A la Une: le nouveau gouvernement au Gabon

 

Formé dimanche, le nouveau gouvernement gabonais continue de faire parler de lui ce mardi. Avec un sentiment qui domine : la déception… Ainsi, pour le site d’information GabonReview, « très attendu, la composition du gouvernement de “large ouverture” tel qu’annoncé par le président Ali Bongo pendant son investiture, le 27 septembre dernier, a déçu plus d’un. Par rapport au dernier gouvernement Ona Ondo, l’équipe Issoze-Ngondet compte une vingtaine de nouvelles personnalités, parmi lesquelles, sept non issues du Parti démocratique gabonais, le parti présidentiel. […] Quatre partis se réclamant de l’opposition, une magistrate, une élue indépendante, et une des figures de l’Union nationale – voilà à quoi se résume l’ouverture. […] La nouvelle équipe qui ne comprend au final aucun ténor de l’opposition peine déjà à convaincre, estime encore GabonReview. En prêtant serment, Ali Bongo avait déclaré : “les élections sont terminées” ». Il estimait qu’il fallait maintenant passer à autre chose en tendant une fois de plus la main à tous les Gabonais pour qu’ensemble, ils tirent les leçons du passé afin d’envisager un meilleur avenir pour le Gabon. Ce gouvernement est à mille lieux de cet objectif. »

« L’ouverture annoncée en grande pompe n’aura finalement pas eu lieu ! », renchérit GabonEco, autre site d’information gabonais. « C’est du moins un pis-aller pour des personnalités qui ne représentent pas grand-chose, sinon rien sur la scène politique nationale, mais qui auront tous les problèmes du monde à travailler dans un pays qui sort littéralement divisé d’un scrutin atypique, dont les séquelles ne vont pas s’émousser d’un revers de la main. […] Et des soucis, pronostique GabonEco, ils en auront sur la table, et ce pour toute la durée du mandat, tant qu’il n’y aura pas un véritable dialogue politique qui débouche sur la levée de l’immobilisme démocratique pour enfin dessiner les contours d’une République apaisée. »

« Ali Baba et les 40 voleurs »

Les critiques fusent également dans la presse ouest-africaine.

« Le changement promis par Ali Bongo n’est pas pour demain, s’exclame La Nouvelle Tribune au Bénin. Très attendue, la composition du premier gouvernement de son second septennat obtenu à l’issue d’un chaos électoral, fait froid dans le cœur. L’équipe gouvernementale livrée par le Premier ministre Emmanuel Issoze-Ngondet surprend par son effectif plus que pléthorique. Au total 40 ministres. Pour un pays dont la population n’est qu’une poignée comparativement à d’autres, cette masse de ministres ressemble plus à un club de jouisseurs à la tête du Gabon. Le chiffre 40 est tout aussi évocateur, pointe encore La Nouvelle Tribune, puisqu’il fait penser à Ali Baba et les 40 voleurs. » Et le quotidien béninois de conclure : « le Gabon sorti d’une élection tumultueuse n’avait pas besoin d’une mascarade de cette nature qui donne raison à ceux qui pensent que le système Bongo, vieux de 50 ans, n’a plus rien de potable à offrir aux Gabonais et qu’il faut balayer l’héritier Ali et toute sa clique. »

Le Pays au Burkina ne mâche pas non plus ses mots : « Ali Bongo et les siens peuvent certes se satisfaire du menu fretin qui a mordu à leur hameçon, mais ils ne devraient pas pavoiser outre mesure si tant est que leur objectif fût de rassembler toutes les sensibilités que compte l’échiquier politique gabonais. On se doutait bien, poursuit Le Pays, que des prétendus opposants comme Bruno Ben Moubamba ou Estelle Ondo, allaient “se faire ânes pour avoir du foin”, en ralliant le camp du vainqueur ou plutôt du plus fort, mais le challenge pour “Ali Baba et ses 40 voleurs”, était de ratisser encore plus large, notamment dans les rangs des irréductibles comme Jean Ping et ses fidèles lieutenants. »

Trente pour cent de femmes !

Enfin, un peu isolé, le quotidien L’Union à Libreville trouve au moins une grande vertu à ce gouvernement : la forte représentation des femmes… « Les femmes en force ! », s’exclame L’Union. « Entre celles qui font leur entrée, celles qui opèrent leur retour et les autres qui sont maintenues, les femmes – douze au total – représentent 30 % du gouvernement […]. Jamais auparavant, équipe gouvernementale n’avait compté autant d’éléments féminins. »

Commentaire de L’Union : « on a l’habitude de reconnaître que les femmes sont préférables aux hommes dans la gestion de la chose publique. Qu’elles n’ont pas d’états d’âme, qu’elles sont moins enclines à succomber aux tentations de détournements de deniers publics par exemple, que les combines et autres ne correspondent pas à leur tempérament. C’est le moment de le prouver par le travail bien fait et la bonne gouvernance. »

 

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