Bonne nouvelle pour les producteurs de cacao ivoiriens : le prix garanti pour un kilo de fève passe à 1 100 francs CFA, soit 1,70 euro, contre 1 000 francs CFA l'an dernier. C'est la troisième augmentation consécutive et substantielle du prix au producteur, plus 10 % cette année. Le monde du négoce s'attendait à un hausse un peu moins forte, un prix bord champ de 1 050 francs CFA, mais les rumeurs d'instauration d'un prix plus élevé dans le pays voisin, le Ghana, ont poussé les autorités ivoiriennes à faire un effort supplémentaire pour éviter que le cacao ivoirien ne traverse la frontière en contrebande.
Ce prix garanti de 1 100 francs CFA ne peut que réjouir les producteurs. D'autant que la qualité et les volumes devraient être au rendez-vous de la récolte principale pour cette nouvelle campagne 2016-2017. La pluie et le soleil alternent de façon idéale. Une consolation après la piètre récolte secondaire de la campagne précédente 2015-2016, amputée de 12,5 % par la sécheresse, lors du passage d'El Nino, soit 1 565 000 tonnes contre 1 791 000 en 2014-2015.
Une augmentation du prix qui ne résoudra pas tous les problèmes des planteurs
Cette augmentation du prix bord champs vise à enrayer l'abandon progressif de la cacaoculture par les planteurs, mais elle ne résoudra pas tous les problèmes des planteurs : le manque d'appui technique en particulier. La formation se développe mais elle est encore insuffisante, estime un professionnel de la filière, pour permettre de doper la productivité des vergers et permettre à la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial avec près de 40 % de l'offre mondiale, de continuer à satisfaire la demande, en hausse. La peur de la pénurie hante depuis des années l'industrie chocolatière.
Enfin, ce prix bord champs élevé présente un risque pour le système de stabilisation du cacao ivoirien. La Côte d'Ivoire vend en ligne et avec anticipation 80 % de sa récolte, et elle reverse au planteur ivoirien 60 % du prix moyen coût et fret inclus. Le coup de pouce supplémentaire au producteur pourrait entamer la réserve de prudence dans laquelle la stabilisation ivoirienne doit pouvoir puiser en cas de défaut d'un acheteur. Or l'augmentation des prix au producteur fragilise la situation financière des acheteurs ivoiriens de cacao.