En fait, pointe Ledjely.com, « au rythme où vont les choses, l’Allemagne ne fait qu’imiter l’impérialisme des puissances classiques. Elle aussi semble avoir pris conscience de l’atout stratégique que représente l’Afrique. Et elle ne veut pas se laisser conter la bataille en perspective. Même si elle n’en est qu’à la pose de jalons dans cette nouvelle posture diplomatique. En tout état de cause, conclut Ledjely.com, c’est la France qui risque d’être bousculée. Car jadis, c’est elle qui imposait sa loi dans bon nombre de pays sahéliens. »

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