La banque postale chinoise est le plus grand établissement financier de Chine et sans doute du monde. Fort d’un maillage particulièrement dense et d’une implantation exceptionnelle, car s’il n’y a pas forcément de banque dans toutes les villes et les villages de Chine, il y a en revanche des postes. Son enseigne verte est omniprésente.
La banque dispose de 40 000 antennes, 70 % d’entre elles se trouvent en zone rurale. Au dernier décompte réalisé en mars dernier, la banque postale chinoise, la PSBC, pouvait se targuer d’avoir pour client le tiers de la population du pays, 505 millions de Chinois y ont un compte. Chiffre d’autant plus impressionnant que la banque n’existe finalement que depuis 10 ans.
Elle a en effet été créée en 2007 au sein de la poste chinoise, puissant conglomérat étatique, pour améliorer les services financiers proposés dans les zones rurales, y compris dans les zones les plus reculées, où elle est bien souvent la seule institution financière. La banque propose des services basiques aux entreprises et aux agriculteurs.
Une introduction en Bourse géante
Il devrait s’agir de la plus importante introduction en Bourse depuis celle du géant chinois du commerce en ligne Ali Baba en 2014 à New York. La banque postale a confirmé au tout début du mois qu’elle avait reçu le feu vert de Pékin pour émettre jusqu’à 50 milliards de yuans d’obligation. Elle devrait lever quelque 7,5 milliards de dollars.
L’objectif, pour la banque postale, avec cette levée de fonds, est de moderniser son modèle économique, de plus en plus concurrencé par la finance en ligne. Mais également de devenir une banque commerciale plus compétitive, en s’appuyant sur son atout maître : son implantation. Sa carte maîtresse s’avère parfois cependant à double tranchant.
Parmi la multitude des antennes que compte la banque postale chinoise, il y en a de nombreuses qui ne sont pas efficaces, leur faible rentabilité plombe l’entreprise, l’empêche d’être aussi compétitive qu’attendu. Son réseau en fait une banque de dépôt solide, sûre, au volume de prêt limité, mais au final aussi une banque assez peu rentable. Selon les analystes, le titre PSBC n’est pas un produit financier que les investisseurs devraient s’arracher.
Une introduction en Bourse pour financer le virage de la banque en ligne ?
Les premiers pas de la banque à la Bourse de Hong Kong, c’est la confirmation de l’essai lancé l’an dernier. En décembre 2015 en effet, la banque postale chinoise a une première fois ouvert son capital. L’institution a cédé 17 % de ses parts à un groupe d’investisseurs privés et prestigieux : le fonds singapourien Temasek, la banque suisse UBS et surtout aux deux géants chinois du Web : Tencent et Alibaba via sa filiale Ant Financial.
Deux mastodontes, qui se trouvent être aussi les deux principales plateformes de paiement électronique du pays. La mue de la Postal Savings Bank of China en une banque de détails commerciale, dynamique, compétitive semble un pari difficile. Les investisseurs pourront en tout cas compter sur un titre peu volatile, et les marchés financiers sur des résultats du plus grand établissement financier de Chine.